La structure du dessin serait ainsi proche de la structure psychologique de celui qui dessine ; cet aspect a frappé divers auteurs qui se proposaient d’étudier le dessin comme expression du « caractère » de l’enfant. F. Minkowska a opposé ainsi deux « visions du monde » avec des analogies entre le test de Rorschach et la peinture : type sensoriel comme la peinture de Van Gogh, type rationnel comme celle de Seurat.
Cette description amène à appliquer au dessin certains schémas plus vastes de M. Klein sur le jeu enfantin, « dont le but serait de transformer l’angoisse de l’enfant normal en plaisir ». Selon les deux dimensions du papier se fait ainsi la représentation de la lutte des bons et des mauvais objets internalisés, constamment projetés ; il faut insister sur cette fonction même du dessin en tant qu’abréaction des conflits, saisie active d’une situation subie passive-ment, extériorisation d’un vécu angoissé.
Exemple clinique : l’enfant malade physiquement pratique volontiers le « jeu du médecin » et se dessine souvent en médecin orné de ses appendices thérapeutiques. Il utilise ainsi l’identification à l’agresseur comme mécanisme de défense du moi. Ailleurs, ce sont les situations traumatisantes qui sont figurées à répétition (accident, sanctions), montrant le rôle de protection du moi que joue le dessin contre l’anxiété provoquée par certaines tensions pulsionnelles. Ces répétitions ne vont pas sans laisser paraître un certain plaisir de figuration ; à ce titre, le dessin nous apparaît nécessaire à l’hygiène mentale de l’enfant.
On peut dire que le fait de dessiner est une arme défensive dans l’évolution de ses conflits ; à l’inverse, une inhibition du dessin est un signe pathologique intéressant avant que survienne, à l’âge scolaire, le désinvestissement progressif de cette activité spontanée.
y Expression privilégiée du fantasme, le dessin s’adresse à l’autre. Il est communication entre enfants, entre l’enfant et l’adulte, entre l’enfant et le thérapeute ; il est montré ; il appelle réponse et dialogue ; il est échange ; le dessin est structuré en tant que discours hic et nunc ; l’espace y remplace le temps (caractéristiques du trait, insertion du dessin dans la feuille de papier, sa place, son organisation, son dé-
roulement temporel), la couleur remplace le ton de la parole (agressivité du rouge, tristesse des teintes sombres, angoisse du noir, etc.).
downloadModeText.vue.download 12 sur 591
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 7
3425
Le dessin est récit d’une histoire, et ses éléments doivent être interprétés les uns par rapport aux autres le long du mouvement temporel de l’enfant dessinant ; le déroulement de cette situation est un récit animé dont le dessin lui-même est le souvenir. L’oeuvre est ainsi faite avec, devant et pour quelqu’un. Dans la situation psychothérapique, le dialogue se fait volontiers autour du dessin, qui s’inscrit dans l’évolution relationnelle, c’est-à-dire dans la dynamique du transfert ; il pourra être compris, interprété par rapport à la fantasmatisation figurée de l’enfant au sein même de cette situation privilégiée.
Discours spontané dans lequel sont représentés le vécu et l’objet du désir, le dessin de l’enfant constitue le matériel fondamental de la psychothérapie ; l’enfant y revit ses conflits et se prête au dialogue avec le psychanalyste ; l’interprétation révèle l’inconscient et place au niveau des mots le figuré du dessin, facilitant la souplesse fondamentale pour le devenir de l’enfant, de ses expressions représentatives et linguistiques.
P. G.
F Affectivité / Corps (image du) / Enfance / Intelligence / Klein (M.) / Psychanalyse.
J. Favez-Boutonier, les Dessins des enfants (Éd. du Scarabée, 1953 ; nouv. éd., 1959). /
R. Stora, numéro spécial du Bulletin de psychologie (nov. 1963). / P. Gutton, le Rôle du dessin dans l’appréciation clinique du développement
psychomoteur de l’enfant (Sodipa édit., 1965).
