Les intoxications aiguës par poudre ou extrait d’ergot ne provoquent qu’à fortes doses (de l’ordre de plusieurs grammes de poudre ou de plusieurs centigrammes d’alcaloïdes) les signes évidents d’intoxication aiguë : nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée, soif, douleurs des extrémi-tés, prurit, engourdissement, troubles neurologiques, secousses convulsives, agitation, état confus.
À doses fortes et prolongées, on a pu observer des avortements, souvent des douleurs des extrémités avec gangrène et des troubles neurologiques.
À doses fortes, le tartrate d’ergotamine peut déclencher des manifestations vasculaires, coronariennes ou cérébrales. Une certaine hypersensibi-lité s’observe chez certains sujets, chez qui des manifestations gangreneuses peuvent apparaître pour des doses proches de la dose thérapeutique.
Au cours des classiques épidémies d’ergotisme, on retrouvait déjà une variabilité considérable des réponses d’un individu à l’autre, et des auteurs font état, au début du siècle, d’une aggravation du phénomène d’ergotisme par les carences ou l’avitaminose A.
La toxicomanie au L.S.D. a une
allure tout à fait différente ; actif à des doses très faibles (une fraction de milligramme), le L.S.D. (ou « acide ») peut être facilement absorbé per os ; après une phase nauséeuse avec tachy-cardie apparaissent des troubles de perception, une imagination délirante, des hallucinations qui peuvent durer plusieurs heures.
Les expériences au L.S.D.
(« voyages ») provoquent des accidents avec une fréquence non négligeable : panique anxieuse, suicide, agressivité et violence, libération des tendances schizoïdes ou épileptiques. Le L.S.D.
est soupçonné d’avoir provoqué des altérations chromosomiques.
Le traitement de l’intoxication par l’ergot consiste essentiellement en vaso-dilatateurs périphériques (acide nicotinique) et en neuroleptiques anti-hallucinatoires de la série de la chlor-promazine ou des butyrophénones.
E. F.
Éricales
Ordre de plantes dicotylédones ligneuses dont le type est la Bruyère.
L’ordre des Éricales comprend, suivant les auteurs, un nombre variable de familles, ordinairement les cinq suivantes : les Éricacées (y compris les Vacciniacées), les Pyrolacées (avec les Monotropacées), les Cléthracées, les Epacridacées et les Diapensiacées.
Éricacées
Les plantes de cette famille (70 genres et 2 000 espèces, mais seulement
10 genres et 25 espèces en France), vivant surtout en grandes colonies, sont le plus souvent de petits arbustes possédant dans leurs racines des mycorhizes. Elles sont répandues principalement dans l’hémisphère Nord et en
Afrique du Sud. Une espèce, Erica arborea, possède une aire disjointe couvrant le Bassin méditerranéen et certains hauts massifs du centre de l’Afrique (Kenya).
Les feuilles sont plus ou moins persistantes et, dans certains cas, prennent le port « éricoïde », c’est-à-dire qu’elles ont leurs bords enroulés par en dessous ainsi que leur extrémité, le tout formant une petite cavité (pointe cucu-lée). L’épiderme supérieur est souvent cutinisé ; ces caractéristiques morphologiques et anatomiques dénotent une organisation xérophile très poussée (Bruyères).
Les fleurs, solitaires ou groupées en inflorescences plus ou moins condensées, sont à calice souvent réduit et à corolle plus ou moins soudée (en clo-chettes persistantes chez les Bruyères par exemple). Elles sont bâties sur le type quatre (Bruyère) ou cinq (Rhododendron) ; les étamines ont à la base de leurs anthères deux cornes et s’ouvrent par deux pores apicaux (déhiscence poricide) ; leur nombre est égal ou double de celui des pétales. L’ovaire, à un seul style, est pluriloculaire, à placentation axile ; il donne après fécondation, suivant les espèces, une baie, une drupe ou une capsule.
Au point de vue anatomique, on
trouve dans cette famille certaines caractéristiques primitives, puisque les vaisseaux sont à ponctuations scalari-formes, comme cela se rencontre chez les Fougères. Les feuilles renferment de nombreux glucosides.
