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Défaite et capitulation du Japon Après le désastre subi en octobre 1944

par la marine japonaise près de l’île de Leyte, les Américains mettent deux mois à en chasser les troupes nippones.

En janvier 1945, MacArthur attaque Luzon, la plus grande des Philippines, et entre à Manille après trois semaines de combats, le 25 février. Sans s’attarder à la conquête de Mindanao, il entame aussitôt la bataille pour les avancées du Japon. Le 19 février, Nimitz débarque à Iwo Jima, et, le 1er avril, à Okinawa, où, à 600 km du Japon, une furieuse bataille s’engage pour la conquête de l’île, achevée le 21 juin.

Le 5 avril, la dénonciation par Staline du traité de neutralité nippo-soviétique du 13 avril 1941 provoque à Tōkyō la démission du cabinet du général Koiso.

Son successeur, l’amiral Suzuki, tente vainement d’obtenir une médiation so-viétique, mais, le 26 juillet, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine exigent, par un ultimatum, une capitulation sans condition qui est repoussée par Suzuki.

Le Japon, dont les troupes sont

chassées de Birmanie et se replient en Chine, est dans une situation désespé-

rée : sa flotte n’existe plus, et le pays est soumis depuis juillet à une violente offensive aérienne alliée qui ne rencontre plus aucune opposition. C’est

alors que, voulant précipiter la fin de la guerre, le président Harry S. Truman, qui a succédé à Roosevelt, décédé le 12 avril, décide d’employer contre le Japon la bombe atomique expérimentée en grand secret par les États-Unis le 16 juillet 1945 (v. bombe nucléaire).

Le 6 août, une première bombe détruit Hiroshima, et une deuxième Nagasaki le 9. Entre-temps, l’U. R. S. S. a dé-

claré, le 8, la guerre au Japon, et, le 14, signera à Moscou un traité d’alliance avec la Chine. Les troupes soviétiques aux ordres du maréchal Vassilevski entrent aussitôt en Corée (9 août) et en Mandchourie, où elles prennent Moukden (auj. Shenyang [Chen-yang]) le 15. Dès le 10, le gouvernement japonais fait savoir qu’il accepte les termes de l’ultimatum du 26 juillet, et, le 14, capitule sans condition. Le 16, le mikado donne à toutes ses forces l’ordre de cesser le combat. Dix jours plus tard, les Américains débarquent au Japon, et, le 2 septembre, l’acte solennel de capitulation est signé en rade de Tōkyō, devant le général MacArthur, sur le cuirassé américain Missouri (le général Leclerc y représente la France).

Dernière réunion des trois

Grands :

Potsdam, 17 juillet - 2 août 1945

Si la vigueur de la résistance allemande a maintenu jusqu’à la capitulation du IIIe Reich l’unité d’action de ses vainqueurs, leurs relations, depuis Yalta, n’avaient cessé de se détériorer. Sans se soucier des engagements qu’il avait signés, Staline entend profiter aussitôt de sa victoire en installant des gouvernements communistes dans tous les pays libérés par l’armée rouge, qui doivent devenir des États vassaux de l’U. R. S. S. Ainsi que l’écrit Churchill en mai 1945, « un rideau de fer s’est abattu derrière le front soviétique ». Si les Américains, puis les Anglais parviennent à se faire admettre à Berlin le 3 juillet, leurs troupes se sont repliées dans les limites des zones d’occupation et, suivies d’une immense foule de réfugiés allemands, ont évacué à cette date la ligne de l’Elbe, la Saxe, le Mecklembourg et la Thuringe, tandis que les Soviétiques s’avancent jusqu’à Erfurt et Eisenach, à 150 km du Rhin.

Mais c’est encore le problème polonais qui cristallise la crise entre les vainqueurs. En juin, Staline, qui a invité à Moscou seize représentants des tendances non communistes de la résistance polonaise, les fait arrêter et condamner par un tribunal militaire downloadModeText.vue.download 571 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9

soviétique. Cette fois, la réaction amé-

ricaine est d’autant plus vive que l’attitude du président Truman vis-à-vis de Staline est beaucoup plus réservée que, celle de Roosevelt.

