épuration
F EAU.
Équateur
En esp. ECUADOR, État de l’Amérique du Sud.
L’Équateur est un État de l’Amé-
rique andine, le plus petit en superficie.
Comme la Colombie et le Pérou, il appartient à trois grands milieux naturels : la plaine pacifique, la montagne andine et le bassin de la haute Amazone, auquel se rattachent les basses terres orientales. La population traditionnelle s’est installée presque exclusivement dans les Andes ; les migrations se dirigent en revanche aujourd’hui vers la plaine côtière. L’Équateur, dont les ressources se limitent à quelques grandes cultures d’exportation, a un des plus bas niveaux de vie de l’Amé-
rique du Sud.
Les milieux naturels
La région andine, ou Sierra, se divise ici en deux grandes chaînes, Cordillère occidentale et Cordillère orientale. La Cordillère occidentale, plus récente, est moins élevée. Elle porte des volcans importants, dont le plus haut sommet des Andes équatoriennes, le Chim-borazo. Dans la Cordillère orientale,
ou Cordillera Real, l’altitude moyenne est plus élevée. Entre ces deux chaînes s’étend un haut plateau dont la largeur ne dépasse jamais 70 km et dont l’altitude moyenne avoisine 2 500 m. Il comprend une série de bassins, dont la plupart sont drainés vers le Pacifique.
Les Andes tombent brusquement à
l’ouest sur la plaine. Celle-ci est formée d’un alignement de collines et de la vaste baie de Guayaquil. Elle se pré-
sente comme une bande de 80 000 km 2.
C’est une sorte de piémont qui descend graduellement du pied du massif andin jusqu’à la mer. Cette plaine est affectée de quelques petits reliefs isolés, collines ou coteaux, qui alternent avec les grandes zones alluviales dues à l’élargissement des vallées qui descendent des Andes. Les types de climat, de sol et de végétation permettent de distinguer trois secteurs dans cette région cô-
tière. La partie qui borde les Andes est affectée de pluies très abondantes pendant 6 mois de l’année et plus modé-
rées pendant le reste du temps. Le total pluviométrique dépasse 3 m par an. La température moyenne avoisine 24 °C.
Les conditions climatiques sont à peu près les mêmes dans la zone côtière, au nord ; cependant, la température est plus élevée, et les pluies un peu moins abondantes. Le climat est beaucoup plus sec dans le sud de la plaine. Les températures sont élevées et les pré-
cipitations annuelles n’atteignent pas 1 m (environ 700 mm à Machala).
Le contraste est aussi brutal à l’est entre les Andes et la plaine amazonienne, dont l’altitude ne dépasse pas 150 m. Petit fragment de la grande dépression amazonienne, la partie équatorienne est drainée par les petites rivières qui descendent des Andes.
Avec un climat chaud et humide toute l’année, elle appartient à la zone typiquement équatoriale, recouverte de grandes forêts.
Les hauts bassins bénéficient, par suite de leur altitude, d’un climat plus tempéré. Les différences de température sont considérables entre le jour, chaud, et la nuit, fraîche, quelle que soit la saison. Les précipitations ne dépassent pas 1,50 m par an. Les plus downloadModeText.vue.download 9 sur 567
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 8
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hauts sommets de la Cordillère sont couverts de neiges éternelles.
Il faut rattacher à cet espace continental l’archipel des Galápagos (ou de Colón), situé dans le Pacifique à 1 000 km des côtes. Sa superficie totale approche 8 000 km 2, et il est peuplé de 3 000 habitants.
M. R.
L’histoire
La colonie
L’audiencia de Quito est marquée dès ses origines (1563) par l’opposition, encore actuelle, entre la côte et la montagne. La côte, c’est-à-dire la vallée du Guayas, vit de l’agriculture tropicale, et ses plantations, exploitées par une main-d’oeuvre servile, produisent du cacao pour l’Europe. En 1781, on y compte 17 000 Noirs, 9 000 Indiens et 5 000 Blancs. La Sierra, dirigée par l’aristocratie politique et foncière de Quito, renferme 400 000 habitants (68 p. 100 d’Indiens et 26 p. 100 de Blancs) et vit repliée sur elle-même.
