Dans tous les États où la situation alimentaire reste précaire, la production animale tend à se situer uniquement dans les aires non cultivables. En effet, dans les meilleures conditions, la production en protéines animales est le tiers de la production en protéines
végétales par unité de surface.
Systèmes de
production animale et
caractéristiques des
fourrages
La figure 1 représente la répartition de la production végétale au cours de l’année dans la région parisienne. La limitation est due en été à l’insuffisance d’eau, en hiver aux faibles températures ; ces conditions peuvent varier selon les régions, mais conduisent toujours à une grande irrégularité de production, sauf dans les régions équatoriales humides. La figure 2 indique les besoins alimentaires d’une vache laitière pour les mois considérés de la lactation ; la date de vêlage, qui conditionne les périodes de gestation et de lactation, dépend de l’animal et du choix de l’éleveur. Il apparaît donc qu’il n’y a pas de superposition exacte des deux courbes, d’autant plus que la production fourragère dépend du climat. La manière dont est obtenu l’ajustement, en fonction des besoins du marché et de l’éleveur, définit les downloadModeText.vue.download 554 sur 567
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
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grands types de systèmes de production animale.
Un premier moyen consiste à laisser varier l’effectif animal (vente, abattage ou mortalité naturelle) ou la production individuelle selon les disponibilités réelles en fourrages. Cette solution est en général peu satisfaisante sur le plan économique ; elle existe certaines années sèches en Afrique du Nord, par exemple, ou dans des exploitations ne disposant pas de réserves.
Une solution dérivée est la migration saisonnière du bétail. C’est le nomadisme, répandu dans toutes les zones arides, où l’eau conditionne la croissance de l’herbe ; un vaste territoire est ainsi couvert par ces déplacements.
La transhumance relève du même esprit, avec des lieux nettement définis : c’est le cas, par exemple, de la transhumance estivale dans les Alpes fran-
çaises. En l’absence de déplacements possibles, deux solutions techniques existent. Dans les ranches, l’effectif animal est défini par la période de disponibilité minimale ; en fait, il est légèrement supérieur à ce qu’il devrait être, les animaux pouvant supporter un certain déficit alimentaire pendant quelques semaines et des surfaces n’étant consommées qu’aux périodes défavorables (réserves « sur pied »).
Dès qu’il existe des possibilités de travail et d’engrangement, apparaît le stockage d’aliments pour l’hiver : soit à partir d’herbe séchée et mise à l’abri (foin), soit à partir de cultures récoltées et conservées de manières adéquates (ensilages à l’abri de l’air
[maїs-fourrage, herbe préfanée, ayant déjà subi une certaine perte en eau], mise à l’abri des basses températures et de l’eau sans précautions autres [betterave fourragère, topinambour] et fourrage déshydraté à haute température et conditionné).
Cette dernière solution implique
des investissements assez importants : main-d’oeuvre, matériel spécialisé, bâtiments. Mais ses avantages sont considérables : lutte contre les aléas climatiques, possibilité de connaître les caractéristiques de qualité des aliments. Surtout, les dates de récoltes ne sont pas imposées par les besoins des animaux : elles peuvent donc être choisies aux périodes optimales de l’état de la plante.
Les différents systèmes de pro-
duction représentent donc aussi deux catégories : d’une part ceux qui déterminent une récolte directe par l’animal (pâturage), donc limitent le contrôle de la quantité ingérée et de la qualité de l’alimentation ; d’autre part ceux qui, grâce à une phase de stockage, permettent de contrôler l’alimentation. Dans les cas les plus élaborés, l’aliment récolté et stocké rentre dans la composition d’aliments du bétail, de caractéristiques standardisées. On peut alors distinguer trois phases : la production des fourrages, le stockage de ceux-ci et l’élaboration de rations alimentaires.
Caractéristiques de
la qualité des fourrages
Elles sont définies comme propriétés intrinsèques et permettent de déterminer la composition des rations. Il s’agit tout d’abord de la valeur énergétique, exprimée en unités fourragères (équivalent énergétique de 1 kg de grain d’orge sec). La richesse en protéines est caractérisée par la teneur en matière azotée digestible, c’est-à-dire la fraction que peut réellement utiliser l’animal. Les sels minéraux, responsables des apports en calcium et en phosphore, sont essentiels à considérer. Enfin, les vitamines jouent un rôle important, bien que plus difficile à apprécier.
Par ailleurs, la richesse de la ration, qui correspond à la notion d’encombre-ment, est à relier aux besoins alimentaires de production des animaux. Plus les performances sont élevées, plus la ration doit être concentrée ; en particulier, le pâturage est parfois insuffisant pour certaines productions de viande, à cause de la teneur en eau élevée de l’herbe.
Les caractéristiques d’un fourrage varient en particulier selon son stade végétatif : aussi est-ce un avantage supplémentaire de dissocier la phase
« production fourragère » de la phase
« alimentation de bétail », pour pouvoir réaliser certaines corrections à la ration.
Productions fourragères
La prairie naturelle comme seul
moyen d’exploitation du milieu
L’exploitation du milieu par l’agriculture implique un rendement suffisant par rapport aux facteurs limitants.
Si ceux-ci sont trop importants, la consommation par le bétail de la production annuelle de la végétation re-présente l’exploitation la plus rentable.
Cela se rencontre dans des régions à densité de population faible ; c’était la règle aux États-Unis à la fin du XIXe s., dans la Prairie. Cependant, ce sont en général des conditions du milieu qui imposent cette forme d’exploitation, en particulier des conditions climatiques : le déficit en eau (périphérie des déserts subtropicaux) en général accompagné de températures élevées, et les basses
températures en montagne et dans les hautes latitudes.
Des conditions édaphiques parti-
culières induisent aussi une telle utilisation : excès d’eau (marécages ou zones inondables), sols salés (bordures de mer : prés salés), pentes (le travail du sol n’est pas possible en pente su-périeure à 15-20 p. 100) et régions à sol trop peu épais. La charge en poids d’animal par unité de surface est alors fonction de la disponibilité du facteur le plus limitant. La détermination est délicate et dépend de la « productivité », c’est-à-dire de la matière végé-
tale créée chaque année par la photosynthèse. La dégradation du pâturage se marque par l’apparition de plantes moins acceptées par les animaux ou moins sensibles au pâturage (espèces à port étalé, espèces ligneuses). Cette al-tération est sensible aux points de passage obligatoires des animaux (points d’eau, abris).
L’intensification implique des investissements, particulièrement dans l’organisation de l’exploitation, car c’est le surpâturage qu’il faut surtout éviter. Pour cela, des zones sont tenues à l’écart du pâturage habituel, pour n’être utilisées qu’en cas de pénurie ; certaines ne seront alors pâturées qu’une année tous les cinq ou dix ans, selon la fréquence du risque le plus élevé.
Certaines formes d’amélioration sont cependant peu coûteuses : désherbage sélectif (lutte contre les broussailles), épandage d’oligo-éléments, semis en surface d’espèces peu exigeantes et à croissance rapide. La condition première, surtout en nomadisme, est une circulation rapide des informations sur les pâturages.
Fréquemment, une région de pâtu-