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— Je sais ce que je te demande : m’épouser. Avoir foi en l’avenir. Devenir ma reine !

Avoir foi en l’avenir... Existait-il un acte plus difficile ? Et pourtant, n’était-ce pas la démarche de Kerian depuis tant d’années ?

— Dans deux jours, je raccompagnerai Stanach à la frontière. Pour la suite du voyage, ta mère lui a fourni une escorte... Il préfère traverser les Terres de Pierre à pied plutôt qu’avoir recours à la magie de l’émeraude...

« Retrouve-moi sous le Chêne de Gilean, à la tombée de la nuit.

Elle n’ajouta rien de plus.

Le roi la reprit dans ses bras.

Le lendemain soir, alors que le ciel s’empourprait, quatre personnes se retrouvèrent sous les chênes : le roi du Qualinesti, sa bien-aimée, la reine-mère et un nain éloigné de sa patrie.

Cela aurait dû être un mariage splendide, avec des fêtes étalées sur trois mois au moins. Il aurait dû y avoir des bals et des fontaines de vin...

La noblesse au grand complet aurait présenté tous ses vœux de bonheur au couple royal...

Il n’y aurait rien de tout cela.

Dans le bosquet de chênes, le roi et Kerian se présentèrent en tenue de chasse – le costume de leurs hors-la-loi...

— Qui épousez-vous, Sire ? lança le nain, offusqué. La Lionne a droit au plus beau des mariages et à tous les honneurs !

Gilthas sourit.

— Nous nous marions, et c’est tout ce qui compte, mon ami ! Il nous faut seulement un témoin. (Un témoin, les étoiles pour invités et les lucioles en guise de chandelles...) Seras-tu ce témoin ?

Stanach s’inclina avec grâce.

— Certainement, Votre Majesté.

La reine-mère avança. L’ourlet de sa jupe couleur rouille balaya les feuilles mortes. Laurana resplendissait dans cette tenue si simple.

Elle prit la main de Kerian et se tourna vers son fils.

— Kerianseray, ma Lionne, te donnes-tu à moi ? demanda Gilthas.

— Je t’appartiens, mon roi.

— Kerianseray, ma Lionne, lieras-tu ton destin au mien, prendras-tu mon royaume comme tu me prends pour époux ?

La gorge serrée par une douce tristesse, Kerian répondit par l’affirmative.

— Je suis ta femme, mon roi. Ensemble, nous créerons une telle lumière qu’elle ne s’effacera jamais devant l’obscurité.

Gilthas ôta de son doigt l’anneau enchâssé d’une topaze.

— Nous sommes unis, cœur à cœur, main à main, destin à destin. Nous ne sommes plus qu’un, mon épouse. (Solennellement, il répéta le vœu :) Ensemble, nous créerons une telle lumière qu’elle ne s’effacera jamais devant l’obscurité.

Ils étaient un, désormais, avec un nain et la reine-mère pour témoins – unis légalement comme ils l’avaient été de cœur et d’esprit...

Ils se mariaient, et bientôt, ils se sépareraient, l’un pour retourner dans sa capitale, l’autre pour regagner la forêt.

Des forces obscures menaçaient leur royaume.

Pourtant, ils se réjouissaient.