çaise avec l’argent des Français ». La Belgique et la Hollande connaissent le régime de l’administration allemande directe ; les vrais « collaborateurs »
du type norvégien de Quisling se font rares.
C’est en Europe centrale et orientale que s’ébauche la nouvelle Europe, qui se présente d’abord comme un compromis germano-soviétique. Dans le cadre du pacte du 23 août 1939, l’U. R. S. S.
annexe en août 1940 les pays baltes, la Bessarabie et la Bucovine roumaines.
Il n’y a plus d’État polonais. La Slovaquie « indépendante » de Mgr Tiso est dominée par l’Allemagne, qui contrôle directement le protectorat de Bohême et de Moravie. Le 29 août 1940, Hitler rend à Vienne une sentence arbitrale qui achève de dépouiller la Roumanie en donnant à la Bulgarie la Dobroudja méridionale, à la Hongrie les deux tiers de la Transylvanie et en faisant occuper par la Wehrmacht ce qui restait de ce malheureux pays. Ce nouvel ordre est consacré par la signature à Berlin le 27 septembre 1940 du Pacte à trois, Allemagne, Italie, Japon, dirigé contre la Grande-Bretagne et les États-Unis et auquel les États satellites sont invités à adhérer, recevant en retour le « bienfait » de la protection et de l’occupation allemandes.
De l’alliance à la guerre
germano-soviétique
Le traité de 1939 fui suivi de l’accord commercial germano-soviétique du 11 février 1940, qui, pour Berlin, atté-
nua de façon importante les effets du blocus britannique. Les Allemands obtiennent de payer en 27 mois ce
qu’ils reçoivent en 18 : cuivre, nickel, tungstène, céréales, coton et produits pétroliers ; l’U. R. S. S. accorde une réduction de tarif de 50 p. 100 aux marchandises transitant par le Trans-sibérien. Tandis que les services de propagande nazis et soviétiques continuaient à converger contre l’impérialisme anglais, de sérieuses divergences se manifestaient lors de la venue en novembre 1940 de Molotov à Berlin.
En offrant à Moscou l’Iran et l’Inde, Hitler tente de diriger vers l’Orient la politique soviétique, mais Staline entend affirmer sa position en Europe et exige la révision du régime des Dardanelles et des détroits danois. Ces prétentions confirment Hitler dans sa volonté d’abattre l’U. R. S. S. : il pres-downloadModeText.vue.download 564 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9
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crit à son état-major d’accélérer le plan Barbarossa d’attaque contre la Russie, lequel, confié au général Paulus, est adopté le 5 décembre 1940. L’attaque est fixée au printemps suivant, mais la décision en reste secrète, et, jusqu’au dernier jour, des trains soviétiques alimenteront largement l’économie allemande. Pendant ce temps, la diplomatie de Berlin s’efforce d’isoler l’U. R. S. S. : des avantages économiques sont concédés à la Finlande, un pacte d’amitié est négocié avec la Turquie (il sera signé le 18 juin 1941), et c’est pour tenter un compromis avec Londres que Rudolph Hess s’envole pour l’Écosse le 10 mai 1941.
Le préalable des Balkans. Le
déclenchement de l’agression contre l’U. R. S. S. exige que l’Allemagne ait préalablement éliminé toute difficulté pouvant surgir des Balkans. Or, Mussolini, refusant le rôle de parent pauvre de la nouvelle Europe, avait décidé, sans en avertir Hitler, de conquérir la Grèce. Le 28 octobre 1940, les troupes italiennes étaient passées à l’attaque, mais les forces grecques, refoulant leurs agresseurs, occupaient bientôt le tiers de l’Albanie ; les Anglais décidaient alors d’appuyer la Grèce, où ils débarquaient des troupes en mars 1941, et des éléments antiallemands
commençaient à s’agiter à Belgrade.
C’est alors que Hitler décide d’intervenir : huit jours après qu’un coup d’État chassant le régent Paul de Yougoslavie a porté au pouvoir le roi Pierre II, la Wehrmacht envahit brutalement le 6 avril la Yougoslavie et la Grèce. Dès le 17, les forces yougoslaves devaient capituler, et, le 27 avril, les Allemands entraient à Athènes, chassant de Grèce les unités britanniques, qui rembarquèrent au début de mai en direction de l’Égypte, où se réfugia le roi Georges II. Du 20 au 30 mai, les parachutistes allemands du général Student conquièrent la Crète.
