« fait littéraire » comme sous-ensemble déterminé de tout un contexte social, et d’un risque de sclérose scolastique, dans la mesure où cette théorisation du fait littéraire aggrave l’hermétisme de ses productions. Le renouveau à grande échelle de la littérature allégorique, coupée de son enracinement dans une large fraction de la conscience publique, annonce, comme entre Moyen Âge et Renaissance, une période de transition, celle des « grands rhéto-riqueurs ». C’est que, peut-être, les sciences de l’homme, qui connurent au XXe s. un essor prodigieux, sont en passe de prendre ici le relais, intégrant à leur problématique le fait littéraire, désormais devenu objet d’histoire.
J. L.
F Consulter les articles consacrés aux mouvements, aux écoles, aux genres et aux principaux écrivains.
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LA MUSIQUE FRANÇAISE
Musique française : cette expression ne doit pas désigner seulement un art qui se serait développé à l’intérieur de frontières géographiques précises.
Dans l’esprit de ceux qui l’emploient, elle suggère un certain nombre de caractères spécifiques qui font l’originalité de cet art comparé aux réalisations de ses voisins. En effet, après avoir joué pendant des siècles un rôle d’initiateur, la musique française devra, du XVIIe au XIXe s., assimiler deux vagues d’influence étrangère : l’une italienne, l’autre allemande. Elle a su pourtant, malgré ces puissantes forces d’attraction, conserver sa personnalité et retrouver au début du XXe s. son rayonnement.
Des origines à la fin
du XVIe siècle
Les origines de la musique française se confondent avec celles de la musique occidentale, héritière de la tradition théorique pythagoricienne et des cultes orientaux. Pendant des siècles, l’Église chrétienne utilise la musique comme un élément du culte : celle-ci est liée dès l’origine à la vie monastique. Avant l’an 1000 est constitué en Europe le corpus du chant grégorien, qui orne toutes les phases de la liturgie. Grâce au système des tropes, qui charge de paroles les vocalises du grégorien, se crée un embryon de drame liturgique (vers 970 au monastère de Fleury
[Saint-Benoît-sur-Loire]) qui, après la scission entre texte et musique, donnera naissance au théâtre parlé (fin du XIIe s.). De 1100 à 1300, d’autre part, se développe une monodie profane due à une étonnante floraison de poètes-musiciens, d’abord localisés dans le Midi
aquitain (troubadours), puis entre Loire et Meuse (trouvères de Champagne, de Paris, d’Arras). Avec ces deux formes d’expression, la monodie, ou chant à une voix, parvenue à une extrême subtilité, a atteint ses limites. C’est à la France que revient d’avoir trouvé un principe nouveau riche de possibilités infinies, qui assure sa suprématie pour plusieurs siècles : la superposition de deux ou de plusieurs lignes mélodiques, ou polyphonie. Connue dès la fin du IXe s., celle-ci n’est exploitée que vers la fin du XIe s. à Saint-Martial de Limoges, centre important, et par les maîtres de l’école de Notre-Dame de Paris : Léonin et Pérotin. Ceux-ci écrivent l’un des organa à 2, l’autre à 3 et 4 voix construits sur une teneur grégorienne. Ce procédé, ou déchant, sort bientôt du cadre liturgique dans le motet où 2, 3 voix chargées de paroles profanes se superposent à une teneur qui est un fragment d’organum.
Adam* de la Halle introduit l’emploi de la polymélodie dans des rondeaux profanes.
L’Ars* nova (XIVe s.), qui emprunte son nom au traité de Philippe de Vitry (1291-1361), est dominé par les préoccupations des théoriciens qui cherchent à organiser la matière musicale en codifiant notation et rythme. Dans le motet « isorythmique », la teneur est découpée en tronçons de même valeur rythmique, facteur d’unité, mais aussi de sécheresse. Seul Guillaume* de Machaut (v. 1300-1377) s’évade de downloadModeText.vue.download 40 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9
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ce formalisme et apporte aux pièces sacrées et profanes qu’il aborde une incontestable qualité mélodique. En traitant pour la première fois comme un tout les cinq parties de l’ordinaire de la messe (messe Notre-Dame), il pose un jalon important de l’histoire de cette forme.
Entre l’Ars nova et l’apogée de la polyphonie à la fin du XVe s., le centre d’intérêt se déplace vers la cour de Bourgogne et les pays franco-flamands.
L’Italie et l’Angleterre, autrefois fé-