Pour sortir de l’impasse, une ultime conférence des trois Grands est réunie le 17 juillet à Potsdam avec Staline, Truman et Churchill, qui, battu aux élections générales anglaises, cède la place le 26 juillet à son successeur Clé-

ment Attlee, nouveau chef travailliste du cabinet britannique. Un compromis est adopté pour la Pologne : les Anglais et les Américains reconnaissent le gouvernement provisoire (et proso-viétique) de Varsovie, et les trois fixent provisoirement la frontière ouest du pays à la ligne de l’Oder (Odra) et de la Neisse (Nysa Łużycka) occidentale.

La conférence statue ensuite sur des questions moins épineuses telles que la

démilitarisation et la dénazification de l’Allemagne, le jugement des criminels de guerre, les réparations, la répartition des zones d’occupation en Autriche, l’évacuation de l’Iran, la révision de la convention de Montreux sur les Détroits, le maintien du statut international de Tanger et l’indépendance de la Corée. En prévision de la défaite du Japon, des lignes de démarcation militaires sont fixées entre ses vainqueurs : en Corée, le 38e parallèle entre Sovié-

tiques et Américains ; en Indochine, le 16e entre Chinois et Britanniques.

La préparation des traités de paix est confiée au Conseil des ministres des Affaires étrangères d’U. R. S. S., des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France et de Chine, qui siégeront à Londres et à Paris. Dès le lendemain (3 août) de la publication de ces accords, la France, qui n’a pas participé à la conférence, exprime ses réserves sur le fait de n’avoir pas été consultée sur le sort de l’Allemagne.

Une drôle de paix

Si l’été de 1945 marque la fin de la guerre, il est difficile de dire qu’il inaugure réellement la paix. Dans le monde entier, les séquelles de cette immense conflagration engendrent en effet d’inextricables conflits entre le monde occidental et le monde soviétique : à Berlin, isolé en zone soviétique mais occupé par quatre puissances ; dans les Balkans, « satellisés » par l’U. R. S. S., sauf la Grèce, en proie à la guerre civile ; en Iran ; dans la Chine victorieuse, mais qui, dès octobre 1945, entre aussi dans une guerre civile ; dans la Corée et l’Indochine divisées...

En même temps, la ruine de l’Europe incite les peuples colonisés d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient, où la Ligue arabe s’est constituée le 22 mars 1945, à secouer au plus vite le joug des

« métropoles » pour prendre en main leur destin ; c’est de la guerre que naît ce qu’on appellera bientôt le tiers monde.

Alors que la question de l’Allemagne n’est pas près de son règlement, plusieurs traités de paix seront néanmoins signés à Paris en 1947, avec la Finlande, l’Italie, la Hongrie, la Roumanie

et la Bulgarie. Quant au Japon, il est démilitarisé, doté d’une Constitution démocratique, occupé et contrôlé étroitement par les États-Unis ; il signera avec eux (mais pas avec l’U. R. S. S.) le traité de San Francisco en 1951. Un dernier traité de paix sera conclu avec l’Autriche en 1955.

L’effort de guerre allemand

Dans l’ensemble, l’Allemagne réussira à financer par ses propres ressources la moitié de son imposant effort de guerre. L’autre moitié sera fournie par les territoires occupés et singulièrement (40 p. 100) par la France. Anarchique jusqu’à la mort de Fritz Todt (févr. 1942), la production allemande d’armement, placée sous la haute autorité de Göring, directeur du plan, sera pour l’ensemble des années 1941 et 1942

nettement inférieure à celle de la Grande-Bretagne pour les avions (24 000 contre 31 000) et à peine supérieure pour les chars (14 500 contre 13 400). Le successeur de Todt, Albert Speer, saura planifier cette production sans trop diminuer jusqu’à la fin de 1943 la consommation allemande.