Par ailleurs, des facteurs de plus en plus nombreux interviennent pour perturber le cours ancien des cycles reproductifs de l’humanité : facteurs mutagènes (tabac, bruit, etc.), qui influencent les gènes des parents ; facteurs tératogènes (exemple classique de la thalidomide), contrariant le dé-
veloppement du foetus chez la femme enceinte.
Il suffit de ces quelques évocations pour démontrer — sans pour autant
risquer la moindre suggestion de solution — que, sous ce rapport aussi de la pollution du patrimoine génétique de l’humanité, les générations qui viennent auront à affronter de terribles responsabilités.
L’homme moderne et
son environnement-
ressources
Le sol
Le sol est la plus importante des quatre ressources naturelles renouvelables sur lesquelles se fonde l’activité humaine de production. Sa naissance et son entretien sont, d’ailleurs, étroitement liés aux trois autres ressources renouvelables : eau, flore, faune. Ses qualités et son éventuelle vulnérabilité dépendent de trois facteurs principaux : le sous-sol, le climat et le relief (v. fertilité et sol). Il est vital pour l’homme de ne ja-
mais oublier que, si un sol correctement soigné peut rester indéfiniment fertile et même s’améliorer, en revanche, mal traité, il se dégrade et peut, à l’extrême, mourir. Or le globe de 12 700 km de diamètre qui nous emporte à travers le cosmos se distingue d’une planète sans vie comme la Lune par une couche de sol qui n’atteint souvent que quelques dizaines de centimètres d’épaisseur.
Normalement, le sol est protégé
contre ses agents habituels de dégradation — les rayons solaires, les pré-
cipitations atmosphériques, le vent —
par une couverture végétale naturelle.
L’agriculture et l’élevage enlèvent tout ou partie de ce couvert protecteur, ouvrant la voie à l’érosion, verticale ou latérale, en nappe ou de ravinement, hydrologique ou éolienne. Les mor-sures de l’érosion sont d’autant plus nuisibles à la fertilité et durables que sont plus largement dépassés des seuils de « renouvelabilité » fixés par les contingences locales, édaphiques (nature du sol), climatiques (redoutables entre les tropiques) et orographiques (fortes pentes). La surexploitation rurale (jachères trop courtes, monoculture) ou pastorale (surpâturage) sont les facteurs d’érosion les plus fréquents.
Pour des raisons principalement climatiques, le phénomène est donc plus dangereux dans les pays intertropicaux que dans ceux des zones tempérées.
Il semble que l’on puisse y voir une downloadModeText.vue.download 581 sur 591
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7
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des explications du fait que les pays pauvres se localisent sur et entre les tropiques, alors que les pays riches et industrialisés sont pour la plupart si-tués en région tempérée. L’agriculture de l’Europe a connu une évolution relativement lente, étalée sur deux ou trois siècles, qui a évité à ce continent, avec l’aide du climat tempéré, des accidents d’érosion graves, encore qu’il ne faille pas en inférer qu’il y ait complètement échappé. Le bassin méditerranéen, déjà touché dans le passé, reste sérieusement menacé. En France, cinq millions d’hectares pâtissent d’érosion (Jean
Dorst). Aux États-Unis, l’ouverture brusque des grandes plaines centrales à une mise en valeur utilisant déjà une technologie relativement puissante a créé vers les années 1930 une situation très inquiétante (les dust bowls). Mais science, technologie, organisation et large financement (on y a créé dès 1935
le « Soil Conservation Service ») ont permis de redresser la situation.
Dans le tiers monde, l’avenir est, en revanche, franchement inquiétant.
