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Un effort considérable est accompli dans la fabrication de carburants et huiles synthétiques (3,8 millions de tonnes en 1943), mais, dès 1942, c’est le problème de la main-d’oeuvre, confié au Gauleiter Fritz Sauckel, qui devient primordial. En 1943, 11 millions d’hommes servent dans la Wehrmacht, dont les pertes (tués, blessés, disparus et prisonniers) sont alors de 4 millions. Pour y remédier, les Allemands enrôlent à titre d’auxiliaires (dits

« Hilfswillige ») de nombreux Russes, si bien que, compte tenu de leurs « alliés », les effectifs sur le front est comprennent 25 p. 100 d’étrangers. La main-d’oeuvre civile comprend 30 millions de personnes, dont 8 dans l’industrie. En 1944, Sauckel aura ramené dans le Reich, au titre du Service du travail obligatoire, 6,3 millions d’ouvriers étrangers (dont 723 000 Fran-

çais). Leur travail s’ajoute à celui de plus de 2 millions de prisonniers de guerre et aussi à celui des déportés des camps de concentration*. Aussi Speer réussit-il à faire passer la fabrication des chars de 9 400 en 1942 à 19 800 en 1943 et à 27 300 en 1944, et celle des avions de 13 700 en 1942 à 22 000 en 1943 et à 36 000 en 1944. Ces résultats sont obtenus alors que les bombardements aériens de la R. A. F. et de l’U. S. Air Force atteignent des proportions écrasantes : 48 000 tonnes de bombes en 1942, 207 000

en 1943, 915 000 en 1944. Cet effort de guerre se poursuivra jusqu’à la fin avec une étonnante efficacité : 7 200 avions sont encore construits dans les quatre premiers mois de 1945, ce qui porte la production totale allemande de 1939 à 1945 à environ 100 000 avions, chiffre un peu supérieur à la production anglaise (88 000 avions).

Il permettra notamment l’engagement, à la fin de 1944, de nouvelles armes, tels les avions à réaction « Me 262 » (produits à 1 200 exemplaires) et les fusées de type

« V1 » et « V2 », mises au point au centre de recherche de Peenemünde sous la direction de Wernher von Braun.

L’effort de guerre américain

En 1939, l’armée américaine compte 190 000 hommes, dont 50 000 outre-mer avec 330 chars. L’industrie d’armement n’occupe que 2 p. 100 de la main-d’oeuvre, et il y a 7 millions de chômeurs. Six ans après, les États-Unis ont près de 11 millions de soldats ou de marins, dont près de la moitié combattent à plusieurs milliers de kilomètres : 2,7 millions en Extrême-Orient, 2,3 en Europe. Doublant leur production, ils auront fourni plus de la moitié des armes de la coalition contre l’Axe, livrant, de 1940 à 1945, 96 000 chars, 61 000 canons, 2 300 000 camions, 21 millions de tonnes de munitions, 296 000 avions. La standardisation des constructions navales, la création en 1941 de 140 nouveaux chantiers avaient permis la construction de plus de 5 000 navires, dont 2 700 « Liberty ships ». Au moment de l’institution du service militaire obligatoire (sept. 1940), l’U. S. Army comptait 23 divisions ; en 1943, il y en avait 91 (dont 3 aéroportées et 16 blindées), recrutées et instruites avec l’aide d’un service de sélection ajustant par l’emploi de tests psychotechniques l’offre à la demande. En 1945, l’U. S. Navy compte 3,3 millions d’hommes ; l’U. S. Air Force, 2,3 millions d’hommes avec environ 100 000 avions.

Dans le cadre de la loi prêt-bail, les États-Unis devaient en outre fournir ses Alliés, qui reçurent à ce titre 16 p. 100 de la production de guerre américaine. Les principaux bénéficiaires furent la Grande-Bretagne, qui reçut 1 000 chars et 5 200 avions en 1941, 4 400 chars et près de 7 000 avions en 1942. La part de l’U. R. S. S. fut également considérable (14 795 avions et 7 000 chars). À partir de 1943, l’armée

française d’Afrique du Nord reçut aussi son lot, pour une valeur de 3 milliards de dollars, soit 8 p. 100 du prêt-bail (1 400 avions, 5 000 blindés, 3 000 canons, etc.).

