rées par les grandes vallées de l’Isère, de l’Arc ou de la Durance et de leurs affluents ; divers ensellements et passages transversaux ajoutent encore à leur pénétrabilité. Celle des Pyrénées est plus restreinte, car il n’existe de sillon qu’avec des tronçons de vallées de l’Ariège et du Salat. Les vallées, transversales, sont en cul-de-sac vers l’amont, et les cols sont élevés, sauf aux extrémités. Une glaciation moins intense dans cette montagne « méridionale » a réduit aussi les défonce-ments. En compensation, les formes lourdes des Pyrénées comportent, près des sommets, des surfaces étendues, des « plâs », ou « calms », à l’altitude des alpages. Dans les Alpes, ceux-ci se trouvent surtout dans l’encadrement des hautes vallées ; de toute façon, il existe dans les deux chaînes des conditions favorables à l’estivage des troupeaux.
Chacune des deux montagnes a un
secteur voisin de la Méditerranée, où la neige est plus rare (la glaciation le fut aussi) et la torrentialité plus accu-
sée. Les Pyrénées, plus « défilées » des vents d’ouest que les Alpes, qui les reçoivent de plein fouet, ne sont très humides qu’en Pays basque et sur le front externe jusqu’à l’Ariège, alors que les Préalpes au nord de la Drôme sont copieusement arrosées, ainsi que les massifs centraux. L’intérieur des deux chaînes connaît une atténuation relative des précipitations, mais celles-ci restent suffisantes pour que de belles forêts poussent aux étages favorables et que les rivières soient bien alimentées. D’où les richesses fort intéressantes des montagnes, encore dotées de gisements minéraux (charbon de La Mure, fer du Canigou et de l’Ariège, autres métaux, pierres) dont dérivent la vieille métallurgie et un artisanat encouragé par la longueur des hivers.
D’où aussi l’intérêt hydro-électrique de ces massifs, où les dénivellations et les lacs ne font pas défaut. L’enneigement lui-même est maintenant source de profit (le ski s’ajoutant à l’alpinisme, plus traditionnel) ; les cures d’altitude, le thermalisme résultent également des éléments physiques que l’on a su exploiter.
Entre les Préalpes et le Jura oriental et méridional, les similitudes sont celles qu’offrent des montagnes moyennes (1 000 à 2 500 m) dominées, structuralement, par la disposition plissée de leurs assises : des chaînons parallèles, individualisant des « vals »
ou s’ouvrant de dépressions intérieures profondes (« combes ») que dominent les « crêts » calcaires bordiers. Ce sont des montagnes aux horizons plus réguliers aussi, encore que dans les Préalpes les aspérités soient bien plus fréquentes, les plissements ayant été plus énergiques et l’érosion plus importante (altitudes plus fortes, glaciers anciens plus puissants). L’abondance des précipitations (plus de 2 m) rend verdoyants ces pays calcaires, grâce aussi aux dépôts glaciaires et aux revê-
tements marneux. De belles prairies, de magnifiques forêts donnent à ces deux unités une certaine ressemblance dans la composition des paysages.
Plaines et bas plateaux
Trois types de structure les permettent : les bassins sédimentaires, les couloirs
d’effondrement ou d’avant-pays, et les espaces de remblaiement fluvial ou marin.