Des auteurs, économistes pour la plupart, rendent à l’humanité le mauvais service de la rassurer en alléguant que la possibilité existe maintenant d’augmenter considérablement la productivité de l’agriculture de ces pays et d’y nourrir des populations plusieurs fois supérieures en nombre à celles d’aujourd’hui. Il est exact, et les « révolutions vertes » de la FAO le confirment, que semblable intensification de l’agriculture intertropicale est techniquement possible. Mais ce qui n’est pas moins vrai, et les faits le prouvent malheureusement presque partout, c’est que les contingences d’ordre politique, social et économique empêchent que ces techniques agricoles améliorées ne pénètrent en milieu paysan, où les structures politiques de beaucoup de pays interdisent les motivations nécessaires à l’adoption de ces nouvelles méthodes.
Une idée devrait être présente dans tous les esprits ; il est typique que les dirigeants des pays pauvres semblent délibérément la méconnaître et ceux des organisations internationales, l’ignorer. C’est que, pour passer d’un milliard à deux milliards de bouches humaines à nourrir, le tiers monde, de 1930 à 1970, a défriché des superficies gigantesques de savanes et de forêts, et épuisé par érosion des centaines de milliers de kilomètres carrés de sols. À
la fin du XXe s., il comptera quatre milliards et demi à cinq milliards d’habitants. Quel aura été le prix payé en ce court laps de temps par les sols de la planète ? Et qu’arrivera-t-il pendant les siècles suivants ?
Les eaux douces
L’économie humaine a besoin d’eau*
pour de nombreux usages : consommation domestique, hygiène des villes et évacuation des déchets, agriculture (irrigation, aspersion) et élevage, industrie, navigation intérieure, loisirs (sports nautiques, pêche), etc. (v. aquatique). Les qualités requises de cette eau varient selon l’usage envisagé. Il est donc assez malaisé de distinguer clairement deux phénomènes régressifs pouvant aboutir au même résultat : d’une part, la raréfaction des ressources disponibles, ou une augmentation des besoins dépassant les disponibilités, et, d’autre part, une pollution de ces eaux les rendant impropres à l’usage que l’on veut en faire.
L’approvisionnement en eau douce
d’un pays est lié à deux facteurs principaux : l’abondance de ses nappes souterraines et la régularité de son réseau hydrologique à l’air libre.
Un premier accident guette ainsi
cette importante ressource naturelle renouvelable : la désorganisation du ré-
gime du bassin versant. Ce phénomène peut devenir grave en liaison avec l’ablation du couvert végétal et l’érosion. L’enlèvement de la couverture assurée par les plantes et l’érosion qui peut en résulter augmentent le ruissellement et diminuent l’infiltration, donc l’alimentation des nappes souterraines.
Les conséquences en sont des crues plus fortes, parfois catastrophiques, en saison pluvieuse, et de plus longues périodes pendant lesquelles les sources tarissent et les cours d’eau sont à sec ou presque à sec. Cette forme d’accident est donc souvent observée dans le tiers monde, où l’eau est pourtant considérée comme le plus précieux des minerais.
En zone industrialisée, le danger
d’une disette de ressources hydriques, outre les pollutions dont il sera question ultérieurement, résulte surtout de l’augmentation rapide des consommations de toutes natures, avec développement des pompages pratiqués,
parfois jusqu’à l’épuisement, dans les nappes souterraines. Tant l’Europe que l’Amérique du Nord connaissent des problèmes de plus en plus aigus d’approvisionnement en eau douce,
auxquels divers types de solution sont appliqués : barrages, réapprovisionne-
ment artificiel des nappes, dessalement de l’eau de mer.
La couverture végétale
Après avoir rappelé le danger grave que l’ablation du couvert végétal naturel représente, surtout en région intertropicale, pour les ressources en eau et en sols fertiles, nous noterons qu’une population a deux raisons de détruire le couvert naturel, qu’il soit forestier, de savane ou même de formations moins riches en espèces ligneuses. La première, c’est la nécessité de défricher des terres à usages agricoles, champs surtout et pâturages. La seconde, c’est la satisfaction de besoins en bois de plus en plus nombreux : bois de chauffage domestique, de construction,