/ D. Widlöcher, l’Interprétation des dessins d’enfants (Dessart, Bruxelles, 1965). / M. C. De-bienne, le Dessin chez l’enfant (P. U. F., 1968).
/ R. Aubin, le Dessin de l’enfant inadapté (Privat, Toulouse, 1970). / F. de Méredieu, le Dessin d’enfant (Éd. universitaires, 1974). / R. Davido, le Langage du dessin d’enfant (Presses de la Renaissance, 1976).
désulfuration
Traitement permettant de diminuer la teneur en soufre, ou en composés sulfurés, d’un produit industriel.
Introduction
On désulfure les produits pétroliers, mais on peut également désulfurer les fumées des chaudières et des fours.
Lorsqu’on désulfure un gaz, on utilise une aminé organique qui retient l’hydrogène sulfuré et permet la récupération du soufre.
La désulfuration des essences, gaz liquéfiés, kérosènes, gas-oils, fuels domestiques et autres produits pétroliers est une opération de raffinage essentielle pour éliminer l’hydrogène sulfuré H2S et les mercaptans ou autres dérivés sulfurés, corrosifs et malodo-rants. Elle permet d’obtenir une réduction correspondante de l’anhydride sulfureux SO2 émis lors de la combustion et dont la mise à l’air libre est de plus en plus sévèrement limitée par la législation. Dans le cas des carburants, la désulfuration améliore généralement l’odeur du produit ainsi que sa couleur, le rend pratiquement non corrosif et facilite l’action des additifs antidé-
tonants, comme le plomb tétraéthyle, dont l’efficacité pour augmenter l’indice d’octane de l’essence est moins bonne en présence de soufre, même en traces.
La désulfuration a été fondée longtemps sur le raffinage à l’acide sulfurique concentré, qui attaque et fixe sous forme de goudrons les molécules contenant du soufre. Cette technique est aujourd’hui abandonnée au profit de procédés d’adoucissement et d’hydrogénation.
Adoucissement
des essences
De nombreux procédés sont utilisés pour éliminer l’hydrogène sulfuré H2S
et les mercaptans légers des carburants, lesquels sont qualifiés d’adoucis lorsque leur teneur en soufre ne dépasse plus 0,1 p. 100. Le procédé le plus répandu consiste d’abord à laver à la soude caustique NaOH les essences et le butane. L’extraction des mercaptans plus ou moins lourds est ensuite obtenue en utilisant des agents solubi-lisants ou catalytiques. Il est également possible de convertir les mercaptans en disulfures, produits neutres et non corrosifs, à l’aide de réactifs comme le plombite de soude, l’hypochlorite de soude, le chlorure de cuivre, etc.
Hydrogénation des
essences
La technique moderne du raffinage est fondée sur la désulfuration à l’hydrogène depuis que ce dernier est devenu disponible à partir des unités de reformage catalytique. Les traitements à l’hydrogène, qui s’appliquent à la quasi-totalité des produits pétroliers, transforment le soufre en hydrogène sulfuré H2S par un ensemble de réactions s’opérant en présence de catalyseurs à des températures situées entre 300 et 410 °C et à des pressions comprises entre 30 et 70 bars. Les produits légers et moins sulfureux jusqu’au kérosène nécessitent des températures plus modérées que les produits lourds comme le gasoil. Le traitement de ces derniers exige d’ailleurs un recyclage de l’hydrogène pour une bonne préservation des catalyseurs. La consommation d’hydrogène dépend de la teneur en soufre initiale et finale du produit à désulfurer : il faut en général trois moles d’hydrogène par atome de
soufre, c’est-à-dire 21 m3 d’hydrogène par quantité de 1 p. 100 de soufre à éliminer dans chaque tonne. Il existe d’ailleurs un procédé (autofining) permettant une désulfuration peu poussée sans source extérieure d’hydrogène.