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2o Disparition de la classe des adjectifs invariables ; le type masc. grant, fém. grant, est aligné sur bon, bonne.

3o Extension de l’usage des prépositions ; 4o Réfection de la conjugaison des verbes à alternances sur une base unique : j’ain, nous amons, je clain, nous clamons sont refaits l’un sur aime, l’autre sur clame. Le type je meurs, nous mourons devient l’exception.

VOCABULAIRE.

Les « mots savants » empruntés directement au latin envahissent le vocabulaire en doublant ou en supplantant les formes « populaires » : estimer remplace esmer, qui venait lui aussi du latin aestimare ; en même temps, la langue prend au latin, sous la forme originelle, des locutions comme et ce-tera, idem, quasi.

ORTHOGRAPHE.

Alors que l’ancien français avait fini par éliminer toutes les lettres qui ne correspondaient pas à des sons, le moyen français multiplie des lettres étymologiques ou les complications fantaisistes de toutes sortes : haut est écrit hault à cause de altus ; poids prend un d, qu’il conserve toujours à cause de pondus, dont il ne vient pas.

On multiplie les fioritures (y, x).

PRONONCIATION.

On cesse de prononcer les consonnes finales précédant une consonne initiale : ainsi, dans six dents, six se prononce si, et oi, prononcé wè, se réduit à é dans les terminaisons verbales.

Le français au XVIe s.

La période de la Renaissance est capitale pour l’histoire du français : notre langue s’affirme en effet, selon le programme de Défense et illustration de la langue française (1549), à la fois contre la mode de l’italien et contre la prééminence du latin. Au détriment de ce dernier, la Réforme adopte l’utilisation des langues nationales (et notamment, avec Calvin, du français) comme langues de culte et de catéchisation. Au détriment des parlers locaux, l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) prescrit l’usage exclusif du français devant les tribunaux. Le souci de la norme se fait jour, et Clément Marot impose au français la règle d’accord du participe passé telle qu’elle est encore en usage.

Malgré les propositions d’Étienne Dolet (Traité de la ponctuation de la langue française et les Accents d’icelle, 1540), malgré celles de Louis Meigret (Traité touchant le commun usage de l’orthographe, 1542), on n’adoptera pas de système rationnel de l’orthographe à un moment où le développement de l’imprimerie et la progression de l’usage du français auraient permis de le faire avec succès.

Sur le plan de l’évolution de la

langue, le XVIe s. voit :

— l’affaiblissement et la chute des consonnes finales, même quand elles n’étaient pas suivies d’un mot commençant par une consonne (c’est le cas, notamment, de -s, -r [finir se prononce fini], -l [mortel se prononce morté] ;

— le passage de au, prononcé jusquelà aou, à o ;

— le passage de oi, là où il était encore prononcé wè, à wa, d’abord chez les courtisans, ensuite dans la langue courante ;

— la suppression des hiatus (notamment de -e après voyelle) ;

— l’extension de l’usage de l’article ;

— la fixation de l’ordre des mots, à quelques exceptions près ;

— l’enrichissement du vocabulaire par des emprunts au latin, aux dialectes, aux langues des communautés linguistiques voisines.

Le français classique et son

évolution

Au XVIIe s., époque de travail sur la langue, le français trouve une forme moderne, qui reste encore aujourd’hui l’idéal de la langue littéraire. Suivant un idéal de « bel usage » (usage de la Cour et de la haute société parisienne), malgré des oppositions finalement vaincues, certaines institutions (académies), certains groupes sociaux (salons), certains individus (Malherbe, Vaugelas) travaillent, en réaction contre le XVIe s., à « dégasconner » la langue, c’est-à-dire à la débarrasser des mots d’origine provinciale et à la

« purifier », c’est-à-dire à chasser de l’usage les mots évoquant les réalités matérielles et techniques. C’est l’époque des premiers véritables dictionnaires* français (1680, Richelet ; 1690, Furetière ; 1694, Académie, 1re édition). Mais le XVIIe s. est, du fait des tendances générales, une période d’appauvrissement lexical, même si toutes les prescriptions ne sont pas observées et si des mots condamnés comme vieux (angoisse) ou vulgaires (poitrine ou épingle) survivent.

Deux faits phonétiques importants viennent bouleverser les marques de genre et de nombre :

— les derniers résidus consonantiques qu’on pouvait encore trouver à la fin des mots disparaissent totalement, en downloadModeText.vue.download 565 sur 567

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8

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même temps que commence en sens

inverse un travail de restitution qui consiste à prononcer comme on écrit : finir, prononcé fini depuis le début du XVIe s., se prononce de nouveau finir ;

— on constate aussi la chute de e dit

« muet », parfois renforcé en é ou en è, ce qui le préserve, alors que les allongements compensatoires de la voyelle précédente disparaissent, sauf dans quelques dialectes.

Pour le digramme oi, partout où l’on n’est pas passé à la prononciation è, on hésite entre wa, prononciation populaire parisienne qui triomphera, et wè, qui restera de meilleur ton pendant tout le siècle.

En outre, les voyelles nasales devant une consonne nasale passent à la voyelle orale correspondante : c’est ainsi que l’on cesse de prononcer grammaire comme grand’mère. Dans

le peuple parisien, le l mouillé s’affaiblit et prend la prononciation actuelle.

Enfin, la lettre r, jusque-là roulée, se prononce, selon une mode qui finira par triompher, à la manière actuelle (r dorsal).

Pour l’emploi des temps, les tentatives pour spécialiser le passé simple et le passé composé dans des emplois différents échouent, et l’on tend à employer le second à la place du premier.

À la mort de Louis XIV, la langue littéraire est désormais stabilisée pour longtemps. Les problèmes dont on s’occupera désormais sont essentiellement ceux du vocabulaire et de l’orthographe. On polémiquera pour savoir s’il y a des mots nobles et des mots bas, s’il faut suivre l’usage et lequel, s’il faut ou non admettre les néologismes rendus nécessaires par le développement des techniques, des connaissances, des échanges, de l’évolution politique et sociale. Les discussions actuelles sur les emprunts, la xé-

nophobie ou la xénophilie en matière de lexique ne sont, évidemment, qu’un des aspects de ces combats. Pour ce qui est du statut du français en France, la réaction latinisante de l’époque impé-

riale a fait long feu, et la Révolution, constatant qu’une grande partie des Français ne parlaient que leur dialecte, a, dans un désir de centralisation, imité de tous les régimes qui ont suivi, fait triompher l’école à langue unique (le français), quels que soient le parler et les traditions locales.

Le français contemporain Malgré tout, le français de l’école, à base plutôt littéraire, se trouve concurrencé par des dialectes sociaux et des dialectes régionaux (v. argots, bilinguisme, dialecte). Il est à la base du français central, ou français tout court, qui est employé dans les relations officielles et par les moyens de diffusion.

Phonétique et phonologie

Dans l’ensemble, le système phonologique du français est caractérisé par un grand nombre d’oppositions voca-liques, et, fait rare parmi les langues connues, par la présence de quatre voyelles nasales (an, un, in, on). Un trait important est la faiblesse des différences d’intensité, qui provoque, à l’audition, pour les étrangers, l’impression d’une diction plate : par suite de la disparition du e dit « muet » dans la prononciation, tous les mots sont accentués sur la dernière syllabe. Dans la pratique quotidienne, il existe des variations phonétiques ; certaines sont plutôt géographiques : palatales plus ou moins mouillées, variétés de r, articulation de e dit « muet ».