faces creusées de gorges, une dissection dense en rapport avec des terrains imperméables sont le lot des massifs cristallins aux sols acides et lessivés ; les étendues rocailleuses et burinées des plateaux calcaires secs, aux ri-vières plus rares, affectées de pertes, contrastent avec eux. Mais, ailleurs, l’organisation du relief, dans le détail, combine la structure et l’agencement hydrographique ; les aptitudes physiques y dépendent aussi des terrains superficiels.
Modération et variété de
l’ambiance climatique et leurs
conséquences
Les oppositions fondamentales réalisées sur le plan du relief ont leur transposition dans les nuances du climat ; il n’y a pas exacte coïncidence toutefois.
Les « Midis » aquitain et méditerranéen, par leurs hivers atténués et leur chaleur estivale, s’apparentent déjà aux climats subtropicaux. Le reste de la France s’inscrit dans la zone tempérée stricto sensu ; mais les mers, la continentalité, la latitude et le relief se combinent pour en diversifier les caractères. L’ample ouverture du territoire sur l’Atlantique et ses annexes (Manche, mer du Nord), bénéficiant des effets de la dérive des eaux chaudes (prolongement du Gulf Stream), permet une large extension des temps perturbés de l’Ouest, caractéristiques des climats tempérés et de l’ambiance
« océanique ». Des pluies fréquentes et abondantes réparties sur toute l’année, des contrastes thermiques modérés (action régulatrice des eaux maritimes) entre un hiver « tiède » et un été frais sont les caractères dominants. Mais downloadModeText.vue.download 4 sur 573
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la latitude explique que les hivers de Dunkerque n’aient que 2 à 3 °C de température moyenne, contre 6 à 7 °C à Brest et sur toute la côte atlantique. À
mesure que l’on progresse vers l’inté-
rieur aussi, les étés deviennent plus chauds, alors que les hivers voient les froids s’accuser. Les endroits déprimés, les bas plateaux situés à plus de
100 km des rivages deviennent plus secs (Beauce, pays de la Loire, plaine de Toulouse : 500 à 600 mm de pluies par an, contre 700 à 1 200 mm sur les côtes). La progression des altitudes dès la Lorraine, le sud-est du Bassin parisien et le Limousin y permet cependant une recrudescence des précipitations, dans lesquelles la neige joue un rôle non négligeable.
Le climat méditerranéen s’étend
jusqu’à la rencontre de la ligne des reliefs qui, au sud et au sud-est, ourlent le Massif central ; il déborde jusqu’à la haute Durance et à la Drôme sur les reliefs méridionaux des Alpes. Le rétré-
cissement du couloir rhodanien et les montagnes empêchent une extension plus grande vers le nord des rythmes et des traits de ce type climatique original, caractérisé par une sécheresse accusée de l’été, des pluies de saisons froides tombant en brutales averses, une luminosité exceptionnelle de l’atmosphère, des vents locaux violents (mistral). Associé à des pentes importantes, un tel climat favorise le ruissellement, l’érosion des sols, l’évaporation ; le déficit estival des sols en eau oblige l’agriculteur à pratiquer l’irrigation, tout comme la brutalité des crues menace les établissements humains dans les vallées ou à leur débouché et permet les atterrissements du littoral.
Les travaux hydrauliques y sont, par conséquent, nécessaires pour des raisons multiples.
Les reliefs les plus importants
créent encore d’autres milieux climatiques. Les bassins d’effondrement se signalent par l’exagération des tendances continentales : rigueur des hivers (0,6 °C en janvier à Strasbourg), persistance de l’enneigement, même s’il est peu abondant, occurrence plus fréquente du gel et chaleur des étés accompagnée de manifestations orageuses (Alsace, Limagne, plaine de la Saône). On peut y ajouter la possibilité, en hiver, d’inversions de température du fait de la stagnation de l’air froid dans ces dépressions, pendant que les reliefs encadrants, exposés aux vents d’ouest, reçoivent de l’air moins froid.
