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Mais la disposition n’est pas tout, et il est bien des éléments du relief qui ne concordent pas avec l’architecture mise en place. D’autres facteurs sont intervenus pour élaborer le modelé.

La trame de l’évolution du

modelé

Certains traits de la morphologie du pays se sont réalisés alors même que se mettaient en place les lignes structurales essentielles. Les volumes créés appelaient d’eux-mêmes les forces de l’érosion : celles-ci ont décapé les terrains sédimentaires restant sur les massifs anciens, sauf là où ils étaient trop épais (Causses) ; elles ont buriné les versants et creusé les couloirs qui acheminaient les débris arrachés aux montagnes.

En outre, de vastes aplanissements ont pu se constituer sous les climats tropicaux qui ont dominé durant l’ère tertiaire, rabotant les massifs anciens comme les marges des montagnes et les parties émergées des bassins sédimentaires. Certains furent antérieurs aux phases alpines majeures, et d’autres postérieurs. Il en est qui ont même joué un rôle dans les modalités des plissements, car ils ont alors modifié les données mécaniques et volumétriques pour les phases orogéniques ultérieures. En tout cas, les reliefs hérités du Tertiaire intégraient des caractères dont l’ori-

gine n’était pas que structurale. C’est ainsi que la disposition du réseau hydrographique lorrain, par exemple, est le fait de la pente vers le nord d’un aplanissement ; c’est en fonction de surfaces couvrant à la fois le Massif central et ses pays bordiers au nord et à l’ouest que s’expliquent les topographies du sud du Bassin parisien et de l’Ouest aquitain (vastes épandages de sable de la Sologne, de la Brenne, des brandes du Poitou et du Périgord comme de la Double).

Le court moment (1 million d’an-

nées) du Quaternaire a aussi apporté une contribution essentielle et multiforme. Le refroidissement du climat a permis à plusieurs reprises une extension considérable des glaciers.

Pyrénées, Vosges du Sud, sommets du Massif central et de Corse en ont abrité, tandis que ceux des Alpes, plus puissants, descendirent jusqu’à Lyon et recouvrirent presque tout le Jura. Sculptant des cirques, défonçant les vallées, ils furent responsables de l’aération des montagnes comme de downloadModeText.vue.download 3 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9

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divers aspects de leur beauté. Ceux qui subsistent actuellement (500 km 2 dans les Alpes, 25 km 2 dans les Pyrénées) ne représentent plus qu’une très faible part de leur importance d’alors.

Dans les régions plus basses, ou plus sèches, le froid est intervenu sur le modelé par l’action du gel. Les dé-

bris de roches ainsi fragmentées sont venus tapisser les versants, encombrer les fonds de vallée. La végétation étant raréfiée, le vent a pu y prélever de quoi former les vastes manteaux de loess qui enrobent bien des bas plateaux du Bassin parisien, du Nord et quelques contrées alsaciennes. Mais, indirectement, le froid est également responsable de phénomènes plus gé-

néraux. Modifiant les conditions de l’écoulement des eaux, il a permis le façonnement de nombreux versants en glacis lorsque les roches s’y prêtaient.

Puis, avec le stockage de l’eau dans les énormes glaciers du globe, le niveau

des mers a sensiblement baissé, ce qui a provoqué presque partout l’incision des vallées par les cours d’eau, puissamment alimentés pendant les périodes de dégel (bon nombre des rivières sont aujourd’hui dans leurs vallées comme dans un vêtement trop grand ; leurs méandres sont flétris, leurs lits encombrés). On peut donc estimer que le « modelé en creux » que l’on observe est, pour une bonne part, le fait de cette période somme toute récente : mise en valeur (et évolution) des reliefs de côtes, approfondissement des gorges des massifs anciens ainsi transformés en « pays coupés ». La variété des terroirs et de leurs aptitudes est de même partiellement due à cette période quaternaire : terrasses fluviales sur les bords des principales vallées, cônes édifiés par les eaux de fonte des glaciers au débouché des montagnes (bas Dauphiné, Lannemezan), couvertures de loess, sols mêlés des versants, etc.

Sur les côtes, les oscillations du niveau marin ont pu, par places, retoucher le modelé continental, mais c’est surtout lorsque, à la fin des grandes glaciations, le niveau des eaux s’est relevé (jusqu’à dépasser légèrement les côtes actuelles) que les rivages ont pris la physionomie que nous leur connaissons. Les basses vallées élargies et approfondies devinrent des estuaires ou des « rias » que maintenant la marée remonte. Sur les basses terres s’édifièrent des marais que l’homme tentera de conquérir (polders). Le tracé du littoral est désormais acquis, et les retouches ultérieures seront fort limitées : poursuite de l’édification du delta du Rhône, de l’envasement de certains golfes ou estuaires, du colmatage des étangs languedociens, remaniement des dunes landaises par exemple.

Présentement, l’évolution du relief est ralentie presque partout (sauf dans le domaine soumis au climat méditerranéen et dans les montagnes) grâce à la protection d’un couvert végétal suffisamment dense, que l’on doit au caractère tempéré du climat actuel.

L’organisation du relief

Une grande ligne en S, allant de la

Montagne Noire (sud-ouest du Massif central) aux Vosges par les Cévennes, le Vivarais, le Charolais, le plateau de Langres, jalonne la limite entre deux espaces. À l’ouest, c’est le domaine hercynien et la France des grandes plaines et des bas plateaux, aux horizons marqués par les aplanissements et par l’incision des vallées, ou par le moutonnement des collines dont l’altitude reste faible. Les reliefs sont suffisamment atténués pour que la circulation soit aisée, sauf au coeur du Massif central et des Vosges. La ligne préci-tée rassemble précisément les points culminants des unités géologiques qui s’y terminent, et les seuils qu’elle comporte s’en trouvent valorisés d’autant.

C’est sur elle que prennent naissance un grand nombre de fleuves et de rivières, du Tarn à la Moselle, en passant par la Loire et la Seine ; c’est la limite entre les bassins hydrographiques gagnant l’Océan ou ses mers annexes, et ceux qui sont dirigés vers la Méditerranée.

Les premiers ne tiennent pas compte des différentes unités géologiques, tant fut étroite la solidarité morphologique entre les massifs anciens et les bassins sédimentaires. À l’est et au sud dominent les montagnes mises en place par les grands mouvements tertiaires et leurs avant-pays, ainsi que quelques secteurs effondrés (Alsace, plaine de la Saône). C’est la France aux reliefs jeunes, aux contrastes topographiques accusés, aux systèmes hydrographiques plus complexes, guidés par les accidents structuraux.

À l’intérieur de ces deux unités, les nuances sont d’un autre ordre. Dans les chaînes de formation récente, les zones géologiques ordonnent la répartition des paysages. Mais d’autres différences proviennent du degré de la marque glaciaire et de l’agressivité des eaux courantes. Ainsi le Jura, atteint par les glaces mais non sculpté par elles, a un relief moins heurté que les Préalpes et les Alpes ; les Alpes du Sud et les Pyrénées orientales doivent beaucoup de leurs traits physiques à la torrentialité méditerranéenne. Dans la France hercynienne, certaines distinctions se fondent surtout sur la nature des roches. Les formes lourdes, les dislocations compactes, les vieilles sur-