Le genre Rhododendron (appelé au-
trefois Rosage) est un des plus connus grâce à son emploi horticole ; les Azalées en sont un sous-genre et ne se distinguent des vrais Rhododendrons que par le nombre d’étamines deux fois moindre (5) et les feuilles caduques.
En France, une espèce de Rhododendron est très connue à l’état sauvage : c’est R. ferrugineum, à fleurs d’un beau rouge groupées par cinq-huit en ombelles. Les Rhododendrons peuvent servir soit comme plantes isolées ou en massifs (R. luteum, R. japonicum), soit, au contraire, dans les jardins de rocailles (R. canadense, R. ferrugineum,
R. hirsutum, R. microphyton, R. obtu-sum, R. moupinense, R. racemosum...).
Les Azalées de serres sont de ravis-sants arbustes qui, très âgés, peuvent atteindre de 1 à 2 m de haut ; l’espèce botanique la plus connue est l’Azalée des Indes, dont la véritable patrie est le Japon. C’est à partir de cette espèce que de très nombreuses variétés ont été créées ; leur culture se fait dans de grands établissements spécialisés (en Belgique, à Versailles), qui peuvent avoir en même temps plusieurs centaines de milliers de pieds, chaque plante demandant en effet au minimum trois ans pour être commercialisable.
Quelques Azalées peuvent vivre en pleine terre sous le climat parisien, en particulier Azalea mollis, originaire de Chine, à fleurs rouges, et A. calendula-cea, à grandes fleurs orangées.
Les Bruyères (une douzaine d’es-
pèces en France) et les Callunes sont des arbrisseaux ligneux ; certaines downloadModeText.vue.download 35 sur 567
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
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(Bruyère cendrée, Bruyère ciliée, Callune) couvrent d’immenses étendues de landes ou de sous-bois acides de leur tapis, tantôt vert, tantôt rose suivant les saisons ; d’autres, comme la Bruyère à balai (Erica scoparia), la Bruyère arborescente (E. arborea) et la Bruyère du Portugal (E. lusitanica), qui vivent principalement sur les terrains siliceux du midi et même de l’ouest de la France, peuvent, surtout les deux dernières, atteindre de 2 à 3 m de haut.
Les souches d’E. arborea sont recherchées pour la fabrication des pipes. On peut citer aussi les Gaultheria (100 es-pèces), surtout de l’hémisphère Sud et connus depuis l’Eocène, les Arbu-tus (20 espèces, dont 3 en France), les Andromeda et les Vaccinium (150 es-pèces, y compris les Oxycoccos). Certains Vaccinium sont de petits arbustes vivant dans les montagnes, qui ont des fruits comestibles (Myrtille).
En pharmacopée, on se sert encore parfois des feuilles de Raisin d’Ours (dénommé également Busserole ;
c’est l’Arctostaphylos uva-ursi des botanistes) et de celles de Gaultheria procumbens (Thé du Canada, Winter-green), employées contre les rhumatismes en Amérique et en Angleterre, comme d’ailleurs quelques Rhododendrons. En Asie Mineure, certaines espèces de ce dernier genre sont des plantes toxiques, et le miel élaboré par les abeilles qui butinent ces plantes est un poison ; c’est lui qui aurait empoisonné les soldats de Xénophon lors de la retraite des Dix Mille.
Familles voisines
La petite famille des Pyrolacées
(10 genres et 40 espèces, mais seulement 3 genres et 8 espèces en France) possède des plantes autotrophes, entiè-
rement vertes (Pyrola, 7 espèces en France), et d’autres saprophytes, sans chlorophylle (Monotropa) ; cette dernière espèce, localisée dans les bois, est entièrement d’un blanc jaunâtre ou ivoire et ne porte pas de feuilles ; en hiver, les racines subsistent seules, la tige, florale aérienne, n’apparaissant que pendant l’été. Comme pour les Éricacées, ces plantes ont dans leurs tissus des mycorhizes.
Les Cléthracées possèdent une co-
rolle dialypétale ; elles vivent à Ma-dère, en Amérique tropicale et en Asie du Sud-Est.