Des épandages d’engrais ou de pesticides — surtout quand les effets de ces derniers sont persistants — ont parfois conduit à des accidents de santé
— éventuellement mortels — chez
l’homme et plus encore parmi la faune sauvage jugée anthropocentriquement utile : Mammifères, Oiseaux, Poissons, Crustacés, Insectes (Abeilles), etc. On se souvient du livre Printemps silencieux, que Rachel Carson a consacré en 1962 à cette incontestable nuisance.
y Ruptures d’équilibres biologiques.
Parmi les interventions de l’homme figure aussi souvent la décision de modifier les écosystèmes de son environnement - cadre de vie, soit en y supprimant une espèce qu’il estime nuisible à ses intérêts, soit en y introduisant une espèce exotique qu’il
juge utile. De telles ruptures d’équilibres biologiques sont toujours dangereuses. On a évoqué ci-dessus les campagnes d’extermination menées
contre des prédateurs comme le Léopard ou les Oiseaux Rapaces. La réussite de ces campagnes a conduit à des proliférations (Cochons sauvages el Babouins dans le cas du Léopard ;
Rongeurs, dans le cas de Rapaces)
qui s’avèrent plus nuisibles qu’auparavant. Quant aux introductions ayant trop bien réussi, on en connaît de nombreux exemples : le Lapin en Australie, la Mangouste dans les Caraïbes, le Rat musqué en Europe, l’Écureuil gris en Angleterre, la Jacinthe d’eau...
Agressions contre l’équilibre
psychologique de l’homme
Parmi les qualités que l’homme de-
mande au cadre dans lequel il vit
et travaille, il en est plusieurs qui concourent au maintien de son équilibre psychique : un minimum de silence, de calme, de régularité de vie, de beauté.
On a déjà noté ci-dessus que l’augmentation du nombre des hommes et
leur concentration dans des mégalopolis peuvent conduire à des phénomènes d’encombrement portant déjà gravement préjudice à l’équilibre psychique des individus.
Mais il faut encore citer une série de facteurs, nés cette fois des activités récentes de l’humanité, qui constituent autant d’agressions nouvelles contre cet équilibre psychique : le bruit, l’agitation, la rupture du rythme de vie, l’enlaidissement du cadre. On peut se demander si ces agressions contre le psychisme ne contribuent pas à expliquer l’augmentation dans certains pays industrialisés de la consommation des stupéfiants.
y Le bruit. Cette nuisance ne cesse d’amplifier ses méfaits en milieu industrialisé. Les usines (chaudronneries par exemple), les bureaux, la rue (compresseurs, avertisseurs, échappe-ments, etc.), le ciel même, surtout à proximité des aérodromes, deviennent le siège d’émissions, diurnes, nocturnes, de bruits dépassant les seuils tolérables, menaçant les tympans,
agissant sur les systèmes nerveux.
y L’agitation. La complexité croissante des fonctions dirigeantes, les modes perfectionnés de communication, l’encombrement des trans-
ports (embarras de trafic, obligation de prendre le repas de midi loin
du domicile et souvent hâtivement) condamnent beaucoup d’habitants
des pays riches à une existence agi-tée, tendue, engendrant un surcroît de fatigue musculaire, sensorielle et nerveuse, multipliant les accidents cardiaques.
y La rupture du rythme nycthéméral.
Les mécanismes complexes du cor-
tex de la glande surrénale règlent le rythme nycthéméral de l’alternance de dépense par le travail et de reconstitution par le sommeil. Diverses si-
tuations nouvelles — changement de fuseaux horaires pour les équipages d’avion et, surtout, travail de nuit dans les usines, les supermarchés, etc. — entraînent des perturbations de ce rythme. Un ouvrier passant d’une équipe de jour à une équipe de nuit met une semaine à s’adapter.
y L’enlaidissement du cadre. Fré-
quemment, des implantations de
complexes industriels, de bâtiments à divers usages, de voies de communication, de lignes de transport de forces s’effectuent au détriment du paysage, par exemple au prix du sacrifice de dernières portions de forêt.
L’urbanisme, l’aménagement du ter-
ritoire ne parviennent pas toujours à éviter ces enlaidissements. Le désir de beaucoup de citadins de quitter le plus souvent possible les villes polluées et bruyantes a conduit les pays à haut niveau de vie vers la formule de la résidence secondaire, ce qui parsème les ultimes paysages ruraux d’une
multitude croissante de petites habitations préfabriquées et inesthétiques.
La beauté devient une denrée rare et précieuse qu’il faut aller chercher de plus en plus loin de son lieu de travail.
La conservation de
l’environnement
Des réflexions qui précèdent, on peut déduire :
— que le phénomène de l’altération de l’environnement est général sur la planète, encore que variant considérablement dans ses manifestations d’une région à l’autre, et surtout du monde industrialisé au monde pauvre ;
— que les transformations vont s’accé-
lérant et s’aggravant, et continueront à le faire si rien ne vient ralentir l’explosion démographique ni discipliner plus sévèrement l’utilisation des progrès technologiques ;
— que, pour combattre l’appauvrissement de l’environnement-ressources, on connaît déjà nombre de méthodes d’utilisation plus rationnelle de ces ressources, surtout en agriculture, mais que ces méthodes sont beaucoup trop peu appliquées dans le tiers monde ;
— que, pour combattre l’altération de l’environnement - cadre de vie, on dispose également déjà de nombreuses techniques de contrôle des nuisances (épurateurs, insonorisants, etc.), mais que, de nouveau, c’est parmi les facteurs politiques qu’il faut chercher la raison pour laquelle il est encore beaucoup trop peu fait appel à ces techniques ;
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7
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— que, très souvent, l’opinion publique et même ses dirigeants sont encore insuffisamment conscients du danger qui les menace et surtout qui menace les générations à venir ;
— que la mise en oeuvre de mesures de conservation de l’environnement est souvent inopérante si elle n’est pas d’application simultanée sur des territoires étendus dont les limites, commandées par la géographie (le
bassin d’un fleuve, une mer, etc.), ignorent les frontières politiques et administratives ;
— que ces mesures imposent souvent des restrictions de droits d’usage et de propriété de la part des citoyens, et d’importants sacrifices financiers tant de la part du secteur privé (industriels pollueurs) que des collectivités publiques, intervenant en tant que pollueurs (égouts) et pollués.
Conclusion
La conservation de l’environnement doit se fonder sur un certain nombre de principes.
y La recherche scientifique doit
rendre possible la prise de mesures efficaces.
Une politique nationale doit se traduire par :
— un cadre législatif approprié et des dispositions réglementaires ;
— un cadre administratif et judiciaire veillant au respect de ces législations
et réglementations ;
— un organe responsable de la mise en oeuvre permanente de cette politique nationale ;
— des moyens budgétaires suffisants.
L’information permanente des ci-
toyens, à l’école, à tous âges, doit amener ceux-ci à :
— connaître le danger qui les menace ;
— exiger des autorités qu’elles
agissent ;
— accepter les limitations de droits (discipline civique) et les dépenses publiques inhérentes à l’action des autorités.
La coopération internationale doit être générale, puisque :
— les nuisances ignorent les frontières politiques ;
— les mesures, souvent coûteuses,
de conservation imposent aux pro-
ducteurs des majorations de prix de revient que ceux-ci ne peuvent supporter si leurs concurrents étrangers y échappent. À cet égard, la conférence internationale de Stockholm (juin