Выбрать главу

La Grande Encyclopédie Larousse - Vol. 9

4579

et de Polonais regagnèrent leur pays.

La guerre provoqua le départ de nombreux étrangers et la disparition d’un grand nombre d’israélites. En 1946, il n’y avait plus que 1 700 000 étrangers (dont 450 000 Italiens, 423 000 Polonais et 302 000 Espagnols) ; il est vrai que, de 1936 à 1946, le nombre des naturalisés s’était élevé de 400 000 à

900 000.

Dans les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale, les effectifs d’étrangers résidant en France se stabilisèrent. En 1954, on recensa 1,8 million d’étrangers. L’expansion économique qui s’amorça alors suscita une nouvelle vague d’immigration presque aussi forte que celle des années 1920.

Cette immigration est organisée par l’Office national d’immigration, créé en 1945, mais qui doit se contenter souvent de régulariser des entrées clandestines. Arrivent de plus en plus des travailleurs isolés, décidés à rester quelques années seulement : aussi, chaque année, les départs sont-ils nombreux et les naturalisations peu fré-

quentes. Les Polonais et les Tchèques n’émigrent plus. Jusqu’au début des années 1960, les Italiens, originaires de toutes les régions de leur pays, ont été les plus nombreux ; depuis 1961, leur nombre a sensiblement diminué.

Par contre arrivent de gros contingents d’Espagnols, de Portugais et d’Algé-

riens. La France emploie aussi des travailleurs originaires d’Europe du Sud-Est, du Maroc et même d’Afrique noire. Ajoutons qu’il lui a fallu intégrer dans l’économie nationale les Français qui avaient dû quitter l’Algérie : le plus grand nombre d’entre eux s’est établi dans la France méditerranéenne, mais de gros effectifs se sont aussi installés dans le Sud-Ouest, la région lyonnaise, les pays de la Seine et le Nord-Est.

Par ailleurs, de 120 000 à

150 000 travailleurs saisonniers sont recrutés chaque année par l’intermédiaire de l’O. N. I. pour exécuter un certain nombre de travaux agricoles. La plupart sont des Espagnols, employés les uns dans les régions de culture de betterave à sucre (Nord et Bassin parisien), les autres pour les vendanges, dans le vignoble languedocien essentiellement. Enfin, des mouvements complexes de travailleurs sont enregistrés dans les régions frontalières. Des Espagnols viennent travailler sur la Côte basque française ; des Belges viennent dans les usines textiles de l’agglomération lilloise, et des Fran-

çais passent en Belgique. Alors qu’il y a quelques années des Allemands travaillaient en Lorraine et en Alsace,

des Lorrains gagnent aujourd’hui quotidiennement la Sarre, et des Alsaciens le pays de Bade.

Conclusion

De 27,5 millions d’habitants en 1801, année où fut effectué le premier recensement, la population française s’est élevée à environ 52 millions en 1974. L’effondrement démographique des campagnes et la croissance urbaine se sont effectués dans un cadre administratif immuable, issu des réformes administratives de la Constituante. Les 52 millions de Français vivent dans plus de 37 000 communes, très diverses. Si Paris compte plus de 2,5 millions d’habitants, et si près de 300 communes constituant l’agglomération parisienne rassemblent 8,2 millions d’habitants, près de 1 000 circonscriptions administratives ont moins de 50 habitants, en comptant au total seulement 33 100 ; 2 900 autres, de 50 à 99 habitants chacune, en rassemblent 221 000. Ces inadaptations et ces disparités justifient les divers essais de réformes administratives (dont la réalisation se heurte à de fortes inerties), ainsi que la mise en place d’organismes pluricommunaux (syndicats intercommunaux, communautés urbaines).

S. L.

L’AGRICULTURE

Son importance chiffrée

La France est, à plusieurs titres, l’une des grandes puissances agricoles du monde, et tout d’abord par le volume de ses productions. Ces dernières an-nées, la France a produit 13 à 15 Mt de blé (cinquième producteur mondial, quatrième exportateur), 8 Mt d’orge (quatrième producteur) et 2 Mt d’avoine (sixième), 7,5 Mt de maïs (sixième), 17,5 Mt de betterave à sucre (troisième), 9 Mt de pommes de terre (cinquième), 60 à 75 Mhl de vin (premier ou deuxième producteur selon les années). Elle compte 22 M de bovins (dixième rang) produisant 320 Mhl de lait ; 10 M d’ovins et 11 M de porcins.

