phase importante de l’évolution qui ne s’amorça, vraiment, qu’au XIXe s. avec l’application des sciences expérimentales au domaine domestique. La cuisine au gaz, apparue à la fin du XIXe s., suscita l’admiration des contemporains : « avec un appareil grand comme une toilette d’acajou ou de palis-sandre, explique Roger de Beauvoir (1809-1866), gastronome, on aura de quoi satisfaire à toutes les exigences des quatre repas si, comme nos bons aïeux, on s’en permet quatre encore ».
Les premiers modèles de fourneaux électriques, fabriqués dans un dessein expérimental, voient le jour en 1890, et, déjà en 1915, on connaîtra la régulation thermostatique. L’idée d’une cuisine mécanisée à grande échelle fait son chemin aux États-Unis dès les an-nées 30 : de grandes firmes telles que la General Electric et Westinghouse Elec-
tric créent des « instituts de cuisine » à seule fin de répandre les principes de la cuisine électrique. Le problème de la conservation des aliments fut très tôt résolu par l’utilisation de la glace naturelle. Exportée de Norvège vers nos contrées au XVIIIe s., celle-ci fut envoyée vers les pays chauds dans des bateaux à triples parois dès 1805. Les besoins de la Grande-Bretagne en
viande et la surproduction de bétail en Australie stimulèrent les recherches de la technique en vue de la conservation par le froid. Le premier réfrigérateur à gaz ammoniac, dû à Ferdinand Carré (1824-1900), apparaît en 1863, et, désormais, le transport de la viande pourra se faire dans des bateaux équipés de « machines à froid » ; il faudra, cependant, attendre l’Exposition des arts ménagers de 1925 pour que soient proposés au public les premiers réfrigérateurs à usage domestique.
Au cuvier du Moyen Âge succéda
au XIXe s. la lessiveuse à vapeur, encore présente à nos mémoires, mais cette époque vit aussi la réalisation des premières machines à laver mécaniques, où de lourdes pales de bois remuaient le linge : l’une d’elles fonctionnait en 1830 dans une blanchisserie anglaise.
Vers 1840, on conçut en France une machine de type industriel à double enveloppe, quatre compartiments, avec robinet de vidange et dont le système était entraîné à l’aide d’une manivelle ; enfin, en 1863, une machine à travail continu était adoptée à la Blanchisserie de Courcelles. C’est seulement à la veille de la Seconde Guerre mondiale que commença, aux États-Unis, la
fabrication en série de machines électriques à cuve verticale avec turbola-veurs incorporés ou avec un axe vertical muni de pales, et c’est de 1960 que datent les machines à tambour de bois horizontal. L’apparition des lessives synthétiques et peu après celle des détergents furent pour beaucoup dans l’extension des machines à laver domestiques. C’est la découverte d’un dé-
tergent approprié, le Calgon, en 1932, qui facilita le développement récent du lave-vaisselle actuel. Pourtant, l’idée même du lave-vaisselle appartient, elle aussi, à l’ère du machinisme : le premier modèle, inspiré du même principe
que celui de la machine à laver le linge, c’est-à-dire à palettes ou à propulseur entraîné par une manivelle, fut mis au point aux États-Unis entre 1850 et 1865. Le lave-vaisselle à moteur électrique date de 1912, et les années 20
coïncident avec le début d’une fabrication en petites séries aux États-Unis. Le lave-vaisselle automatique, né en 1940
dans ce même pays, ne sera exporté en Europe que vingt ans après, mais il ne fut vraiment lancé en France qu’à partir de 1969.
À la machine à repasser de type industriel, en activité à la fin du XIXe s., fit suite, vers 1925, un modèle élaboré à l’intention des particuliers. En 1971, celui-ci n’est pas encore, à proprement parler, entré dans nos moeurs. Notre aspirateur moderne est issu du « vacuum cleaner », mis au point en 1901 par un Anglais, H. C. Booth ; il se présentait alors sous la forme d’un énorme appareil sur roues, très peu maniable ; devenu portatif en 1925, il ne s’allégea, de façon notable, qu’en 1960, grâce à l’utilisation du matériau plastique.
Au total, l’équipement ménager
contemporain est issu, en général, de prototypes créés à l’intention de l’industrie et qui, au gré de l’évolution technique, ont été modifiés pour ré-
pondre, avec le maximum d’efficacité, aux besoins domestiques.
