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vitesse identique et d’un mouvement continu. Cependant, ils possèdent une propriété indéterminée, la déclinaison, c’est-à-dire la possibilité de changer la direction de leur chute, ce qui rend compte de la rencontre de certains d’entre eux et explique la formation des composés.

La nature se réduit donc au jeu du nombre infini d’atomes dans l’espace vide à l’infini. Tout ordonné qu’il soit, cet Univers résulte du désordre lié à l’absence de fin dans le monde, à l’absence de lien entre les causes. Le monde s’est formé ainsi « par hasard ».

Semblable assertion doit être replacée dans son contexte polémique : il s’agissait de détruire la théologie astrale des platonico-aristotéliciens et des stoï-

ciens. Les dieux existent, mais comme

« de surcroît » ; ils ne s’occupent ni du monde, ni des hommes, et la crainte religieuse doit être abattue comme honteuse superstition. Notre univers, d’ailleurs, n’est qu’un simple cas particulier de la combinaison des atomes.

Il existe une pluralité de mondes, dont les êtres vivants naissent par génération spontanée.

La morale, ou « la théorie des

plaisirs »

S’il est vrai que l’âme n’est, comme le corps, qu’un composé d’atomes, la terreur des hommes à l’égard de la mort n’est pas moins absurde que la crainte

des dieux. Dans le désarroi qui accompagne la décadence politique de la cité grecque, la tâche des philosophes fut alors de définir le « souverain bien »

et d’élaborer une haute conception du bonheur. Nonobstant l’incompréhension que suscita la doctrine, l’épicurisme n’est rien d’autre qu’une morale rationnelle du plaisir. Ce dernier se produit de lui-même lorsque, par le jeu des organes naturels, l’équilibre physiologique est établi dans un être vivant. Le plaisir est une limite qui ne peut être dépassée sans se transformer immédiatement en douleur. Le plaisir est donc un bien par lui-même, mais un bien fragile, précaire, toujours menacé par une rupture d’harmonie. D’où un véritable calcul des plaisirs et une discipline ascétique que s’impose l’épicurien : se suffire à soi-même, se contenter de peu, se moquer du destin deviennent les préceptes fondamentaux.

Comment, pratiquement, réaliser cet idéal ? En suivant la nature, d’une part, et en opérant un choix raisonné parmi les désirs. On distingue, parmi ceux-ci, les désirs naturels et nécessaires, les naturels et non nécessaires, enfin ceux qui ne sont ni naturels ni nécessaires. Les derniers sont à proscrire, les deuxièmes à éviter, les premiers à satisfaire pleinement et joyeusement : il s’agit des plaisirs corporels élémentaires.

On voit combien le caractère sobre et sévère de la doctrine d’Épicure ne peut être confondu avec la morale

hédoniste, professée par Aristippe de Cyrène, Eudoxe de Cnide et, plus tard, le cynique Hégésias. L’hédonisme ne considère que l’intensité du plaisir et de la douleur et non les différences qualitatives qui peuvent exister entre eux. Épicure ne cherche qu’un plaisir calme et stable, une sérénité d’âme, l’« ataraxie », forme de la sagesse et le plus grand des biens.

Parmi les écoles contemporaines,

c’est avec l’école stoïcienne que la comparaison est le plus féconde.

L’épicurisme n’est pas

l’hédonisme

« Nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse [...] ; le plaisir est notre bien principal et inné, mais nous ne recherchons pas tout plaisir. »

(Lettre à Ménécée.)

« La limite de la grandeur des plaisirs est l’élimination de tout ce qui provoque la douleur. » (Épicure, III.)

« Aucun plaisir n’est en soi un mal, mais certaines choses capables d’engendrer des plaisirs apportent avec elles plus de maux que de plaisirs. » (Épicure, VIII.) Disciples et successeurs

Métrodore, Polyen, Leontion, Colotès, Idoménée et Hermarque, le premier

successeur d’Épicure, méritent d’être cités.

