Après la dévaluation de la livre
sterling, le gouvernement français procéda, le 20 septembre 1949, à une dévaluation et à un regroupement des taux de change : un franc représentait 2,539 mg d’or, et le dollar équivalait à 350 francs. Ce taux se maintint jusqu’en août 1957 : à la suite de diverses circonstances (guerre d’Algérie, déséquilibre des échanges extérieurs), le gouvernement institua une taxe à l’importation de 20 p. 100, ce qui reve-nait à une dévaluation déguisée, portant le dollar à 420 francs.
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
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1959-1969 :
le nouveau franc et la
dévaluation de 1969
En décembre 1958, le franc fut de nouveau dévalué, de 17,5 p. 100 : il égalait 1,80 mg d’or fin. Le dollar valait alors 493,706 francs. Pour aligner le franc sur d’autres monnaies européennes, une ordonnance du 27 décembre 1958
prescrivit la création, au plus tard le 1er janvier 1960, d’une nouvelle unité monétaire française dont la valeur serait égale au centuple du franc ; le
« nouveau franc » (bientôt seul à être appelé « franc » le 1er janvier 1963) valait 100 francs et 180 mg d’or fin. De 1959 à 1969, ce fut une stabilisation durable du franc, la première depuis Raymond Poincaré.
À la suite des événements de 1968, le gouvernement décida, le 8 août 1969, de dévaluer le franc de 12,5 p. 100 : le 11 août, 1 franc égalait 160 mg d’or fin.
Cette dévaluation a été accompagnée, comme dans d’autres cas, de mesures tendant à réduire le déficit budgétaire et le déséquilibre des échanges exté-
rieurs. Enfin, le 19 janvier 1974, la décision est prise de laisser « flotter »
le franc pour une durée de six mois.
G. R.
F Dévaluation / France (institutions) / Monnaie.
R. Sédillot, Du franc Bonaparte au franc de Gaulle (Calmann-Lévy, 1959). / V. Volcouve, la Crise du franc (Éd. du Seuil, 1969).
Francs
En lat. FRANCI, peuple germanique qui donna son nom à la Gaule romaine
après l’avoir conquise au Ve et au VIe s.
Les Francs semblent être issus de la fusion tardive, au milieu du IIIe s. apr.
J.-C., de plusieurs peuplades germaniques, parmi lesquelles il faut citer les Chamaves, les Bructères, les Ansi-variens, les Chattuarii, les Chattes et peut-être les Sicambres, les Tenctères, les Usipètes et les Tubantes.
Implantés sur le Rhin inférieur, à proximité immédiate des importantes places de commerce de Cologne et de
Xanten, ces peuplades ont dû vivre en bonne intelligence avec les Romains entre la fin du Ier s. apr. J.-C., et le milieu du IIIe s. apr. J.-C., époque où le nom même des Francs est cité par l’Histoire Auguste à propos des événements de 241. Ayant plus sûrement participé à la grande invasion terrestre qui désole la Gaule en 258 et aux raids de pillage menés par voie de mer contre les rivages du pas de Calais, auxquels Aure-lius Valerius Carausius (v. 250-293) est chargé de mettre un terme vers 286, les Francs apparaissent dès lors comme un peuple redoutable, dont le nom, sans doute dérivé de la racine norvégienne Frekkr (« hardi, courageux »), rappelle les qualités guerrières.
En fait, la fusion dont ils sont issus ne semble pas avoir tissé des liens politiques très solides entre les éléments constitutifs du peuple franc, au sein duquel s’individualisent deux groupes essentiels : celui des Saliens, dont la loi, la lex salica, s’applique à tous les Francs entre la « Forêt Charbonnière »
et la Loire ; celui des Francs du Rhin
— improprement appelés « Ripuaires »
—, qui englobe les populations vivant le long des rives du Rhin de Mayence à Nimègue et le long de celles de la Moselle et de la Meuse inférieures.
