devaient guider le rétablissement d’une paix fondée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ils seront réaffirmés le 1er janvier 1942 par la déclaration des Nations unies signée à Washington par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’U. R. S. S. et vingt-trois pays en guerre avec l’Axe.
La rupture entre le Japon et les États-Unis
Si les États-Unis s’engagent ainsi sur le théâtre occidental, leur vigilance est attirée plus encore en Extrême-Orient par l’attitude du Japon. En 1940, pour interdire les fournitures d’armes à Tchang Kaï-chek, Tōkyō, profitant de la défaite française, avait imposé en juin la fermeture du chemin de fer du Yunnan (Yun-nan) et obtenu de l’Angleterre celle de la nouvelle route de Birmanie (juill.). Au moment de la signature du Pacte à trois (sept.), le duc Konoe annonce un ordre nouveau en Extrême-Orient, qui, pour lui, comprend la Mandchourie, la Chine, l’Inde, le Sud-Est asiatique (y compris l’Australie) et le Pacifique. La pression du Japon s’accroît sur l’Indochine* française, qui doit accepter la présence de ses troupes, d’abord au Tonkin (juill. 1940), puis, après l’arbitrage imposé par Tōkyō au conflit franco-thaïlandais, en Cochinchine (juill. 1941). À cette attitude, Roosevelt répond d’abord par des mesures économiques, mettant l’embargo sur les expéditions américaines à destination du Japon (notamment le pétrole), puis bloque le 26 juillet 1941 les avoirs japonais aux États-Unis.
Cependant, le Japon hésite encore à se lancer dans la guerre : au mois de mars, le ministre Matsuoka entreprend un voyage en Europe, où, après s’être arrêté à Rome et à Berlin, il signe, le 13 avril, à Moscou, un pacte d’amitié avec l’U. R. S. S. Mais, après l’échec de nouvelles négociations nippo-amé-
ricaines (Hull-Nomura), le cabinet Konoe démissionne le 16 octobre et est remplacé par celui du général Hideki Tōjō (1884-1948), qui personnifie le parti militaire, résolu à s’assurer par la force les richesses (pétrole, étain, caoutchouc) du Sud-Est asiatique.
Pearl Harbor et la guerre éclair japonaise
Le 7 décembre 1941, la flotte combinée japonaise de l’amiral Yamamoto*
surprend et détruit en deux heures l’escadre américaine de Pearl Harbor (Hawaii). Le 8, le Japon déclare la guerre aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à ses dominions ; le 11, Berlin et Rome sont en guerre avec les États-Unis : le conflit est alors devenu mondial, à la seule et essentielle réserve près de la neutralité maintenue jusqu’en 1945 entre l’U. R. S. S. et le Japon.
Son principal adversaire étant provisoirement maîtrisé, l’état-major nippon, qui, seul, détient le pouvoir à Tōkyō, lance aussitôt ses forces à l’attaque. Le 10 décembre, elles torpillent deux grands bâtiments de la flotte britannique d’Extrême-Orient, le Prince of Wales et le Repulse ; à Noël, elles ont occupé la Thaïlande, Hong-kong, débarqué aux Philippines, conquis Guam. La vague déferle ensuite sur Bornéo, la Malaisie, les Célèbes, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée ; Singapour capitule le 15 février 1942. En mars, l’Indonésie et la Birmanie sont complètement conquises, puis c’est le tour des Philippines avec les capitulations de Bataan (9 avr.) et de Corregidor (7 mai). Au début de l’été, une ultime avance pousse les Japonais aux Aléoutiennes (juin), dans les îles Salomon (Guadalcanal, 4 juill.) et en Nouvelle-Guinée (juill.-
août). Leurs avions, qui ont bombardé l’Australie (février) et Ceylan (5 avr.), attaquent maintenant l’Alaska et l’île canadienne de Vancouver (20 juin).
Ainsi, le rêve des impérialistes nippons semble réalisé : en huit mois, Tokyo s’est rendu maître de la moitié du Pacifique et contrôle plus de 90 p. 100 de la production mondiale du caoutchouc, 75 p. 100 de celle de l’étain et une immense réserve de pétrole.