Pour soutenir cet effort, l’économie amé-

ricaine dut sacrifier au dirigisme. Elle le fit d’une manière très pragmatique : chaque problème fut confié à une Agency, organisme nouveau créé à cet effet sous le seul signe de l’efficacité et dirigé par un industriel ou un technicien habillé ou non en général. L’orientation et le contrôle de ces organismes relevèrent, à l’échelon du pré-

sident, d’un Office of War Mobilization, dirigé par Donald Wilson. Mais, dès le début de 1944, les Américains préparèrent la reconversion de leur économie de guerre pour le temps de paix.

L’effort de guerre

soviétique

La direction de la guerre en Union sovié-

tique est confiée à un organisme nouveau, le Comité d’État pour la défense, présidé par Staline, qui étend son autorité sur tous les organismes de l’État et du parti. Il dirige la production et l’économie, mais aussi les forces armées, avec le concours du G. Q. G.

(Stavka), que commande de 1937 à novembre 1942 un militaire de grande classe, le maréchal Chapochnikov*, auquel succé-

dera le maréchal Vassilevski. L’intelligence de Staline le conduit à mettre l’accent sur le patriotisme et les traditions militaires russes (restauration des ordres de Souvo-rov, d’Alexandre Nevski) ; les insignes de grades des officiers réapparaissent, l’Internationale cesse d’être l’hymne national, et le Komintern est supprimé (15 mai 1943).

Du fait de l’invasion allemande, la production industrielle globale baisse en septembre 1941 de plus de 50 p. 100. La situation s’aggrave encore en 1942, où la production du charbon baisse de 142 à 75 millions de tonnes, celle de la fonte de 18 à 5, celle de l’acier de 13,8 à 4,8... Mais, au même moment, les Soviétiques évacuent 1 300 entreprises de grandes dimensions, ainsi que 10 millions de personnes (dont 2 de la région de Moscou), qui vont s’installer dans l’Oural, en Sibérie occidentale et en Asie centrale, où de nouvelles usines sortent de terre. À la fin de 1942, la situation est redressée : la production de matériel de guerre dépasse celle de

1941, et les livraisons anglo-américaines, qui ont débuté dès octobre 1941, arrivent alors par Arkhangelsk, par l’Iran et par Vla-divostok (elles comprennent notamment 22 000 avions, 12 184 chars, 2,6 millions de tonnes d’essence, 4,5 millions de tonnes de vivres).

Cependant, l’U. R. S. S. manque de main-d’oeuvre : 27 millions de travailleurs en 1945 contre 30 millions en 1940 (9,5 millions contre 11 dans l’industrie). Tous les congés sont supprimés et on s’efforce de moderniser et rationaliser la production (3 700 heures de travail pour fabriquer un char « T34 » en 1943 contre 8 000 en 1941 ; 12 500 pour un avion de chasse contre 20 000). Aussi, en 1942, l’U. R. S. S. peut-elle produire 25 400 avions, 24 600 chars et près de 30 000 canons de campagne (contre 15 400, 9 300 et 12 000 en Allemagne) ; en 1944, ces chiffres s’élèvent à 40 000 avions, 29 000 chars et 122 000 canons pour une armée de plus de 400 divisions qui, en 1945, engage 6,5 millions d’hommes sur un front de 2 400 km, soutenus par 13 000 chars, 108 000 canons et 15 000 avions (production globale 1941-1945 : 142 800 avions, 102 500 blindés, 490 000 canons). Les investissements de l’U. R. S. S., concernant surtout l’industrie lourde, passèrent de 48,2 milliards de roubles de 1941 à 1943, à 73,7 de 1943 à 1945, date à laquelle les productions de houille, de fonte et d’acier seront remon-downloadModeText.vue.download 572 sur 573

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9

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tées à environ 150, 9 et 12 millions de tonnes.

Les « personnes

déplacées »

La guerre a provoqué des déplacements importants de population. Ils furent tantôt spontanés, tel l’exode des personnes fuyant la Wehrmacht en 1940-41 ou l’armée rouge en 1944-45, tantôt organisés, surtout par le Reich, tels le retour en Allemagne des ressortissants des colonies allemandes des pays baltes ou d’Europe centrale, les implantations de colons allemands en Pologne et dans les Ardennes, de colons néerlandais en Ukraine, sans