Exception faite de Paris et de ses environs, qui attirent une grosse majorité de touristes étrangers, ceux-ci se mêlent aux Français dans les régions périphériques, qui sont les plus fré-
quentées : la côte provençale (Var et Alpes-Maritimes), le littoral atlantique de la Charente-Maritime au Finistère, les deux départements savoyards. Le tourisme en France est essentiellement estival (près de 55 p. 100 des Français partent entre le 1er juillet et le 15 août, époque de l’année où vient aussi le plus grand nombre d’étrangers) et côtier (40 p. 100 des séjours dans les stations balnéaires, qui accueillent actuellement près de 12 millions de touristes).
Bien qu’en progrès constants (3,3 millions de touristes en 1969), les sports d’hiver restent encore l’apanage d’une minorité aisée et de jeunes, compte tenu des prix et de la relative insuffisance de l’équipement : les Alpes du Nord en attirent le plus grand nombre.
Par ailleurs, si un Français sur trois, de condition modeste, va séjourner à la campagne, le plus souvent chez un parent, 3 p. 100 seulement effectuent des voyages touristiques.
Il est plus délicat d’apprécier le rôle des investissements étrangers dans la balance des paiements : au moment de leur réalisation, ils s’inscrivent positivement, mais ensuite ils entraînent un déficit du fait du rapatriement des bénéfices. Le gouvernement, qui avait pratiqué une politique hostile aux capi-
taux étrangers jusqu’en 1965, a assoupli sa position sur ce point. En fait, plus que des capitaux originaires de la C. E. E. (dont un article du traité de Rome prévoit la libre circulation), soit 17 p. 100 des investissements étrangers, le gouvernement était inquiet de la pénétration des capitaux nord-amé-
ricains : 45 p. 100 du total à l’époque.
Ajoutons que l’embauche de gros
effectifs de travailleurs étrangers est à l’origine d’un poste débiteur de la balance des paiements.
Conclusion
Au total, un équilibre seulement pré-
caire est établi. C’est une des constantes de la vie économique française depuis plusieurs décennies. Il rend nécessaire le recours à une fiscalité croissante, et lourde. Mais, au fond, c’est l’apanage des pays riches. Toutes ces difficultés ne doivent cependant pas trop ternir la réalité. La France de 1970 est le résultat d’une période de développement et d’enrichissement comme le pays n’en n’avait jamais connu auparavant.
Aussi, en Europe, seules la Suisse et la Suède ont-elles un produit national brut par habitant supérieur à celui de la France (à peu près à égalité avec le Danemark), qui n’est dépassé ailleurs que par ceux des États-Unis et du Canada. C’est là un résultat d’autant plus encourageant que ce même produit national brut par habitant croît plus vite que ceux des pays industriels voisins, après les avoir dépassés.
Le commerce intérieur
En 1966, le commerce intérieur occupait près de 3,6 millions de personnes (dont pratiquement les deux tiers seulement de salariés), c’est-à-dire près du cinquième de la population active, disséminées dans près d’un million d’entreprises. C’est caractériser la dispersion de ce secteur, notion qui doit être toutefois de plus en plus nuancée. En effet, les années 1960 ont enregistré une régression des petits établissements liée à la rapide progression des magasins de vente à grandes surfaces. Les hypermarchés (surface de vente au moins égale à 2 500 m 2) nés en 1968 étaient déjà au nombre de 209 à la fin de 1972. De 1960
à 1972 inclus, le nombre des supermarchés (surface de vente comprise entre 400
et 2 500 m 2) est passé de 47 à 2 334. Il y
a concentration des points de vente, iné-
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La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9
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gale selon les régions (les grandes surfaces s’établissent dans des agglomérations de plusieurs milliers ou dizaines de milliers de personnes, ou à proximité de celles-ci) et les branches de l’activité commerciale (l’alimentation est particulièrement affectée). Cette concentration doit se traduire, au cours des années 1970, par une diminution du nombre des entreprises commerciales plus rapide que celle de l’effectif pléthorique employé dans ce secteur.
R. O.
S. L.
F Aériens (transports) / Aéronautique et aérospatiale (industrie) / Aménagement du territoire
/ Automobile / Autoroute / Budget / Canal /
Chemin de fer / Chimiques (industries) / Ciment
/ Commerce international / Distribution / Électricité / Électrique (industrie de la construction) /
Énergie / Gaz / Mécanique (industrie) / Métallurgique (industrie) / Navale (industrie) / Navigation
/ Pétrole / Pharmaceutique (industrie) / Sidérurgique (industrie) / Textile (industrie) / Transports.
V. également les articles consacrés aux régions, aux départements et aux grandes villes.
E. de Martonne, la France physique, t. VI, vol. 1 de la Géographie universelle (A. Colin, 1 942). / A. Demangeon, la France économique et humaine, t. VI, vol. 2 de la Géographie universelle (A. Colin, 1946). / J. Chardonnet, l’Économie française (Dalloz, 1958-59 ; nouv. éd., 1970 et suiv. ; 2 vol. parus). / P. Pinchemel, Géographie de la France (A. Colin, 1964 ; 2 vol. ; 3e éd. du 2e vol., 1969). / M. Le Lannou, les Régions géographiques de la France (C. D. U., 1965 ; 2 vol.). / R. Clozier, Géographie de la France (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1970). / A. De Lattre, la France (Sirey, 1967). / P. George, la France (P. U. F., coll. « Magellan », 1967). / J. Beaujeu-Garnier, la Population française (A. Colin, coll. « U 2 », 1969). /
R. Brunet (sous la dir. de), Découvrir la France (Larousse, 1972-73 ; 7 vol.).
LES INSTITUTIONS
FRANÇAISES
Les institutions de la Ve République, telles qu’elles ont été édifiées par la Constitution du 4 octobre 1958, le réfé-
rendum constitutionnel du 28 octobre 1962 et les « coutumes » établies par les présidents Charles de Gaulle et Georges Pompidou, sont caractérisées notamment par la prééminence du rôle du président de la République, par l’introduction d’un régime parlementaire plus proche des traditions britanniques que des tendances des IIIe et IVe Ré-
publiques, par le développement d’un système de contrôle de la constitutionnalité des lois, enfin par la réapparition, au sein d’institutions représentatives, de certaines pratiques de démocratie directe disparues après l’usage qu’en avaient fait les deux Napoléon.
Le rôle prééminent
du président de la
République
Les lois constitutionnelles de 1875 —
élaborées par une majorité monarchiste
— avaient donné au chef de l’État les pouvoirs d’un monarque dans un régime parlementaire de type « orléaniste ». À la suite de l’erreur commise par le premier président de la IIIe Ré-
publique, Mac-Mahon, et du fait du manque de « présence » de la plupart de ses successeurs, les fonctions effectives du président apparurent rapidement comme surtout représentatives.
En réalité, le chef de l’État pouvait jouer un rôle sensible dans la coulisse : rôle politique dans le choix du chef du gouvernement, qui lui incombait le plus souvent du fait de l’absence de majorité parlementaire due à l’émiettement des partis et au jeu particulièrement complexe de certaines personnalités ; magistrature morale dans certaines discussions au Conseil des ministres.
Les deux présidents de la IVe République (Vincent Auriol, René Coty) renforcèrent l’efficacité de ce rôle effacé, bien que la Constitution du 27 octobre 1946 ait réduit leurs prérogatives légales et transféré soit au président du Conseil, soit au gouvernement dans son ensemble la plupart des pouvoirs que les lois constitutionnelles de 1875