Dans les massifs montagneux, l’altitude accentue le froid hivernal (– 5 à 15 °C) dans les Alpes et réduit la cha-
leur de l’été (autour de 10 à 15 °C), car la diminution des températures est de l’ordre de 1 °C pour 200 m en moyenne.
Cela n’exclut pas cependant un ensoleillement important, que dissimulent les chiffres moyens. L’exposition y multiplie les contrastes locaux, tels que ceux qui se manifestent entre les versants orientés au sud et à l’est (adrets, soulanes), ensoleillés et cultivés, et les versants tournés vers le nord et l’ouest (ubacs, ombrées), plus frais et plus boisés. Elle engendre, à l’échelle des montagnes entières, des nuances entre les secteurs accessibles les premiers aux vents pluvieux d’ouest (Vosges, Pré-
alpes et Jura, ouest du Massif central et des Pyrénées) et l’intérieur du massif alpestre ou le centre et l’est des Pyré-
nées. L’altitude, de toute façon, régé-
nère les conditions favorables aux pré-
cipitations. Dans cette augmentation des précipitations, une partie notable tombe sous forme de neige. Capitalisées ainsi (ou sous forme de glace), les eaux sont restituées en saison chaude aux rivières, qui, de ce fait, ont des régimes à fortes pulsations (selon la part de la neige et des pluies, ou les interférences de fonte et de pluies, les rythmes d’écoulement et les crues sont plus ou moins complexes). Abondants et rapides à cause des pentes, les cours d’eau acquièrent une puissance élevée d’érosion qui marque les paysages : importance des ravinements et des cônes de déjection, chenaux instables des rivières dans les fonds de vallée. Heureusement, l’humidité favorise un couvert végétal protecteur, étagé. Aux prés et aux champs des parties inférieures des versants succèdent les forêts, de feuillus d’abord, puis de conifères jusque vers 1 500 - 1 800 m. Au-dessus, une pelouse (les « alpages ») de plantes adaptées à la longueur et à la rudesse de l’hiver s’étend jusqu’aux pierrailles et aux neiges persistantes, qui commencent vers 3 000 à 3 500 m.
Climats et reliefs engendrent donc deux grands ensembles spatiaux, une France occidentale, où l’emportent les faibles altitudes, les contrastes de reliefs atténués, les traits océaniques du climat, la variété des sols, les rivières à régime pluvial ou pluvionival, et une France marquée par de forts contrastes de relief et de climats.
Ici dominent les fortes dénivellations, et les volumes montagneux s’y étendent bien plus que les plaines : les climats se diversifient, prennent des caractères plus tranchés et ont des consé-
quences plus sensibles ; la circulation est rendue plus difficile. Les couloirs de plaine s’en trouvent valorisés.
Les familles de paysages
Les massifs anciens
Les vieilles terres des montagnes usées se signalent par des paysages profondément liés à la nature des roches.
Celles-ci commandent parfois le modelé de détail ; mais en tout cas elles sont, par leur rigidité, responsables du comportement des terrains lors des mouvements du sol ; leur composition siliceuse se répercute sur les sols qui en dérivent, tout comme leur imperméabilité les prédispose aux landes et aux forêts.
Ces roches sont : des sédiments anciens, fortement redressés et plissés, où dominent les schistes, les grès et les quartzites (les calcaires sont parfois présents, mais dans de faibles proportions) ; des matériaux métamorphiques, c’est-à-dire partiellement « digérés »
par les roches cristallines de profondeur (schistes, gneiss) ; ou encore des affleurements de terrains de la famille des granites. Cette composition, même lorsqu’elle est variée, atténue les aptitudes à l’érosion différentielle, qui n’est exploitée que de manière subordonnée. La cohérence des matériaux les a rendus aptes à conserver la trace des surfaces d’aplanissement qui les ont successivement retouchés après le démantèlement posthercynien, et leur résistance à l’incision fait alterner les interfluves lourds et les vallées en gorge, par l’intermédiaire de versants convexes.