La parachimie fournit des produits plus valorisés. Déjà anciennes sont la parfumerie de la Région parisienne, la fabrication des produits pharmaceutiques (Paris, Lyon) et celle des produits photographiques. Les industries récentes, dérivées de la chimie organique, sont en pleine expansion.
Amorcée en 1958 sur la Basse-Seine et sur l’étang de Berre, la fabrication du caoutchouc synthétique a été portée à plus de 275 000 t. Plus récente encore est la production des matières plastiques : la région lyonnaise s’inscrit en tête, dans un bilan régional, devant la Basse-Seine, la Région parisienne, le Nord et Lacq.
La chimie parisienne est la première de France. L’ampleur du marché de consommation et les possibilités de vente à l’étranger y ont suscité le dé-
veloppement d’activités très variées, desquelles émergent la fabrication des produits photographiques et pharma-
ceutiques, celle des peintures et des vernis et la parfumerie ; à Paris sont les sièges des grandes sociétés et des laboratoires de recherche. Presque aussi diversifiée est la chimie lyonnaise.
Partout ailleurs, on trouve surtout de grosses usines exploitant une richesse naturelle et employant des effectifs limités de main-d’oeuvre.
Les industries du bois
Bois et forêts couvrent plus de
13,5 Mha, près du quart du pays : c’est en partie le résultat d’un reboisement spontané, lié à plus d’un siècle d’abandon agricole, mais aussi au boisement de terres incultes (Landes, Sologne) et à une politique systématique de reboisement (1,3 Mha de 1947 à 1969). Les grandes régions forestières sont situées au sud-est d’une ligne La Rochelle-Charleville : est du bassin de Paris et Vosges (40 p. 100 de la superficie française), Jura et Alpes du Nord, Massif central, Landes et Pyrénées. Mais cette forêt est de valeur très inégale : n’est véritablement exploitée de façon rationnelle que la forêt contrôlée par l’administration des Eaux et Forêts (plus du tiers). L’exploitation donne downloadModeText.vue.download 18 sur 573
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chaque année un peu plus de 17 M de grumes (dont 45 p. 100 de feuillus et 55 p. 100 de résineux), dont on tire ensuite des bois de sciage et des bois de papeterie et d’industrie.
Bois français, bois importés des pays du Nord et des pays tropicaux sont utilisés par une industrie très diversifiée.
Très étroitement localisées sont certaines activités : exploitation du chêne-liège (Roussillon, Landes), production de résine (moins de 50 000 hl par an, surtout dans les Landes). La production de bois de mine, déjà ancienne, se maintient plus ou moins, pour des marchés intérieurs et extérieurs, dans les Landes et surtout dans le Nord-Est.
Prospère aussi est la fourniture de bois de sciage, qui est essentiellement le fait de petites entreprises, dont la plupart sont volantes. La production de contre-
plaqué, qui traite des bois de France et du Gabon (une cinquantaine d’usines), est en pleine expansion. Utilisant de plus en plus de bois importés, l’industrie du meuble reste en partie artisanale ; Paris (faubourg Saint-Antoine) est de très loin le premier centre d’une industrie qu’on trouve aussi dans le Nord, en Alsace, dans la région lyonnaise et à Bordeaux.
Si la fabrication de papier de paille et de chiffon est très ancienne, celle de cellulose ne fut entreprise qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale. 300 usines environ, employant 50 000 personnes, produisent un peu plus de 1,7 Mt de pâte à papier, transformée sur place en papier et en carton.
La plus grande partie de ces usines est située à proximité des gros utilisateurs de papier, ainsi que dans les ports d’importation : le Nord, la Basse-Seine et la Région parisienne fabriquent près de la moitié de ce papier.