Cet isolement explique la survie de la langue indienne, le quechua.
L’indépendance
Le 10 août 1809, le président-intendant est renversé par une conspiration d’aristocrates vite écrasée par le vice-roi de Nouvelle-Grenade. À partir de 1817, le rêve de Simón Bolívar* de créer une Grande-Colombie, allant de Caracas à Guayaquil et de Panamá à Bogotá, prend forme. En 1821, le congrès de Cúcuta unifie, sous l’autorité de Bogotá, la Nouvelle-Grenade, le Venezuela et Quito, que le lieutenant de Bolívar, le général Sucre, a libéré des forces royalistes. Dès cette époque, le Pérou affirme son droit à la domination sur le futur Équateur. La Grande-Colombie ne survivra point aux guerres avec le Pérou, et, en 1830, suivant l’exemple du Venezuela, Quito fait sécession. L’Équateur est né, sans que ses habitants y soient pour quelque chose. De 1816 à 1845, les maîtres
de la vie politique sont des généraux d’origine vénézuélienne, les « janis-saires noirs ». L’un d’eux, Juan José Flores (1801-1864), président de la République de 1830 à 1834, puis réélu en 1839, exerce une véritable dictature de 1843 à 1845. Ces militaires se taillent des fiefs dans la Sierra et arbitrent l’opposition entre les planteurs et les commerçants de Guayaquil et les notables de la montagne, riches de leur domination sur les Indiens endettés. Si l’opposition ne conduit pas à la guerre sans merci, c’est que la côte est menacée d’annexion par le Pérou, tandis que la Sierra redoute la Colombie.
Le XIXe siècle
y La guerre civile. En 1845, ce système d’arbitrage, exercé par des militaires étrangers entre les deux groupes maîtres de l’économie et de la société, s’effondre ; la réapparition de Flores, à la tête d’une expédition mal organisée par l’Espagne, déchaîne la guerre civile et provoque une réaction contre le « militarisme étranger ».
y Les libéraux : 1845-1859. Le libé-
ralisme, fort de l’appui de Guayaquil (les commerçants et les planteurs sont partisans du libre-échangisme, qui va dans le sens de leurs intérêts), fait passer des mesures juridiques (libération des esclaves) qui ne changent rien à la réalité sociale du pays et ne modifient pas son bipartisme économique.
y Les conservateurs. De 1859 à
1875, l’Équateur connaît une solution originale sous la dictature progressiste et théocratique de Gabriel García Moreno (1821-1875), fils de riches commerçants de Guayaquil,
libéral comme les hommes de sa
classe, passé au catholicisme socio-politique le plus intransigeant. Il lutte d’abord contre Flores, puis contre les militaires libéraux entre 1846 et 1859
et prend le pouvoir à la faveur de la guerre avec le Pérou. Après s’être appuyé sur l’aristocratie de Quito pour mater Guayaquil, García Moreno,
président de la République de 1861
à 1865 et de 1869 à 1875, s’impose à elle et construit un État moderne qui lui permet, avec l’appui populaire, de museler les élites. Ce dictateur thé-
ocratique entreprend de moderniser et de civiliser son pays : des prêtres français sont chargés d’alphabétiser et d’éduquer à tous les niveaux ; l’armée est disciplinée et mise au service de l’État ; la grande entreprise, c’est la construction du chemin de fer Guayaquil-Quito, destiné à débloquer la Sierra.
En 1875, García Moreno est assas-
siné, et les conservateurs traditionnels prennent sa succession pour vingt ans.
Ils abandonnent son style dictatorial, mais, en même temps, son progressisme. C’est l’oligarchie de la Sierra qui est au pouvoir. García Moreno, qui fut détesté et calomnié, a pourtant inspiré de l’admiration jusque chez ses ennemis, par son honnêteté absolue et par son dévouement à la cause publique.
Le XXe siècle
y 1895-1930 : libéraux et conser-