L’ergonomie du travail
automatisé
Ici, tout le programmable (dont le travail en chaîne antérieur) est — ou sera
— confié aux automates ; l’ouvrier spécialisé disparaît, et le travailleur (opérateur en salle de contrôle, réparateur, ouvrier d’entretien) redevient un professionnel qualifié. L’ergonomie demeure d’ordre informationnel, l’étude psychologique et psychophy-siologique (électro-encéphalographie) du fonctionnement mental prenant une importance particulière ; un problème nouveau est celui du partage des fonctions entre l’ordinateur et l’opérateur humain ; le premier assure la marche normale des installations en procédant par algorithmes ; l’opérateur intervient en cas d’imprévu par « heuristique », c’est-à-dire à partir de « règles empiriques relativement non systématisées et de critères flous » (J. M. Faverge, 1966) qui lui sont personnels ; il manifeste alors un sens intuitif de la régulation qui évoque des modèles opératoires assez archaïques (D. Ochanine, le Système homme-automate, 1962).
P. C.
F Automatisation / Travail.
F. Herzberg et coll., The Motivation to Work (New York, 1955 ; 2e éd., 1959). / A. Ombredane et J. M. Faverge, l’Analyse du travail (P. U. F., 1955). / J. M. Faverge, J. Leplat et B. Guiguet, l’Adaptation de la machine à l’homme (P. U. F., 1958). / G. Simondon, Du mode d’existence des objets techniques (Aubier, 1958). / A. Chapa-nis, Man-Machine Engineering (Belmont, Calif., 1965). / R. Richta (sous la dir. de), la Civilisation au carrefour (en tchèque, Prague, 1966 ; trad.
fr., Anthropos, 1969). / L’Ergonomie des processus industriels (Inst. de sociologie, Bruxelles, 1966). / O. G. Edholm, The Biology of Work (Londres, 1967 ; trad. fr. la Science du travail, Hachette, 1967). / E. Grandjean, Physiologische Arbeitsgestaltung, Leitfaden der Ergonomie (Munich, 1967 ; trad. fr. Précis d’ergonomie, organisation physiologique du travail, Presses acad. europ., Bruxelles, et Dunod, 1969). /
J. Scherrer et coll., Physiologie du travail. Ergonomie (Masson, 1967 ; 2 vol.). / H. de Frémont et M. Valentin, l’Ergonomie, l’homme et le travail (Dunod, 1970). / A. Laville, l’Ergonomie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1976).
ergot de Seigle ou
Seigle ergoté
Champignon parasite qui se déve-
loppe sur l’ovaire du Seigle et qui contient des substances douées
d’une grande activité pharmacodynamique. C’est le sclérote, ou forme de conservation de Claviceps purpurea (Protoascomycètes-Pyrénomycètes).
Généralités
Ce Champignon peut parasiter la plupart des Graminacées, notamment
l’Avoine et le Dryss, dont les ergots ont une composition et une activité analogues à celui du Seigle.
L’ergot se présente comme un petit cylindre noir violacé, plus ou moins arqué, de 1 à 4 cm de long et de 2 à 7 mm de diamètre. La teneur des alcaloïdes, exprimée en ergotamine, ne doit pas être inférieure à 0,15 p. 100.
Depuis l’Antiquité, l’ergot fut employé pour faciliter les accouchements, mais sa toxicité en limita l’usage. Il fut étudié au XIXe s. et il est inscrit au
Codex depuis 1866.
L’ergot renferme de très nombreux principes, tels que des matières miné-
rales, des acides, des glucides, des lipides, mais ce sont les composés aminés et les alcaloïdes qui lui confèrent son activité propre et sa toxicité.
Parmi les bases aminées de l’ergot, la plus importante est la tyramine (C8H11NO), que l’on utilise sous forme de chlorhydrate comme vaso-constricteur et hémostatique énergique. Elle provoque les contractions de l’uté-
rus, action que l’on retrouve avec l’histamine, autre amine de l’ergot.
On cite également la présence de
choline et d’acétylcholine à action vaso-dilatatrice.