Principaux appareils
ménagers
Appareils frigorifiques
Ce sont les appareils destinés à la conservation des aliments par le froid produit dans une enceinte calorifugée, ou cuve, par l’évaporation d’un liquide.
y Le conservateur. Il est destiné à conserver les denrées préalablement congelées à une température infé-
rieure ou égale à – 18 °C par une température extérieure de + 32 °C.
y Le congélateur. Il sert à congeler rapidement des denrées fraîches, en transformant en glace l’eau contenue dans leurs tissus, à une température allant de – 23 à – 35 °C par une température extérieure de + 32 °C. Il peut
se présenter sous la forme d’un coffre à parois intérieures réfrigérées ou à air froid puisé propagé dans tout le meuble par un ventilateur. Il existe également des congélateurs du type armoire, dont les clayettes sont des plateaux refroidis. Ces congélateurs ont une capacité qui varie de 120 à 850 litres ; les plus petits, qui peuvent se placer sur un réfrigérateur, vont de 50 à 70 litres.
y Le réfrigérateur. Il permet de
conserver les denrées fraîches pour une durée limitée à une température voisine de 0 °C à + 5 °C. Selon le mode d’utilisation du fluide frigori-gène (ammoniac, Fréon, etc.), on distingue le réfrigérateur à absorption, qui comporte un ensemble de tubes où circulent de l’eau, de l’ammoniac et de l’hydrogène, et le réfrigérateur à compression, avec un compresseur à moteur électrique, un condenseur situé au dos de l’appareil ou en dessous, un ou deux évaporateurs à l’intérieur de la carrosserie ; le circuit contient du Fréon et de l’huile de graissage.
L’isolation thermique est assurée le plus souvent par de la mousse de polyuréthanne, qui a remplacé la fibre de verre. La cuve peut être en tôle émaillée, en aluminium traité ou en plastique (ABS) ; elle est équipée de clayettes mobiles et de divers casiers (bac à légumes, bac à glace, tiroir à viande ou à poisson, etc.). Le dégivrage peut être entièrement automatique grâce à un système d’horlogerie provoquant l’arrêt de l’appareil toutes les vingt-quatre heures pendant environ une heure ; l’eau obtenue est éva-cuée à l’extérieur dans un saturateur, d’où elle s’évapore.
y Le réfrigérateur-congélateur.
C’est un réfrigérateur à compartiment de congélation et possédant soit un seul système frigorifique avec deux ventilateurs pour envoyer l’air froid dans les deux compartiments, soit deux systèmes frigorifiques complè-
tement séparés. Certains modèles de downloadModeText.vue.download 27 sur 567
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
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luxe ont un distributeur automatique de glaçons.
Appareils de cuisson
Ces appareils, en tôle émaillée, en acier inoxydable ou même encore en fonte, sont calorifuges avec de la laine de verre ou de l’amiante, leurs foyers sont alimentés par des sources d’énergie diverses.
y La cuisinière à charbon. L’an-
cienne cuisinière de fonte noire a cédé la place à une cuisinière émaillée blanche, à feu continu, à foyer profond, évitant ainsi de trop nombreux chargements ; elle comporte parfois un élément creux (bouilleur), où de l’eau peut être chauffée directement.
y La cuisinière à mazout. Le réservoir à mazout de ce type de cuisinière peut être alimenté soit par remplissage en façade, soit par raccordement à une cuve de chauffage central.
y La cuisinière à gaz. L’arrivée du gaz se fait au niveau des brûleurs (à flamme directe ou sous plaque chauffante) et au niveau du four. Celui-ci peut être soit à chauffage indirect, si les gaz brûlés circulent autour de l’enceinte de cuisson, soit à circulation, si les gaz brûlent dans l’enceinte de cuisson avant d’en être évacués. Il existe pour le four et les brûleurs une régulation thermostatique, qui s’effectue par l’intermédiaire d’un clapet sur le débit du gaz, et une régulation du temps de cuisson par une minuterie coupant l’arrivée du gaz. Enfin, la cuisinière à gaz peut être dotée d’un dispositif central d’allumage automatique (veilleuse permanente, allumage électrique ou électronique).