Les industries alimentaires
Les industries agricoles et alimentaires travaillent à 90 p. 100 pour le marché français. Une gamme assez variée d’industries valorise des produits récoltés en France. Plus de 4 Mt de farine sont obtenues chaque année dans près de 3 500 moulins et surtout dans de grosses minoteries, notamment autour de Paris. La plus grande partie des semoules (près de 400 000 t) est fabriquée à Marseille, qui reçoit le blé dur nord-africain ; sont aussi livrées plus de 300 000 t de pâtes, pour 75 p. 100 à Marseille, Paris et Lyon. 80 p. 100 de la bière sont fabriqués dans le Nord-Est, dans le Nord et à Paris. Moins de 75 usines ont, en 1970, produit près de 2,5 Mt de sucre : près de 50 p. 100 sur les confins de la Picardie et du Soisson-nais (Somme et Aisne), 20 p. 100 dans le Nord, 20 p. 100 dans la Région parisienne (Brie). Le développement des cultures légumières et fruitières s’est accompagné de celui de la conserverie, notamment dans la moyenne Garonne, la Bretagne méridionale et le Sud-Est.
L’élevage est à l’origine d’une industrie alimentaire importante et diversifiée : près de 500 000 t de beurre, plus de 650 000 t de fromage (et 314 000 t
de yaourt), 175 000 t de lait concentré entier et 650 000 t de lait sec écrémé.
Alors que la production de beurre plafonne, celle de fromage continue à augmenter et celle de lait croît très vite.
Les pays de l’Ouest consacrent la plus grande partie de leur lait à la fabrication de beurre (plus de 50 p. 100 en Bretagne et dans les Charentes, de 50 à 70 p. 100 dans le reste du Centre-Ouest et en Normandie), mais l’ampleur de la production permet la fabrication de fromages (Basse-Normandie). Les plus grosses quantités de fromage sont en fait produites dans les départements de l’Est (Lorraine) et du Jura, en Savoie, où plus de la moitié du lait y est consacré. Notable est la fabrication des fromages dans le Massif central (Cantal, Aveyron).
De puissantes industries alimentaires traitent des produits agricoles importés du monde intertropical, notamment d’Afrique noire. Les usines traitant des produits lourds sont dans les ports : ainsi les huileries (Le Havre, Marseille, Bordeaux, Dunkerque). La valorisation des produits plus légers et plus chers (cacao et chocolaterie, torréfaction du café) se fait davantage à proximité des marchés de consommation.
Conclusion :
disparités régionales
et décentralisation
industrielle
L’empreinte industrielle est fort diffé-
rente selon les régions. À l’est d’une ligne tirée de la Basse-Seine à la Région parisienne, à Saint-Étienne et au delta du Rhône (et englobant ces diverses régions) est la France industrielle ; 90 p. 100 de l’acier coulé en France le sont le long de la frontière belge et allemande ; exception faite de celle de Rennes, toutes les grandes usines d’automobiles sont dans la vallée de la Seine, à Montbéliard et à Lyon. Les neuf dixièmes des ouvriers du textile et plus des quatre cinquièmes de ceux de la chimie sont employés dans ces régions. 75 p. 100 de l’électricité sous haute tension consommée en France l’est dans ce même ensemble, notamment dans la Région Rhône-Alpes, le Nord, la Lorraine et à Paris. Près des trois quarts des actifs du secteur secon-
daire travaillent dans ces régions.
Dans cet ensemble, et à la limite des contrées insuffisamment industrialisées de l’Ouest français, Paris tient une place prépondérante dans le bilan de l’industrie nationale. Le quart des salariés de l’industrie travaillent dans la Région parisienne, dont les entreprises réalisent de très loin le chiffre d’affaires global le plus élevé de France.
Plus de la moitié des sièges sociaux de sociétés françaises sont à Paris, et les entreprises parisiennes commandent à plus de 1,3 M de salariés travaillant en province : 40 p. 100 des ouvriers français dépendent de décisions
parisiennes.
À la suite de cris d’alarme lancés notamment par J.-F. Gravier (« Paris et le désert français ») et par le ministre Claudius Petit, on prit peu à peu conscience de ces graves déséquilibres qui étaient eux-mêmes générateurs de fortes disparités régionales. Les comités d’expansion défrichèrent le terrain et ouvrirent la route à une politique d’aménagement qui prit forme en 1955