gories : celles dont le dynamisme fort doit être simplement « accompagné », celles dont l’économie, insuffisamment dynamique, nécessite des moyens d’entraînement. Il reste que d’âpres conflits, notamment au cours de l’élaboration des derniers plans, ont opposé représentants des régions de l’Est et de l’Ouest : c’est un autre aspect du BALANCE COMMERCIALE
ET BALANCE DES
PAIEMENTS
contraste entre les deux France.
L’ÉQUILIBRE
ÉCONOMIQUE :
S. L.
En dépit de grandes réalisations et de progrès considérables réalisés depuis un quart de siècle dans le domaine économique, la France parvient difficilement à équilibrer sa balance commerciale et sa balance des paiements : de là l’origine des dévaluations auxquelles il a fallu procéder.
Le commerce extérieur
La balance commerciale
L’activité commerciale ne cesse de s’accroître, nourrie par l’expansion économique, accrue de façon artificielle par l’inflation, qui gonfle les prix, et stimulée à plusieurs reprises par la politique économique et financière de l’État, en particulier par les deux dé-
valuations de 1958-59 et de 1969. En 1950, des marchandises d’une valeur globale de 21 milliards de francs (actuels) avaient franchi les frontières ; en 1954, l’activité commerciale avait porté sur 30 milliards et, en 1959, sur 53. C’était encore peu (en valeur absolue du moins) au regard de l’expansion connue au cours de la décennie suivante : près de 73 milliards en 1962, plus de 100 en 1965, et 180 en 1970. Le montant des opérations commerciales a environ triplé (en valeur) en dix ans et a été multiplié par près de neuf en vingt ans. Mais le volume des échanges internationaux effectués par la France est encore inférieur de moitié au commerce britannique, des deux tiers à celui de la République fédérale d’Allemagne, et il est deux fois et demie plus faible que celui des États-Unis (ce qui se conçoit mieux).
L’équilibre de la balance commerciale française a toujours été précaire.
Il est réalisé quand les exportations, calculées franco à la frontière (free on board ou fob) équivalent à 93 p. 100
environ des importations, dont la valeur est fixée à l’arrivée (coût, assurance, fret ou caf). Exception faite d’une courte période d’équilibre en 1954, la balance a été constamment déficitaire de 1950 à 1958. La dévaluation qui accompagna l’instauration du franc lourd
donna un coup de fouet aux exportations et permit le redressement de la balance commerciale jusqu’à la fin de 1962. Suivit une lente dégradation, qui devait atteindre son paroxysme avec la crise de 1968, puis vint la relance économique (nécessitant des importations massives) : de là la dévaluation de l’été de 1969, elle-même génératrice d’une reprise des exportations et d’un redressement de la balance commerciale dans les années 1969-1971.
À l’image des autres pays industriels européens, la France vend essentiellement des produits manufacturés, ce qui lui permet d’acheter nombre de machines et d’objets qu’elle ne produit pas, ainsi que des denrées alimen-downloadModeText.vue.download 26 sur 573
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taires, des produits énergétiques et des matières premières. Au cours des deux dernières décennies, ces ventes ont représenté des deux tiers aux trois quarts des exportations (près des trois quarts aujourd’hui) : les produits de la métallurgie (aciers, fontes et métaux, machines et matériel de transport, dont les automobiles) viennent nettement en tête dans ce bilan. La France vend aussi des produits agricoles (plus de 15 p. 100 des exportations), essentiellement des vins, des eaux-de-vie et des céréales ; elle réexpédie en outre des hydrocarbures raffinés sur son territoire. Plus de la moitié du montant des importations correspond aux achats de produits industriels ; là aussi, les produits métallurgiques représentent le poste le plus important (près de 15 p. 100 des importations sont des achats de machines). Ces achats pèsent au total beaucoup plus lourdement sur la balance commerciale que ceux des produits agricoles (viandes, fruits et lé-
gumes notamment), des combustibles (essentiellement des hydrocarbures) et des matières premières minérales et textiles, qui représentent 10 à 15 p. 100
des achats (en valeur). Au total, si la balance commerciale est en équilibre, voire en léger excédent pour les produits agricoles et alimentaires d’une part, les objets manufacturés d’autre
part, elle est nettement déficitaire pour les matières premières et surtout pour les combustibles. On mesure quelle menace constitue pour l’économie française un relèvement des cours mondiaux de ces produits, notamment des hydrocarbures. On voit aussi combien est nécessaire l’exportation de produits industriels pour équilibrer la balance commerciale.
Si la France a noué des relations avec tous les pays du monde, les plus solides ont été tissées avec les pays de l’Atlantique Nord (plus de 85 p. 100
des importations et plus de 75 p. 100
des exportations) et avec les États africains de la zone franc (9 p. 100 des achats et 11 p. 100 des ventes). En fait, une lente évolution s’est produite au cours des quinze dernières années. À
la suite de la décolonisation, les liens commerciaux avec les États de la zone franc se sont quelque peu distendus, et la balance commerciale avec chacun d’entre eux laisse bien souvent un solde négatif. Par contre, les échanges sont de plus en plus nombreux avec les pays européens : environ les trois quarts du mouvement commercial
global en 1970, près de la moitié avec les États de la C. E. E. d’alors. Parmi ceux-ci, la R. F. A. est, de loin, le premier partenaire commercial de la France : 20 p. 100 des échanges réciproques, soit autant que tous les échanges avec les cinq membres initiaux de la C. E. E., près du double de ceux qui sont effectués avec l’ancienne A. E. L. E. (Grande-Bretagne incluse) et le triple de ceux qui sont réalisés avec l’Amérique du Nord. L’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté économique européenne va encore renforcer l’orientation « européenne » du commerce extérieur français. Il reste que, la plupart du temps, la balance est déficitaire avec les autres États de la C. E. E. et bien souvent aussi avec la Grande-Bretagne. Comme il en est de même avec l’Amérique du Nord, on voit quelles charges pèsent sur l’économie française.
Les échanges croissants avec l’exté-
rieur se font par les postes frontières continentaux, par les ports maritimes et, en très faibles tonnages, par les aé-
roports. S’ajoute du reste à l’activité
purement nationale de ces organismes une fonction de transit (ainsi pour les hydrocarbures à Marseille).
Les échanges continentaux
Une intense activité anime les frontières du Nord-Est. Si le trafic des minerais de fer, notamment vers la Belgique, a diminué depuis quelques années, il se maintient vers le Luxembourg. De plus, un mouvement intense et croissant de camions (près de 20 Mt) intéresse les postes frontaliers du Nord, justifiant à l’avance l’achèvement des jonctions autoroutières Paris-Cambrai-Bruxelles et Lille-Anvers. Plus importants encore sont les échanges entre la France et l’Allemagne fédérale. Le charbon de la Ruhr et de la Sarre à destination de la Lorraine et le minerai de fer lorrain expédié en Sarre sont en grosse majorité transportés par rail et transitent par le poste frontière de Thionville. Matériaux de construction et produits sidérurgiques contribuent à animer la navigation sur la Moselle. Dans les ports rhénans, celui de Strasbourg au tout premier rang, arrivent des charbons, des matériaux de construction et des produits agricoles et partent, notamment, de la potasse alsacienne vers le Nord, des hydrocarbures raffinés à Strasbourg vers la Suisse du Nord : près de 15 Mt passent par les ports du Rhin, soit un peu plus que sur les canaux entre la France et la Belgique.