choléra de 1970-71 a encore démon-
tré les risques d’extension épidémique malgré la sévérité des réglementations internationales.
L’extinction des épidémies, hâtée
par la collaboration internationale, reste pour une grande part spontanée, comme autrefois. Au cours de l’extension épidémique s’installe progressivement une immunisation liée à des formes frustes ; le germe, de plus, perd spontanément sa virulence. L’épidémie s’éteint, mais la maladie persiste dans certains foyers d’endémie ou d’enzoo-tie (peste), d’où partiront de nouvelles épidémies lors de circonstances favorisantes (guerre, cataclysme), telles les épidémies de typhus de la Seconde Guerre mondiale.
La grippe constitue un autre exemple.
Elle donne lieu périodiquement à des pandémies souvent redoutables liées à de nouveaux types de virus (1918-19) apparaissant dans des foyers orientaux. Ces pandémies évoluent encore en trois phases, avec au début des formes frustes, la gravité s’accentuant à l’acmé de l’épidémie pour décroître ensuite jusqu’à l’extinction.
Lutte contre les
épidémies
Les maladies épidémiques sont à
déclaration obligatoire lorsqu’elles imposent des mesures d’hygiène et
de prophylaxie pour la collectivité (typhus, variole, peste, choléra, fièvre
jaune, poliomyélite). Certaines, telle la grippe, sont à déclaration facultative.
La déclaration aux services officiels permet la lutte dans les délais les plus brefs. Pour lutter contre les épidé-
mies, des conférences internationales ont créé des conventions sanitaires.
Ces travaux n’ont débuté qu’après la découverte des agents des épidémies, à la fin du XIXe s., alors que les progrès des transports rendaient les mesures de protection de plus en plus nécessaires.
Ces conventions ont permis de remplacer peu à peu la « quarantaine » par des procédés plus efficaces, ne retentissant pas sur l’économie.
C’est à propos du choléra (1851)
que se réunit à Paris la première confé-
rence internationale. Mais la première convention ne fut signée qu’en 1892
(surveillance du canal du Suez). En 1897, la peste devient la deuxième maladie quarantenaire, après une pandémie de 7 ans. La fièvre jaune (Paris, 1912), la variole, le typhus (1926) furent également déclarés quarantenaires, puis la fièvre récurrente.
Dès 1919, une convention sanitaire aérienne fut proposée. Elle ne fut ratifiée qu’en 1933 après plusieurs épi-démies. La création de l’Organisation mondiale de la santé (O. M. S.) permit d’établir (1951) un règlement sanitaire international. Celui-ci définit les six maladies quarantenaires, les mesures destinées à protéger les États indemnes contre ces maladies. L’O. M. S. centralise les déclarations des États sur les cas « autochtones ». Elle prescrit les mesures prophylactiques et juge de l’évolution de l’épidémie. En 1969
a été opérée une révision de ce règlement, qui a abouti à un nouveau règlement sanitaire international, en vigueur depuis le 1er janvier 1971.
La lutte contre les épidémies, pour l’O. M. S., ne doit pas s’appuyer sur des mesures draconiennes, encourageant la fraude individuelle ou nationale. Mais le risque toujours présent d’importation de maladies épidémiques (choléra, 1970) souligne la nécessité d’une prophylaxie rigoureuse par la vaccination.
Lors d’une épidémie, les règlements sanitaires internationaux doivent être appliqués avec rigueur dans l’intérêt de tous les pays. L’idéal, qui apparaît
mal réalisable, serait la suppression des foyers d’endémie.
P. V.
H. Harant, les Épidémies (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1953 ; 2e éd., 1966). / C. Rouquette et D. Schwartz, Méthodes en épidémiologie (Flammarion, 1970). / M. Jenicek, Introduction à l’épidémiologie (Maloine, 1976).
épigraphie
Science des inscriptions, qui s’applique aux textes gravés sur des matières dures (pierre, marbre, bronze) à des époques anciennes. C’est une science auxiliaire de l’histoire.
