omnia par Episcopius (Nicolas Bishoff) et Jean Froben. En Angleterre, dans les Pays-Bas, en Allemagne, en Pologne, en Hongrie, au Portugal, en Espagne, les écrits d’Érasme ont marqué les meilleurs esprits de l’époque, y compris les chefs de file de tous les
« partis » religieux. Certes, les fruits du mouvement n’ont pas tenu les promesses des fleurs écloses dans les an-nées 1516-1521, mais il serait injuste de conclure, comme on l’a fait, à un bilan d’ensemble décevant, qui ne se comprendrait, à la rigueur, que pour la France. L’influence rayonnante du Hollandais semble bien s’y arrêter en effet en 1534, avec la sinistre affaire des Placards, même si du Bellay puise dans les Adages pour décorer certains sonnets des Regrets, même si Montaigne, à travers les OEuvres morales
de Plutarque, retrouve, sans toujours le reconnaître, le sillage interrompu de la pensée d’Érasme.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
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De nos jours, où l’on met volon-
tiers en relief ce qu’Érasme doit aux humanistes qui l’ont précédé, ses idées pédagogiques, littéraires, sociales, politiques, religieuses, économiques même, gardent de leur valeur. Si ses travaux philologiques, remarquables pour son temps, se trouvent maintenant dépassés, si l’on peut regretter que son humanisme, plus inspiré qu’incarné, privilégie trop constamment dans
l’homme le monde spirituel et ne fasse pas sa place à une légitime volonté de bonheur au ras du sol, notre époque reste particulièrement sensible à son amour de la paix, à son sens de la modération, à sa confiance dans l’Esprit. L’Europe qui se cherche ne peut oublier qu’Érasme voulut, voici plus de cinq cents ans déjà, faire revivre la République chrétienne des peuples européens dans une unité culturelle et religieuse, héritière de la civilisation méditerranéenne. Au temps du concile et des synodes, l’Église, confrontée à une grave crise de pensée et de théologie, médite l’exemple de celui qui eut à coeur, dans des circonstances analogues, de maintenir son unité contre toutes les bourrasques. Grâce aux traductions qui se multiplient en langues modernes, à l’édition critique inté-
grale préparée par l’Académie royale des sciences des Pays-Bas, l’oeuvre, à la fois sérieuse et pleine de verve, du prince des humanistes retrouve une incontestable actualité. Nomen Erasmi numquam peribit !
R. A.
F Humanisme / Luther.
RÉPERTOIRES BIBLIOGRAPHIQUES. F. Vander Haegen, Bibliotheca Erasmiana (C. Vyt, Gand, 1893). / J.-C. Margolin, Douze Années de bibliographie érasmienne, 1950-1961
(Vrin, 1963) ; Quatorze Années de bibliographie érasmienne, 1936-1949 (Vrin, 1969).
CORRESPONDANCE. Opus epistolarum
Desiderii Erasmi Roterodami (Oxford, éd.
P. S. Allen, 1906-1958 ; 12 vol.). / La Correspondance d’Érasme et de Guillaume Budé, trad. par M. M. de La Garanderie (Vrin, 1967).
/ Érasme, Correspondance, t. I : 1484-1514, trad. par M. Delcourt (Gallimard, 1968).
P. Imbart de la Tour, les Origines de la Réforme, t. III, l’Évangélisme (1527-1538) [Paris, 1914].
/ A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guerres d’Italie (1494-1517) [Paris, 1916]. / P. Mestwerdt, Die Anfänge des Erasmus. Humanismus und Devotio moderna (Leipzig, 1917). / P. Smith, Erasmus. A Study of his Life, ideals and place in History (New York et Londres, 1923 ; rééd. 1962).
/ J.-B. Pineau, Érasme, sa pensée religieuse (P. U. F., 1923). / J. Huizinga, Erasmus (Haarlem, 1924 : 5e éd., 1958 ; trad. fr. Érasme, Gallimard, 1955). / A. Hyma, The Youth of Erasmus (Ann Arbor, Michigan, 1930). / M. Bataillon, Érasme et l’Espagne (Droz, Genève, 1937). /
M. Mann Phillips, Erasmus and the Northern Renaissance (Londres, 1949). / P. Mesnard, L’Essor de la philosophie politique au XVIe siècle (Vrin, 1952 ; 3e éd., 1969) ; Érasme ou le Christianisme critique (Seghers, 1969). / L. Bouyer, Autour d’Érasme (Éd. du Cerf, 1955). / A. Renaudet, Érasme et l’Italie (Droz, Genève, 1955). /
E. V. Telle, Érasme de Rotterdam et le septième sacrement (Droz, Genève, 1955). / R. Padberg, Erasmus als Katechet (Fribourg-en-Brisgau, 1956). / A. Gerlo, Érasme et ses portraitistes, Metsijs, Dürer, Holbein (Cercle d’art, Bruxelles, 1961 ; nouv. éd. De Graaf, Nieuwkoop, 1969).
