Выбрать главу

Plus de deux cents autres travaillent en sous-traitance ou en complément.

Le secteur tertiaire s’est considérablement développé avec la fondation d’une université et d’un grand nombre d’instituts technologiques et de recherche qui retiennent sur place la jeunesse arménienne. Parmi les grandes villes soviétiques, Erevan, bien desservie par les liaisons aériennes, est une de celles que les touristes sont admis à visiter ainsi que ses environs.

A. B.

F Arménie.

ergonomie

Étude multidisciplinaire du travail humain qui tente d’en découvrir les lois pour en mieux formuler les règles.

L’ergonomie (du mot anglais ergo-

nomics, néologisme forgé en 1949 à partir du grec ergon, travail, et nomos, loi, règle) est donc connaissance et action ; la connaissance est scientifique et s’efforce de déboucher sur des

modèles explicatifs généraux ; l’action vise à mieux adapter le travail aux travailleurs.

L’ergonomie est dite « de cor-

rection » s’il s’agit d’aménager une situation de travail existante ou « de conception » s’il s’agit d’un projet ; l’« ergonomie du produit » se dit (improprement d’ailleurs) d’études de conception portant non sur le travail de fabrication lui-même, mais sur l’objet fabriqué, que l’on tente de mieux adapter aux futurs utilisateurs pour le mieux vendre (label ergonomique).

Historique

Les premières études multidisciplinaires, qui préfaçaient en quelque sorte l’ergonomie, sont nées de la guerre : enquête britannique sur les ouvriers de l’armement (1915) ; conception des appareillages militaires complexes (poste de pilotage, char, sous-marin)

[1939-1945]. On passe ensuite à la conception du matériel industriel ; d’où une ergonomie multidisciplinaire de bureau d’étude aménageant des grues, des ponts roulants, etc. Puis l’ergonomie (ergonomie des systèmes) s’étend aux problèmes collectifs d’organisation, de communication, de sécurité, etc. Le nombre des ergonomes se

multiplie. Des sociétés d’ergonomie se créent d’abord en Grande-Bretagne (1949), puis aux États-Unis, en République fédérale d’Allemagne, en Scandinavie, en France (la Société d’ergonomie de langue française compte

300 membres), aux Pays-Bas, en Italie, au Japon, dans l’Europe de l’Est ; elles downloadModeText.vue.download 33 sur 567

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8

4036

collaborent au sein d’une Société internationale d’ergonomie.

La méthode

multidisciplinaire

L’ergonomie regroupe dans une même approche des méthodes empruntées

aux sciences de la matière (technolo-

gie), aux sciences biologiques (physiologie) et aux sciences humaines (psychologie, sociologie).

Cette exigence découle d’une cer-

taine représentation théorique du travail humain, qui fait de celui-ci un système, c’est-à-dire « un complexe d’éléments en interaction » (Ludwig Von Bertalanffy).

Le travail individuel réalise un système cybernétique

(action rétroaction)

autorégulé ; cela vaut aussi bien pour le jeu de l’opérateur manuel et de ses outils sur le matériau que pour les interactions qui se nouent entre l’ouvrier et sa machine (A. Ombredane et J. M. Faverge, 1955 ; G. Simondon, 1958). L’étude du travail individuel oblige donc déjà à associer la physiologie et la psychologie pour respecter l’unité psychosomatique du travailleur, et à y adjoindre la technologie, puisque l’homme et la machine constituent un même système indissociable.

Le travail industriel est un travail collectif, socialisé, qui met en oeuvre un emboîtement de systèmes étages selon le modèle général de la théorie des systèmes. Le poste de travail individuel, c’est-à-dire le système homme-machine au singulier, est le sous-système de systèmes hommes-machines

au pluriel (l’atelier, l’entreprise), qui sont eux-mêmes des sous-systèmes de la société globale environnante ; aussi convient-il de compléter les analyses horizontales par des analyses verticales faisant apparaître les interactions et les liens de dépendance hiérarchique reliant les différents niveaux. D’où l’obligation d’étendre l’approche aux dimensions de la psychosociologie et de la sociologie.

En pratique, l’ergonomie est le fait d’une équipe de spécialistes associant, selon les besoins, ingénieurs, architectes, physiologistes du travail, psychologues expérimentaux, psychologues industriels, sociologues, économistes, etc.

Les études sont menées « sur le terrain » par observation du travail (assor-

tie, si besoin est, de mesures physiologiques ou psychologiques), entretiens avec le personnel, éventuellement ex-périmentation in situ ; des engagements déontologiques précis (restitution de l’information aux personnes et aux groupes ayant collaboré à l’enquête) sont indispensables pour que les observateurs puissent accéder à la connaissance du travail réel (qui n’est pas le travail formel, officiel).

Formes de l’ergonomie

L’évolution des techniques de production modifie les caractères du travail et, partant, de l’ergonomie. On peut, de ce point de vue, distinguer trois formes d’ergonomie.

L’ergonomie des travaux manuels

ou des travaux faiblement

mécanisés

Le problème est celui des travaux lourds (industriels, agricoles, forestiers). Des indices physiologiques pré-

cis permettent de mesurer la fréquence cardiaque, la dépense énergétique évaluée à partir de la consommation d’oxygène, les efforts musculaires statiques (électromyographie), certains effets d’ambiance (chaleur). On peut ainsi élire les modes opératoires les moins coûteux, choisir (ou inventer) les outils les plus appropriés, intercaler les pauses nécessaires, etc. Le problème n’est, cependant, pas seulement physiologique : par exemple, le niveau maximal d’effort accepté par les travailleurs dans un contexte technique déterminé résulte non d’une limitation organique, mais de l’intériorisation d’une norme socio-culturelle. Au plan des relations industrielles, ce stade se caractériserait par un certain équilibre de pouvoir entre le groupe de direction, qui crée le dispositif technique de production, et le groupe d’exécution ; une procédure de « coopération antagoniste » permet aux deux groupes d’harmoniser tant bien que mal situation technique et comportement opératoire.

L’ergonomie du travail mécanisé

La mécanisation a pour effet général de transformer la tâche, qui, de musculaire, devient perceptive, information-

nelle ; dans l’équipe ergonomique, le psychologue prend le pas sur le physiologiste ; il étudie la prise de l’information (modalités de l’exploration perceptive, vigilance, etc.), son traitement (auquel J. M. Faverge [1958] applique la théorie de l’information), enfin les réponses de l’opérateur (dispositifs de commandes).

Mais, d’autre part, une mécanisation excessive dénature le travail humain en supprimant son caractère autorégulé ; dans les chaînes de montage, l’ouvrier spécialisé doit obéir aux ordres et au rythme de la mécanique. D’où une

insatisfaction ouvrière qui peut se manifester par des conduites d’opposition déclarée ou larvée. D’où aussi les correctifs organisationnels récemment proposés pour les prévenir, qui visent à varier et à enrichir les tâches mécanisées (F. Herzberg, 1959), à en élargir les limites (L. Davis, 1966), voire à équilibrer l’autorité technique par le pouvoir reconnu aux travailleurs (théorie des systèmes socio-techniques, Institut Tavistock, Londres).