Dès le printemps de 1942, toutefois, la réaction des États-Unis se fait sentir, et la marée japonaise reçoit ses premiers coups d’arrêt par les deux victoires de la flotte américaine du Pacifique, commandée par l’amiral Nimitz*
dans la mer de Corail (4-8 mai) et aux downloadModeText.vue.download 565 sur 573
La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9
îles Midway (4-5 juin). Mais c’est aux Salomon que l’état-major américain a décidé de constituer la base de sa contre-offensive : celle-ci débutera le 7 août par un débarquement de vive force à Guadalcanal, qui marque le début du retournement de la situation stratégique en Extrême-Orient.
Ultimes poussées de l’Axe en
U. R. S. S. et en Afrique
La victoire de l’armée soviétique devant Moscou fut suivie dans les deux camps par une période de relative accalmie, mise à profit par l’U. R. S. S.
pour réorganiser ses armées et transfé-
rer de nombreuses usines de guerre en direction de l’Oural, en Sibérie et au Turkestan. Le 5 avril 1942, Hitler a fixé à la Wehrmacht les objectifs de sa prochaine offensive, qui visera la Volga, le Caucase et son pétrole. Retardée par une action de l’armée rouge au sud de Kharkov (mai), elle débouche le 28 juin en direction de Voronej, pivot à la boucle du Donets, tandis que capitule Sébastopol après un siège de 250 jours.
Le front russe est percé sur 500 km, et, après la chute de Rostov (23 juill.), les Allemands se lancent vers le Caucase, entrent à Maïkop, plantent le drapeau à croix gammée au sommet de l’Elbrous (21 août) ; ils sont bloqués dans la région du Terek à 120 km de la Caspienne, mais à 600 km de Bakou. Au même moment, la VIe armée (Paulus) franchit le Don à Kalatch, atteint la Volga (20 août) et conquiert du 1er au 15 septembre une grande partie de la ville de Stalingrad*. Alors que Hitler croit tenir la victoire, débouche le 19 novembre la contre-offensive sovié-
tique qui, encerclant l’armée de Paulus, la contraindra à capituler le 2 février 1943. L’armée rouge prenait l’initiative des opérations ; elle ne l’abandonnera plus jusqu’à Berlin.
En Libye*, l’année 1942 marque également la dernière avance africaine des forces de l’Axe. Après son offensive de janvier, qui l’avait porté à proximité de Tobrouk (10 févr.). Rommel dé-
clenche le 27 mai une nouvelle attaque,
d’abord retardée par la résistance de Bir Hakeim, tenu par les Français libres du général Koenig (1898-1970), du 28 mai au 10 juin. Mais, après avoir pris Tobrouk le 21 juin, Rommel franchit la frontière égyptienne et contraint la VIIIe armée britannique à se replier au début de juillet sur la position d’El-Alamein, à 130 km d’Alexandrie, qui marque le point extrême de l’avance allemande en direction de Suez. Après avoir vainement tenté de rompre le front adverse, Rommel est surpris le 23 octobre par une brutale contre-offensive de Montgomery, nommé
en août à la tête de la VIIIe armée, et doit à son tour rompre le combat le 2 novembre. Six jours plus tard, les Américains débarquent au Maroc. Six mois après, la Wehrmacht sera chassée d’Afrique !
La guerre à mi-course
À la fin de 1942, au moment où l’Allemagne, l’Italie et le Japon ont atteint le zénith de leur puissance expansive, leurs forces subissent donc en Russie, en Afrique et dans le Pacifique des coups d’arrêt que l’avenir révélera décisifs.
D’autre part, la guerre sous-marine (v. sous-marin) a pris un développement considérable. Dans l’Atlantique, l’année a été désastreuse pour les Al-liés : 3 millions de tonnes de navires coulés de janvier à juillet, 700 000 en novembre. Mais là aussi la situation tend à se renverser : en octobre 1942, les pertes des sous-marins allemands atteignent en nombre celui des sub-mersibles construits, et, grâce à l’effort prodigieux des chantiers américains, le tonnage allié construit dépassera, au début de 1943, celui qui est coulé par les sous-marins de l’Axe. Dans le Pacifique, les sous-marins américains détruisent en 1942 un million de tonnes de navires nippons, chiffre à peine in-férieur à celui des prises de guerre et constructions neuves du Japon.