Seul Lucrèce* se fit l’apôtre, auprès des Romains, de la doctrine d’Épicure, en un poème, le De natura rerum.

Lucrèce y poursuit l’entreprise de libération spirituelle amorcée par son maître. Des divergences, toutefois, apparaissent : tandis que la morale d’Épicure peut être décrite comme un réalisme désenchanté mais plutôt optimiste, la vision du monde lucrétienne est fondamentalement pessimiste :

l’Univers et la vie sont dépourvus de sens, au point que la volonté de mettre l’homme en possession du bonheur se heurte au sentiment d’impuissance à réaliser ce dessein.

Influence de la doctrine

Vaincu par saint Augustin*, le pyr-rhonisme et le scepticisme* jusqu’à Montaigne, l’épicurisme renaît dans la première moitié du XVIIe s., en France et en Angleterre. On en trouve des échos chez Gassendi, Hobbes, La Rochefou-cauld, Helvétius, d’Holbach, Bentham, Stuart Mill, Spencer et Darwin.

M. D.

F Matérialisme.

P. Nizan, les Matérialistes de l’Antiquité, Démocrite, Épicure, Lucrèce (Éd. sociales, 1936 ; nouv. éd., Maspéro, 1968). / A. Cresson, Épicure, sa vie, son oeuvre (P. U. F., 1940 ; nouv. éd., 1958). / A. J. Festugière, Épicure et ses dieux

(P. U. F., 1946 ; 2e éd., 1968). / J. Fallot, le Plaisir et la mort dans la philosophie d’Épicure (Julliard, 1951). / J. Brun, l’Épicurisme (P. U. F., coll.

« Que sais-je ? », 1959 ; 5e éd., 1974) ; Épicure et les épicuriens (P. U. F., 1961 ; 2e éd., 1966).

/ P. Boyancé, Lucrèce et l’épicurisme (P. U. F., 1963) ; Épicure (P. U. F., 1969).

épidémie

Apparition simultanée de nombreux

cas d’une même maladie transmissible, ayant au début une tendance extensive dans une zone géographique donnée.

Les épidémies proviennent le plus

souvent de la dissémination brutale d’une maladie, au contact ou à distance d’une région où elle existe habituellement à l’état d’endémie*. Lorsque l’épidémie est grave et s’étend rapidement au monde entier, elle prend le nom de pandémie (grippe).

Les épidémies s’observent au cours de maladies infectieuses, bactériennes ou virales, transmissibles par contact direct ou indirect (variole, typhoïde) ou par l’intermédiaire de vecteurs qui sont le plus souvent des insectes (poux, puces, moustiques).

Les épidémies sont en général sai-

sonnières, et l’on distingue les épi-démies estivo-automnales, avec des maladies à point de départ digestif (typhoïde), dont la fréquence est maximale en ces saisons, et les épidémies hiverno-vernales, avec recrudescence en hiver et au printemps de maladies telles que la grippe, la méningite à mé-

ningocoque dite « cérébro-spinale » et la rougeole.

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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7

4003

La genèse d’une

épidémie

Elle est simple : c’est habituellement le résultat de l’extension d’une maladie endémique (choléra) par contiguïté, de pays en pays, cette diffusion étant favorisée par les transports modernes puisqu’un sujet peut arriver dans un pays encore indemne avant le début de

sa maladie. Les malades sont ainsi responsables de la dissémination, mais les porteurs sains le sont aussi (v. contagion). Dans le choléra, selles et vomissements sont contaminants. Dans la peste au contraire, comme dans le typhus exanthématique, le rôle d’insectes vecteurs est fondamental. L’importance des conditions d’hygiène, du mode de vie apparaît donc très grande dans ces maladies.

La compréhension des mécanismes

épidémiologiques, d’une part, l’emploi des antibiotiques, d’autre part, ont permis de limiter le domaine de certaines maladies bactériennes, qui restent cependant endémiques dans de nombreux pays. Mais l’épidémie de