Выбрать главу

J. R.

F Caricature / Peinture.

J. Meder, Die Handzeichnung, ihre Technik und Entwicklung (Vienne, 1919 ; 2e éd., 1923).

/ C. De Tolnay, History and Technique of Old Masters Drawings ; a Handbook (New York, 1943). / P. Lavallée, les Techniques du dessin, leur évolution dans les différentes écoles de l’Europe (Éd. d’art et d’histoire, 1949). / H. Hutter, Die Handzeichnung, Entwicklung, Technik, Eigenart (Vienne, 1966 ; trad. fr. le Dessin, ses techniques, son évolution, Hachette, 1969).

/ C. Hayes, Grammar of Drawing for Artists and Designers (Londres, 1969). / G. Linde-mann, Prints and Drawings, a Pictorial History (Londres, 1970). / C. Eisler, Dessins de maîtres du XIVe au XXe siècle (Edita-Vilo, 1975).

Le dessin chez l’enfant

Le dessin est une activité spontanée, privilégiée de l’enfant, qui aime projeter sur la feuille de papier toute une fantasmagorie en noir et en couleur. Les observateurs, depuis la fin du siècle dernier, étudient dessins et peintures en tant qu’expressions privilégiées de la vie enfantine.

LE DESSIN EN TANT QU’EXPRESSION

DU DÉVELOPPEMENT DE

L’INTELLIGENCE

L’organisation du dessin et des données perceptives est fonction des stades du développement intellectuel, comme l’ont montré G. H. Luquet, F. Goodenough (1926), H. Fay, A. Rey (1947) et plus ré-

cemment J. Piaget, H. Wallon, L. Bender, R. Zazzo.

Les premières manifestations gra-

phiques se situent à douze mois : taches puis traits, gribouillages conditionnés par les progrès moteurs de l’enfant. Après une période de « réalisme manqué » (Luquet) ou d’« incapacité synthétique » contemporaine de la troisième année, les caracté-

ristiques cliniques du dessin apparaissent vers trois ou quatre ans sous forme d’un

« réalisme intellectuel ». L’enfant dessine ce qu’il sait de l’objet et non ce qu’il en voit, selon un modèle interne qu’il projette sur la feuille de papier ; les objets sont ainsi figurés transparents (fig. 1 : mobilier d’une maison dessiné sur une façade), les verticales sont rabattues latéralement ; la perspective est méconnue ; les plans ne sont pas coordonnés ; les objets ont la taille de leur intérêt qualitatif aux yeux de l’enfant ; on remarque en outre la juxtaposition sur une même feuille de détails narratifs, l’usage de couleurs variées, riches, sans corrélation avec la réalité (fig. 2). À cette période, deux directions vont s’offrir à l’enfant qui peuvent valoriser soit le dynamisme, le mouvement des objets figurés, soit leur représentation statique ; ces deux styles ne sont pas sans rapprochement, downloadModeText.vue.download 11 sur 591

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7

3424

comme nous le verrons bientôt, avec le style même de la personnalité.

Vers huit ans, parfois avant, apparaît le « réalisme visuel », c’est-à-dire une recherche de conformité à l’apparence nettement influencée par la scolarisation et l’apprentissage technique. Petit à petit, l’écriture et le langage parlé prennent le pas sur le dessin et son originalité s’efface au profit des acquisitions scolaires chez la plupart des enfants.

La constance de la succession de ces

stades a permis d’évaluer le développement de l’intelligence (âge mental) sur le nombre de détails figurés dans un dessin.

Malgré la corrélation statistique avec la cotation de l’intelligence verbale, au niveau individuel l’interprétation d’un échec doit tenir compte en fait de la personnalité de l’enfant tout entière.

LE DESSIN EN TANT QUE PROJECTION

DE L’ÉTAT CORPOREL SUBJECTIF

« Quand l’enfant dessine un personnage, c’est lui-même qu’il dessine tel qu’il se sent » (J. Favez-Boutonier). L’image du corps, dont les composantes sont sensorielles (inscrites dans l’unité structurale du schéma corporel), affectives, socio-culturelles, est figurée selon les deux dimensions de la feuille de papier avec son histoire psychosomatique et son insertion actuelle dans l’environnement.