C’est, de loin, le premier État agricole d’Europe (U. R. S. S. mise à part) et probablement le sixième du monde.

L’ensemble de la production repré-

sente 8 à 9 p. 100 du produit national, c’est-à-dire une valeur brute supé-

rieure à 70 milliards de francs, dont 44 p. 100 seulement en produits végé-

taux (14 p. 100 en céréales). Si l’on ôte les consommations intermédiaires, cela correspond à une valeur ajoutée d’environ 47 milliards et, salaires et impôts déduits, à un revenu brut d’exploitation de 36 milliards.

Si la valeur économique de l’agriculture n’atteint pas le dixième des activités nationales, la France est pourtant, parmi les grandes puissances, l’une de celles où l’agriculture tient encore une place très au-dessus de la moyenne. Les actifs agricoles repré-

sentaient, en 1946, plus de 36 p. 100

du total des personnes actives. Malgré les profonds changements intervenus depuis, ils étaient encore 16 p. 100

du total en 1968, ce qui est nettement supérieur aux taux allemand (9 p. 100), britannique ou américain (3 p. 100) : un peu moins de 3 millions de travailleurs, dont 300 000 salariés, sur environ 1 500 000 exploitations (1 587 600

en 1970, 2 284 000 en 1955), soit 20 ha en moyenne par exploitation et 10 ha par UTH (unité travailleur-homme à plein temps). Mais les statistiques dans ces domaines sont fort variées et complexes, et les définitions fluctuantes.

Les conditions naturelles

Ces chiffres élevés tiennent en partie à l’ampleur et à la qualité de l’espace cultivable. La surface agricole utilisée (S. A. U.) occupe 33 421 000 ha : 60 p. 100 du territoire national. C’est près de la moitié (47 p. 100) de la S. A. U. de la Communauté économique européenne. L’ensemble se

divise en 17 200 000 ha de labours, dont la surface a longtemps régressé (26 millions au maximum de 1862, 19

en 1960), 13 900 000 ha d’herbages et 2 300 000 ha de cultures spécialisées (vigne, fruits, etc.). D’autre part, la France bénéficie d’une heureuse convergence pédologique et climatique. Elle réunit en effet sur son territoire quelques-uns des espaces les plus doués en Europe. C’est d’abord une part, ici élargie, de la longue bande de plaines limoneuses qui, non loin du front des anciens glaciers quater-

naires, ont été recouvertes de dépôts fins, supports des excellents sols qui se suivent du Bassin parisien à l’Ukraine en passant par le Brabant et les Börden de Westphalie. C’est aussi l’ample façade méditerranéenne, où l’ensoleillement favorise la culture de la vigne et des fruits et, joint à l’irrigation à partir des fleuves alimentés par les précipitations montagnardes, permet certaines cultures très intensives. C’est l’ensemble des collines arrosées de l’Ouest, favorables à la pousse de l’herbe et en général à la croissance des végétaux, sous un climat qui ne connaît pas les hivers rigoureux. C’est la conjonction de la chaleur et de l’humidité qui fait du Sud-Ouest aquitain un milieu propice au maïs. C’est la douceur des littoraux atlantiques qui permet à des cultures délicates, par exemple de lé-

gumes, de remonter assez haut en latitude. La variété du relief, enfin, permet de nombreuses complémentarités, en particulier dans les différentes parties des cycles de l’élevage.

Bien entendu, ces aptitudes ne seraient rien sans la qualité de l’environnement économique général et

sans le poids des attitudes passées et présentes, d’autant qu’elles sont bien relatives : c’est ainsi que de nombreux terroirs ont été complètement transformés par les amendements et les engrais (Ségala, Bretagne du Nord et même certaines landes comme les Brandes poitevines) ; la craie champenoise, réputée fort médiocre jusqu’au milieu du XXe s., porte désormais de superbes récoltes grâce à l’addition d’engrais et à la culture mécanique ; les nouvelles variétés de maïs ont fait remonter la limite septentrionale de sa culture tout au nord de la France. Mais, du moins, le territoire national pouvait-il répondre efficacement aux progrès de la technologie. Trop même, peut-être, dans la mesure où une agriculture moins difficile que dans d’autres États a évolué moins radicalement aussi, et admet encore bien des traits du passé : une concentration insuffisante des moyens, une productivité qui n’est pas partout à la hauteur des voisins de l’Europe du Nord-Ouest.