y Le premier type, en France, se rencontre dans les Bassins aquitain et parisien, comblés par des sédiments secondaires puis tertiaires, qui ne furent que très faiblement affectés de déformations. Plus vaste, le Bassin parisien a un relief plus différencié. Les lignes directrices en sont les « côtes », terminaisons abruptes des assises calcaires inclinées vers l’intérieur de la cuvette et mises en valeur par le déblaiement des terrains argilo-marneux sous-jacents, et les talus des entablements subhorizontaux dans la partie la plus centrale. Sur le revers des côtes, en Lorraine, en Normandie, en Sancer-rois ou Berry, comme sur le revers de l’Artois et à la surface des étendues de calcaires tertiaires, s’étendent les « champagnes », les unes enrichies de limon superficiel, les autres, non. Paysages ici de plates-formes sèches et rocailleuses traversées par des rivières encaissées, aux versants retouchés par le gel quaternaire, aux boisements médiocres en partie dé-
frichés cependant, là, en revanche, profondément humanisés et intégrale-downloadModeText.vue.download 6 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9
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ment cultivés, aux espaces découverts et sans verdure. Au contraire, des plaines humides et verdoyantes, quelquefois parsemées d’étangs (Woëvre, Saulnois en Lorraine), se rencontrent en disposition allongée au pied des côtes (Lorraine, Normandie occidentale), aux abords des massifs anciens (Bessin, Terre Plaine morvandelle) ou au coeur d’ondulations éventrées (Bray, Boulonnais) ou à leur lisière (Flandre intérieure). Les champagnes ne sont pas absentes de l’Aquitaine, mais se limitent à la Charente, à la Saintonge et au Périgord, car le relief de côtes n’y est que médiocrement représenté. En revanche, les terres lourdes y sont présentes sous la forme des « terre-forts », sols des collines mollassiques de l’Armagnac et du Toulousain aux croupes multiples
et confuses. Dans les deux bassins sédimentaires aussi existent d’autres plaines, sous forme d’amples vallées : Val de Loire et basse Seine, couloir de la Garonne et « rivières » du Lot, du Tarn ou de la Dordogne ; les sols alluviaux légers (boulbènes en Aquitaine) des terrasses et des graves s’y prêtent aux cultures légumières et fruitières et à la vigne. Enfin, dans les deux cas, il ne faudrait pas négliger le rôle des dépôts superficiels qui s’y sont formés ou accumulés : argile à silex, sidérolithique et sables aux sols pauvres et froids, pays de gâtines et de
« brandes » (landes et bois) devenus des bocages ou des terrains de chasse, sans parler de la vaste nappe sableuse des Landes, récemment assainie et plantée de pins.
y La seconde famille de plaines
est associée aux effondrements et aux régions de plissement. Dans les fossés, les matériaux provenant des bordures viennent, avec les alluvions des cours d’eau qui les empruntent, y recouvrir les dépôts sédimentaires qui en constituent le substratum : Alsace, Limagne ou Forez, Roussillon, plaine de la Saône. La complexité des jeux tectoniques, la diversité des apports de remplissage, voire le volcanisme (Limagne) expliquent la variété des terroirs. Leur climat d’abri, aux tendances continentales, permet la culture de la vigne et du maïs. Les plaines d’avant-pays montagneux
sont encore plus complexes, car s’y ajoutent les matériaux corrélatifs de multiples surrections, des phases glaciaires et interglaciaires. Le sillon rhodanien offre ainsi une marqueterie de sols aux aptitudes inégales.
La plaine du Bas-Languedoc est d’un type intermédiaire ; elle se décompose en des revers de plateaux calcaires, les
« garrigues », que couvre une végétation de steppe arbustive issue de la dé-
gradation d’une forêt, et des collines caillouteuses, les « costières », avant de passer à une zone basse littorale.
y Les abords des littoraux localisent la troisième catégorie de plaines.
Issus du remblaiement flandrien, ce sont par exemple les marais de vase ou de bri des côtes de la mer du Nord (Flandre maritime), de la Manche
(Marquenterre, basse Seine, marais de Dol) ou de l’Atlantique (marais breton, poitevin, charentais, palus bordelais). Situés dans des golfes tendant à se déprimer, dans des estuaires ou à l’abri de cordons littoraux, ils se colmatent par les apports marins qu’une végétation halophile fixe et exhausse et que l’homme s’approprie progressivement par des « prises » (polders). Leurs surfaces planes exigent une organisation du drainage et de la protection (chenaux, digues) qui sont les aspects marquants du paysage, encore que l’on y oppose les secteurs externes, asséchés, cultivés ou transformés en prés-salés (voire en marais salants ou en parcs pour les élevages marins), et les parties internes et plus tourbeuses, plus difficilement drainées par suite des tassements (marais