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Alfieri attendit sa réaction. Quelle serait-elle ? De la colère ? Une diatribe hystérique ? Du désespoir ? Une froide fureur ? Un paroxysme de frustration ?

Non, rien de tout cela. Le marchand de maisons en souffrance regardait tranquillement Alfieri, qui avait vécu assez longtemps parmi les Hinnerangiens pour interpréter leurs émotions inexprimées. Et Alfieri sentit un flot de compassion se répandre sur lui comme une coulée d’acide. Tomrik Horiman avait pitié de lui.

— « Je suis vraiment désolé, » dit l’Hinnerangien. « Vous portez un si lourd fardeau. »

Alfieri tressaillit, tant ces paroles lui firent mal. L’homme était désolé ― non pour lui-même, mais pour celui qui le condamnait ! Il eut presque le désir morbide d’avoir de nouveau son cancer. La pitié de Tomrik Horiman était plus qu’il ne pouvait en supporter à ce moment.

Tomrik Horiman agrippa le garde-fou et se mit en position pour retourner dans son propre monde. Pendant un instant son regard croisa le regard assombri du Terrien.

« Dites-moi, » fit Tomrik Horiman, « ce travail que vous avez, de décider qui peut aller de l’avant et qui doit rebrousser chemin. Un si terrible fardeau ! Comment se fait-il que vous ayez cet emploi ? »

— « J’ai été condamné à le prendre, » prononça Franco Alfieri, avec toute l’angoisse de son pouvoir divin. « J’ai dû sacrifier ma vie pour en avoir une de rechange. Je n’ai jamais connu une telle souffrance, quand je n’étais qu’un moribond. »

Il prit un air maussade. Après quoi il poussa la manette qui renvoyait Tomrik Horiman.