Les inscriptions ont joué un rôle
considérable dans les civilisations anciennes. Soit que les supports souples comme le parchemin ou les peaux
brutes aient été coûteux, soit que les textes écrits, peu nombreux, aient été destinés à durer et à demeurer au vu de tous, ou enfin qu’on ait pris véritablement plaisir à écrire sur les murs.
C’est de ce dernier cas que relève l’épigraphie latine, qui est la plus riche de toutes puisque l’on a conservé des centaines de milliers d’inscriptions latines.
Diversité des
inscriptions latines
Tous les pays de civilisation romaine, qui, méditerranéens pour la plupart, relevaient de la civilisation de la pierre plus que de celle du bois, ont laissé des écrits abondants, non seulement sur les murs mais sur les objets. Les monnaies romaines sont enrichies de légendes plus longues que celles des Grecs. La tessère, équivalent de notre ticket, portait des indications chiffrées sur son bronze, son plomb ou sa terre cuite. Les bijoux eux-mêmes étaient bavards : Manios medfhefhaked Numa-sioi (Manius m’a faite pour Numerius), dit ainsi une célèbre fibule, en un latin très archaïque. Dans les villes, certains murs étaient blanchis spécialement pour recevoir les grimoires hâtifs des passants (graffiti), et fournissaient à la fois les petites annonces et un exutoire supplémentaire aux médisants. À Pompéi, à la veille de la catastrophe, les habitants étaient en pleine campagne
électorale, et chacun avait écrit sur sa façade, à la peinture rouge : « Faites comme moi, votez pour X ! » Les illettrés devaient être rares, en dehors de la population servile. Quant aux esclaves peu fidèles, ils étaient reconnaissables à un collier qui les dénonçait comme d’éventuels fuyards et portait l’adresse du propriétaire. Les briques portaient l’estampille du fabricant. Celui-ci pouvait être l’armée, qui faisait ses briques et construisait ses camps permanents, et les références des légions ont pu nous renseigner sur les mouvements des troupes aux confins de l’Empire romain. Les amphores, scellées au plâtre, portaient des indications variées concernant leur propriétaire, leur contenu, leur destination. Les projectiles aussi : à Asculum, lors de la guerre sociale, on se bombarda de balles de frondes en plomb moulé portant parfois des injures à l’adresse des adversaires.
Les notations quotidiennes se fai-
saient sur des tablettes dites « de cire », constituées par des planchettes revêtues d’une fine couche de cire dans laquelle une pointe permettait d’écrire en creux, d’une écriture rapide. On en a retrouvé un certain nombre.
Tout cet ensemble est relative-
ment peu de chose par rapport aux
inscriptions gravées sur pierre, parmi lesquelles les monuments funéraires représentent la majeure partie de la documentation épigraphique. L’épitaphe se composait suivant des schémas
invariables, comprenant souvent la dédicace aux dieux mânes (Dis Manibus) et toujours les noms du défunt, au complet : initiale du prénom, gentilice (nom de famille), cognomen, ou surnom, plus, parfois, un sobriquet supplémentaire. On indiquait l’âge, la profession, les titres du défunt. Beaucoup d’inscriptions nous fournissent ainsi le curriculum vitae de personnages du passé, ce qu’on appelait le cursus ho-norum, carrière des honneurs, au cours de laquelle ils gravissaient les échelons de la hiérarchie des magistratures.
Parfois, l’éloge des vertus du mort s’ensuivait. Plus souvent, l’inscription précise les dimensions de la concession et fulmine contre quiconque empiétera dessus.
Les inscriptions funéraires de l’Antiquité chrétienne se reconnaissent, même en l’absence d’un signe distinctif comme le poisson ou le chrisme, par des formules différentes, qui font allusion à la paix de l’au-delà (in pace, in somno pacis) ou à la vie éternelle (vivas in Deo). La seule manière de dire