Les représentations graphiques du

corps sont historiquement assez posté-

rieures à sa symbolisation imaginaire. Elles ne surviennent que vers trois ou quatre ans, après l’acquisition de l’autonomie vé-

gétative et motrice par rapport à la mère : simple rond d’abord, l’image s’entoure des membres, et, en son intérieur, se creusent les orifices réalisant le « bonhomme-tê-

tard » (fig. 3).

Vers quatre ans, un second rond en fait un bonhomme de face (fig. 4), qui ne se latéralisera qu’à cinq ou six ans, pouvant alors se mouvoir et tenir des objets ; vers huit ans, l’enfant peut dessiner le bonhomme de profil. Le moteur de cette évolution est le geste qui construit l’espace autour du corps propre de l’enfant.

Le schéma corporel contribue à élaborer l’image du corps, dont l’expression picturale actualise l’histoire libidinale du sujet.

F. Dolto décrit la double image ressentie : image de base liée au moi dans sa spatia-lisation narcissique et image de fonctionnement représentant les zones érogènes, c’est-à-dire relationnelles ; chaque moment de l’histoire libidinale archaïque dans la diade mère-enfant, puis de l’histoire relationnelle, s’inscrit dans le dessin : chez B. (fillette de sept ans), le corps atteint de maladie rénale à rechutes est objet de pulsions érotiques fortement masochistes ; il est nié dans sa représentation et figuré en utilisant le symbole classique et idéalisé de

la fleur (fig. 5). Ultérieurement, l’évolution de la relation d’objet et des identifications précoces diversifie les représentations des personnages.

LE DESSIN COMME EXPRESSION DU

DÉVELOPPEMENT AFFECTIF

Mieux que dans tout entretien verbal (ou parallèlement à lui), l’enfant exprime dans le dessin ce qu’il ressent et ce qu’il a ressenti dans son histoire.

y Le dessin peut ainsi être l’objet d’une étude clinique comme voie privilégiée de l’inconscient, expression du fantasme au même titre que le rêve, les rêveries diurnes, les symptômes pathologiques, les associations libres. Les thèmes proprement inconscients se révèlent par des rapprochements insolites, des répétitions injustifiées, des anomalies stéréotypées, des libertés à l’égard du principe de non-contradiction. L’analyse du symbolisme du dessin constitue un vaste chapitre de réflexion ; symbolisme universel de l’eau et du feu, de la lumière, de la nuit, de la maison, de l’arbre ; choix de l’animal comme support des projections enfantines se substituant aux personnages.

De la symbolique psychanalytique, on donnera quelques exemples simples : signification phallique des tableaux guerriers (fig. 6), des anomalies des membres (leur aspect, leur taille, leur suppression) ; signification phallique de l’automobile, des avions, des trains (fig. 7 : « père écrasant le fils ») ; le dédale des chemins de l’enfant instable, la voie sans issue du manque ; la décoration intérieure de la maison chez la fillette qui la détaille comme son propre corps ; la mère phallique, redoutable, énorme à côté d’un père en retrait, effacé, petit, retrouvée dans certains « dessins de la famille » ; l’omission de la bouche chez l’enfant anorexique ; l’ajout d’une canne à la représentation d’un père faible. Plus que le rappel de ces significations, que l’on pourrait multiplier à plaisir, l’intérêt est centré sur l’expression symbolique des conflits de chaque enfant dans son histoire entre le père et la mère, dans sa fratrie, dans son entourage.

On retrouve ici les règles de condensation et de déplacement propres au processus du rêve ; en fait, plus que du rêve lui-même, le dessin est proche du récit

que le rêveur en fait, et l’interprétation tient compte de la dynamique même de l’opposition entre d’une part le fantasme inconscient et la fantasmatisation secondaire, d’autre part les remaniements visant à rendre le dessin cohérent et logique, remaniements proches des mécanismes de défense du moi, visant à n’actualiser devant l’autre que l’acceptable.