Chacun sera rétribué en proportion de trois principes : travail (5/12), capital (4/12), talent (3/12). Le phalanstère fonctionnera comme une coopérative de production et de consommation, où les échanges s’opéreront hors des pratiques commerciales courantes.
Des disciples
À partir de 1832, l’école fouriériste, ou école sociétaire, édite une revue, la Réforme industrielle ou le Phalanstère, que remplace ensuite la Phalange (elle paraîtra jusqu’en 1849). Alexandre Baudet-Dulary (1792-1878), médecin élu député d’Étampes en 1831 et démissionnaire en 1834, entreprend près de Houdan, en forêt de Rambouillet, à Condé-sur-Vesgre, la construction d’un phalanstère, qui ne peut être menée à bien, faute de fonds. Tombé malade, Fourier meurt dans la solitude, à la différence de Saint-Simon, contre lequel il n’avait cessé de rompre des lances, dénonçant dans l’industria-lisme la plus récente de nos chimères scientifiques.
Après sa mort, son action sera prolongée surtout par Victor Considérant (1808-1893). Polytechnicien, celui-ci a quitté l’armée ; député en 1848, il essaie de créer un phalanstère au Texas.
Échec. Échec aussi de deux Améri-
cains, W. H. Channing (1810-1884) et A. Brisbane (1809-1890).
De ces échecs sans rémission et du fait que Fourier fut un utopiste, qui ne prit conscience que d’une manière trop intuitive et trop confuse de l’interdépendance étroite qui lie dans les sociétés les forces économiques aux idéologies, faut-il conclure que rien de ce qu’il a pensé n’est passé dans la réalité ? Certains auront sans doute tendance à ne voir en lui qu’un des précurseurs du courant anarchiste. Tel n’était downloadModeText.vue.download 549 sur 567
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pas l’avis de Charles Gide, économiste et théoricien de la coopération* qui lui a consacré un cours au Collège de France. Fourier fut le précurseur de la coopération. Ce sont d’ailleurs ses idées qui ont inspiré la fondation, à Lyon, en 1835, de la première coopé-
rative de consommation, baptisée le
« Commerce véridique et social ». Les vrais héritiers de Fourier sont ceux qui ont fait passer ses espoirs prophétiques du plan du rêve au plan de la réalité.
Les oeuvres de Fourier
y Théorie des quatre mouvements et des destinées générales (Prospectus et annonce de la découverte, Lyon, 1808) ; y Le Nouveau Monde industriel et socié-
taire ou Invention du procédé d’industrie attrayante et naturelle, distribuée en série passionnée (Paris, 1829) ;
y La Fausse Industrie morcelée, répugnante, mensongère, et l’antidote, l’industrie naturelle combinée, attrayante, véridique, donnant quadruple produit (Paris, 1835-36).
y OEuvres complètes de Fourier (Éd. Anthropos, 1967-68 ; 12 vol.).
G. L.
F Coopération / Socialisme.
H. Bourgin, Fourier (Société nouvelle de librairie, 1905). / F. Armand et R. Maublanc, Fou-
rier (Éd. sociales internationales, 1937 ; 2 vol.).
/ F. Armand, les Fouriéristes et les luttes révolutionnaires de 1848 à 1851 (P. U. F., 1948) ; Fourier, textes choisis (Éd. sociales, 1953). /
E. Lehouck, Fourier aujourd’hui (Denoël, 1966).
/ R. Schérer, Charles Fourier (Seghers, 1970). /
P. Bruckner, Fourier (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1975). / Actualité de Fourier (Anthropos, 1975).
Fourmilier
F ÉDENTÉS.
Fourmis
Insectes vivant en société dans une habitation commune, la fourmilière, où coopèrent les individus neutres (ouvrières) et les individus reproducteurs (reines).
Les Fourmis appartiennent à l’ordre des Hyménoptères* et constituent la super-famille des Formicoïdes, rassemblant 6 500 espèces actuellement dé-
crites. Beaucoup d’entre elles révèlent une biologie étonnante, témoin d’un psychisme élevé. Non moins extraordinaires et variées sont les relations que plusieurs entretiennent mutuellement entre elles (parasitisme, esclavagisme) ou avec d’autres Insectes (commen-salisme, symbiose). Les Fourmis sont répandues partout, surtout dans les régions tropicales et équatoriales, où vivent les trois quarts des espèces ; on compte une centaine d’espèces en France et guère plus de 200 en Europe ; les zones froides du globe sont relativement peu colonisées par ces Insectes.