Ce nouveau succès de la guerre éclair, auquel se sont associées la Bulgarie et la Hongrie, entraîne l’éclatement de la Yougoslavie. La Slovénie est partagée entre l’Allemagne et l’Italie, qui crée une Croatie « indépendante » dont un prince italien est proclamé roi. La Bulgarie reçoit la majeure partie de la Macédoine et de la Thrace, tandis que le Monténégro reconstitué est soumis à l’Italie. Le retard apporté par ces opé-
rations au déclenchement de l’attaque allemande contre l’U. R. S. S. sera lourd de conséquences.
22 juin 1941
Hitler attaque l’Union soviétique Quelques heures après le franchissement de la frontière soviétique par la Wehrmacht, l’ambassadeur de Staline à Berlin était informé de l’ouverture des hostilités, tandis que Hitler proclamait par radio sa « volonté » d’assurer la sécurité de l’Europe... et de « sauver le monde ». Appuyées par 2 000 avions et secondées par 50 divisions « alliées »
(finlandaises, roumaines, italiennes, hongroises), 145 divisions allemandes, dont 19 blindées (3 300 chars), articulées du nord au sud dans les trois groupes d’armées de Leeb, Bock et Rundstedt, se lancent à l’assaut de l’U. R. S. S. L’armée rouge compte 140 divisions, dont 24 de cavalerie à cheval et 40 brigades blindées réparties en quatre grands fronts aux ordres de Vorochilov, Timochenko, Boudennyï et Meretskov. Malgré les avertissements des Américains et des Anglais, et les multiples violations aériennes du territoire russe par la Luftwaffe, il
semble bien que Staline se soit laissé surprendre.
Tandis que Leeb conquiert les pays baltiques et marche sur Leningrad, investi le 8 septembre, Bock gagne la grande bataille pour Smolensk (8 juill. - 5 août). Mais, contre l’avis de son état-major, qui voulait centrer tout son effort sur l’axe Smolensk-Moscou, Hitler envoie Rundstedt conqué-
rir l’Ukraine. Ses troupes sont à la fin d’août sur la ligne Jitomir - Ouman -
Odessa et livrent avec les groupements blindés Kleist et Guderian* une nouvelle bataille d’encerclement du 13 au 26 septembre autour de Kiev. Ce n’est qu’au début d’octobre, après la prise de Viazma et d’Orel, que les chars de Guderian sont rameutés sur Toula et Moscou. Le 1er novembre, les avant-gardes allemandes atteignent Mojaïsk, à 90 km de Moscou. Le 5 décembre, elles sont à 22 km au nord de la capitale, dont Hitler et le monde entier attendent la chute avant Noël. Mais, le 6 décembre, une brutale contre-offensive soviétique dirigée par Joukov*
dégage Toula, reconquiert Kline et Kalinine, sauve Moscou et bloque dé-
finitivement la Wehrmacht, à bout de souffle et incapable de tenir tête aux rigueurs d’un hiver où le thermomètre descend jusqu’à – 50 °C. Ce premier et retentissant échec de la guerre éclair entraîne dans la Wehrmacht une grave crise. Le Führer chasse plusieurs chefs de l’armée (Brauchitsch, Rundstedt et Guderian) et assume désormais directement le commandement des forces terrestres.
Alors que Hitler se lançait dans une aventure qui scellera sa perte, Staline bénéficiait aussitôt de l’assistance des alliés occidentaux. Le 10 juillet 1941, Churchill s’engageait à ne conclure avec l’Allemagne aucun armistice ni paix séparée. Roosevelt décidait en septembre de faire bénéficier l’U. R. S. S. de la loi prêt-bail : elle recevra de 1942 à 1945 du matériel de guerre américain dont la valeur s’élè-
vera à 11 milliards de dollars. En juillet 1941, les troupes américaines avaient relevé les Britanniques en Islande, et, le 14 août, Churchill et Roosevelt se rencontraient en mer et proclamaient la charte de l’Atlantique, affirmant leur unité de vues sur les principes qui