/ J.-C. Margolin, Érasme par lui-même (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1965). / E. W. Kohls, Die Theologie des Erasmus (Bâle, 1966 ; 2 vol.).
/ R. H. Bainton, Erasmus of Christendom (New York, 1969). / C. Béné, Érasme et saint Augustin (Droz, Genève, 1969). / J. P. Massaut, « Humanisme et spiritualité chez Érasme », dans Dictionnaire de spiritualité, t. VII (Letouzey et Ané, 1969). / L. F. Halkin, Érasme et l’humanisme chrétien (Éd. universitaires, 1970). / N. Pere-mans, Érasme et Bucer, 1523-1536, d’après leur correspondance (les Belles Lettres, 1971).
erbium
F TERRES RARES.
Erevan
En russe, IEREVAN, v. de l’U. R. S. S., capit. de la République socialiste so-viétique d’Arménie.
Erevan enregistre un des taux de
croissance urbaine les plus élevés de
toute l’U. R. S. S. De 12 000 habitants en 1831, sa population est passée à 30 000 avant la Première Guerre mondiale, mais a enregistré un bond considérable pendant la période soviétique : 204 000 en 1940, plus d’un demi-million en 1959 et plus de 900 000 en 1975. Elle rassemble plus de la moitié de la population urbaine de la République, le tiers de la population globale, éclipsant les autres villes. Les raisons de cette prodigieuse croissance sont dues aux avantages de la position et du site ainsi qu’au développement du secteur industriel dans une économie traditionnellement rurale.
Le noyau historique d’une première cité, fondée au VIIe s., subsiste au-dessus du cañon creusé par l’émissaire du lac Sevan, le Razdan, en une belle situation de contact entre les hauts plateaux volcaniques et le fond du bassin du fleuve Araxe, entre le haut pays pastoral et les périmètres de cultures irriguées (légumes, coton et plantes oléagineuses). Le climat y est très sain ; les moyennes mensuelles se situent entre – 4 °C (janv.) et + 24 °C (juill.), les températures extrêmes passant de
– 31 °C à + 42 °C ; les précipitations annuelles ne dépassent guère 320 mm.
La ville moderne s’est étalée sur les terrasses de la rive gauche, le long des affluents du Razdan, au milieu d’un beau paysage de forêts et de vergers ; elle n’a passé la rive droite que depuis 1940. L’ensemble de l’agglomération s’étage entre 900 et 1 300 m d’altitude sur une superficie de plus de 160 km 2
et se compose, en dehors du centre administratif et commercial, semblable à celui de toutes les villes soviétiques (la place Lénine), de secteurs industriels et de vastes cités résidentielles autonomes, pourvues de tous les équipements. La plupart des maisons sont construites en tuf rose.
Erevan traite les produits du terroir arménien et reste fidèle à la filature et au tissage du coton et de la soie, à la fabrication de tapis de laine, à la transformation des produits alimentaires : elle concentre de gros combinats de conserves et de vinification, dont les produits, en majeure partie exportés en Russie, sont fort appréciés. La tannerie, la maroquinerie, la poterie
demeurent également sous la forme de coopératives d’artisanat.
La grande industrie s’est dévelop-pée au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’Arménie ayant bénéficié de transferts et surtout de l’arrivée du gazoduc en provenance des gisements de Bakou, qui alimente les industries en gaz naturel. 60 p. 100 de la main-d’oeuvre sont occupés en parts à peu près égales dans trois secteurs. La mé-
tallurgie fournit des machines-outils, des instruments de précision (en particulier de l’horlogerie et des appareils de mesure), de l’équipement électrique (transformateurs et générateurs [entreprises « Lénine » et « Dzerjinsk »]) ; un combinat fabrique des pièces et des carrosseries pour véhicules automobiles. « Aliouminstro » traite l’alumine obtenue à partir des bauxites de l’Oural. Enfin, la plus grosse usine de toute la République, « Kirov », livre du caoutchouc synthétique, notamment des chambres à air et des pneus, assurant plus de 4 p. 100 de toute la production soviétique. Ces grosses entreprises emploient chacune 10 000 salariés.