Souvent transportées par l’Homme et capables de se satisfaire de conditions variées, certaines Fourmis sont devenues cosmopolites, telles la Fourmi d’Argentine (Iridomyrmex humilis), la Fourmi des pharaons (Monomorium
pharaonis).
Les habitants de
la fourmilière :
adultes (ouvrières et
sexués), couvain
Le nombre d’individus constituant une société varie d’une façon considérable d’une espèce à l’autre. Si certaines colonies ne groupent que quelques dizaines ou quelques centaines d’In-
sectes, d’autres en rassemblent des centaines de milliers, voire des millions.
Ainsi, une colonie de Ponera coarc-tata, qui s’établit dans le sol de nos régions, peut n’avoir qu’une vingtaine d’individus ; dans les forêts de Conifères, les dômes édifiés par Formica rufa peuvent en recouvrir 300 000.
Les ouvrières
La très grande majorité de la population active de la société est constituée par des femelles aptères généralement stériles et couramment qualifiées d’ouvrières. Ce sont elles qui assurent les divers travaux : construction, soins aux jeunes, collecte de nourriture. Leur taille est généralement modeste et, en Europe, n’excède pas 15 mm ; cette petitesse rend malaisée pour le profane la distinction des espèces par des critères morphologiques, d’autant plus que les teintes restent dans une gamme limitée : rougeâtre, brun, jaunâtre ou noir selon les cas.
La tête porte deux antennes coudées formées d’une douzaine d’articles, le premier, ou scape, étant aussi long que l’ensemble des autres ; ce sont des organes tactiles et, plus encore, olfactifs, capables de réagir aux nombreux messages odorants, qui jouent un rôle essentiel dans la vie de la société et dont nous ne connaissons pas encore toute la richesse. Les yeux, composés, n’occupent qu’une petite partie de la surface céphalique et ne possè-
dent guère plus de quelques centaines d’ommatidies, nettement moins que chez d’autres Hyménoptères, comme les Abeilles et les Guêpes ; chez les Dorylidés, les yeux manquent totalement. Les pièces buccales sont du type broyeur-lécheur ; les mandibules, toujours fortes, sont munies de denti-cules ou de tubercules, tandis que le labium porte une langue courte, pouvant laper les aliments liquides. Chez les neutres, le thorax, dépourvu d’ailes, est relativement étroit ; il porte trois paires de pattes, longues et fines ; à leur extrémité distale, les tibias des pattes antérieures sont munis d’une petite brosse destinée au nettoyage des antennes. L’abdomen se compose de deux parties : la première, ou pétiole,
très mince et formée d’un ou de deux segments, relie le thorax à la seconde, downloadModeText.vue.download 550 sur 567
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ou gastre, qui montre généralement quatre anneaux ; l’abdomen est ainsi rendu très mobile, pouvant se relever au-dessus du thorax ou s’incurver entre les pattes. Si toutes les Fourmis possè-
dent des glandes venimeuses sécrétant de l’acide formique, seules les plus primitives (Ponéridés, Dorylidés, Myrmicidés) sont dotées d’un aiguillon ; les autres projettent leur venin à quelque distance en repliant l’abdomen vers l’avant ou le déposent sur les plaies provoquées par les mandibules sur la victime.
Dans la même espèce, il s’en faut de beaucoup que tous les neutres soient exactement semblables. Deux cas
peuvent se présenter : ou bien il y a deux types de neutres nettement sépa-rés (on parle alors d’ouvrières et de soldats) ou bien on rencontre des intermédiaires entre les types extrêmes, que l’on désigne sous les noms d’ouvrières minor et major. Ces formes se distinguent en effet d’abord par une différence de taille parfois considérable, une « major » transportant sans peine plusieurs « minor » ; de plus, les grands individus ont souvent une grosse tête et des mandibules très développées ; ils ne sont pas forcément spécialisés dans la défense de la colonie — et c’est pourquoi le terme de soldat reste discutable —, mais dans la trituration des graines dures, comme c’est le cas chez les Fourmis moissonneuses.