Divisés les uns et les autres en de nombreuses tribus gouvernées par
des rois, dont le plus anciennement connu est Gennobaudes, signataire d’un foedus avec Rome en 287-88, ces deux groupes demeurent relativement autonomes jusqu’au Ve s., époque au cours de laquelle les chefs saliens imposent peu à peu leur prépondérance à l’ensemble de la confédération franque (v. mérovingiens), dont ils vont assurer l’implantation territoriale en Gaule romaine.
En fait, les Francs ont depuis bien longtemps franchi les frontières de l’Empire avec l’accord de ses maîtres.
Dès la fin du IIIe s. apr. J.-C., ceux-ci renforcent en effet leurs armées de nombreux auxiliaires francs, dont les chefs accèdent aux plus hautes fonctions militaires (Bonitus, promu officier supérieur en 324 ; Silvanus, fils de Bonitus, appelé au commandement des troupes de Constance sur le Rhin) ou civiles, telles que le consulat ordinaire,
accordé à Mérobaud (Flavius Moro-baude, † v. 383) en 377 et en 383, à ℝichomer en 384 et à Bauto en 385, protecteur d’Arbogast, le neveu de Ri-chomer, qui usurpe le pouvoir en 392
afin de restaurer l’Empire au profit du rhéteur Eugène.
Relativement bien assimilés, ces
chefs francs contribuent moins à la bar-barisation et à la « francisation » de la Gaule romaine que leurs frères de race faits prisonniers par Rome et installés par Constantin dans les campagnes belges aux fins de repeuplement.
Le terrain est ainsi préparé à une pénétration en force de Francs, qui dé-
bute sur le Rhin inférieur au lendemain des désastres de 258-276. Au milieu du IVe s. au plus tard, Julien doit reconnaître l’établissement des Saliens en Toxandrie, dont il ne peut les chasser en 358. Pourvus sans doute, dès lors, d’un statut de fédérés, ceux-ci ne participent pas à la ruée barbare de 406, mais ne peuvent empêcher leurs frères de race établis à l’est du Rhin de profiter de ses conséquences en franchissant le fleuve pour occuper l’actuelle Rhénanie, dont la capitale, Trêves, ne tombe définitivement entre leurs mains qu’en 475, tandis que les Saliens, sous la direction de Chlodion, se sont tranquillement établis à Cambrai et en Gaule du Nord jusqu’à la Somme au milieu du Ve s.
N’ayant même pas à combattre les
forces romaines, au service desquelles se mettent leurs souverains, tel Childéric, qui combat les Wisigoths pour le compte d’Egidius en 463 près
d’Orléans et les Saxons près d’Angers pour celui de son successeur Paul, les Francs poursuivent pacifiquement leur pénétration jusqu’à la Loire, en béné-
ficiant simplement de l’effacement de l’autorité romaine et de la présence, sur les terres conquises, des colonies peuplées de leurs frères de race, prêts à les accueillir.
Cette pénétration, réalisée sous la direction de rois apparentés, devient plus vigoureuse à la fin du Ve s., lorsque s’affirme la personnalité de Clovis*, qui, vers 508, réussit à devenir l’unique souverain des Francs.
Le problème des Francs Ripuaires
Mentionnés pour la première fois en 726-27 par l’auteur du Liber historiae Franco-rum, les Ripuaires (Ribuarii ou Ripuarii) désignent à cette époque les populations riveraines du Rhin à la hauteur de Cologne, de Juliers, de Bonn et du Ruhrgau ; quant à la loi dite « ripuaire » (lex ribuaria), elle n’est qu’une variante de la lex salica, applicable aux Austrasiens au plus tôt en 633 ; le texte le plus ancien la qualifiant ainsi ne date que de 803.
Les Francs Ripuaires n’ont donc jamais existé en tant que rameau du peuple franc, et c’est à tort que leur nom a été appliqué aux Francs du Rhin.