Ce sont les travaux de C. Tanret qui ont ouvert la voie à la connaissance des nombreux alcaloïdes de l’ergot. Ceux-ci ont tous un noyau commun, qui est l’acide lysergique.
L’ergotinine est le premier alcaloïde de l’ergot obtenu à l’état cristallisé ; elle est isomère de l’ergotoxine. Ces deux corps, de formule C35H41O6H5, ont une action sur le sympathique et les vaisseaux qui est relativement faible.
Du point de vue thérapeutique, l’ergotamine et l’ergobasine, ou ergomé-
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
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trine de Arthur Stoll (1935), sont beaucoup plus importantes pour leur action durable et constante sur l’utérus et le sympathique.
L’ergot est employé, sous forme de poudre fine (tamis no 32 ; Codex 1965) de couleur gris noirâtre, pour son action en obstétrique.
L’ergotine, ou extrait mou d’ergot, figurait au Codex 1937. Son emploi a fait place à celui de l’extrait fluide d’ergot (Codex 1949), qui est lui-même supplanté par des solutions ti-trées d’alcaloïdes, telles que :
— l’ergotamine (C33H35O5N5), qui, sous forme de tartrate (Codex 1965), est employée, par voie buccale ou injectable, comme vaso-constricteur, hémostatique puissant ainsi que dans le traitement de l’urticaire, du prurit et du zona ;
— la dihydroergotamine, ou méthane sulfonate d’alcaloïdes hydrogénés de l’ergot, qui est sans action sur l’utérus et qui est utilisée contre l’hypertension, les troubles circulatoires périphériques, les migraines, les ulcères gastro-intestinaux, les spasmes du côlon et du col utérin.
Enfin, le mélange de sels de dihy-droergocornine, de dihydroergocristine et de dihydroergokryptine est très efficace dans le traitement des troubles vasculaires cérébraux.
L’ergot, ses préparations et ses alcaloïdes sont toxiques, et l’on sait que le L. S. D. 25, drogue hallucinogène, est un dérivé de l’acide lysergique.
Charles Tanret
(Joinville, Haute-Marne, 1847 - Paris 1917), pharmacien français qui isola le premier les alcaloïdes de l’ergot. En 1876, après de longs et difficiles essais, il obtint l’ergotinine à l’état cristallisé. Il en étudia et en précisa l’activité physiologique. Du même Champignon, il isola également l’ergothionéine, l’ergostérine, la fongistérine ainsi que la choline. On lui doit aussi l’isolement de la pelletiérine (ténicide) et un réactif pour le dosage de l’albumine qui porte son nom.
P. C.
L’ergotisme
C’est une intoxication due à l’absorption de farine contaminée par de fortes proportions de poudre d’ergot de
seigle.
La partie toxique du sclérote de Claviceps purpurea contient, nous l’avons vu, de nombreux alcaloïdes dont l’action la plus constante est la contraction des muscles lisses et en particulier du muscle utérin, la contraction de certaines artères et artérioles, provoquant
une vaso-constriction et d’importants troubles de comportement. Ainsi peut-on comprendre les trois effets les plus classiques de l’ergotisme : avortements, troubles vasculaires (surtout des extrémités) et gangrène, troubles neuropsychiatriques (agitation, hallucinations, convulsions).
Dans sa forme classique, l’ergotisme a présenté des aspects cliniques extrê-
mement différents selon les « épidé-
mies », qui surviennent surtout lors de la consommation de farine faite avec des Seigles très parasités pendant les périodes de famine (épidémies du XIe s.
en France, au XVIe s. au Hanovre, du XVIIIe s. en Russie).
À l’époque actuelle, l’ergotisme
alimentaire a pratiquement disparu, la teneur en ergot des farines étant infé-
rieure à 0,1 p. 100, mais les progrès de la chimie ont permis l’utilisation en thérapeutique de dérivés d’extraction (ergotamine, ergotinine, ergobasine, etc.). Depuis 1938 (A. Stoll), le diéthylamide de l’acide lysergique, ou L.S.D., apparaît comme l’un des dérivés non naturels de l’ergot, dont les actions hallucinogènes sont particulièrement puissantes et utilisées par certains toxicomanes.