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Robert Jordan

La Roue du Temps IV

La Montée des Orages

Dédié à

Robert Marks

Écrivain, professeur, érudit, philosophe,

ami et source d’inspiration.

L’Ombre s’élèvera et s’étendra d’un bout à l’autre de la terre, elle assombrira chaque pays jusqu’en ses moindres recoins, et il n’y aura plus ni Lumière ni sécurité. Et lui qui sera né de l’Aube, né de la Vierge selon la Prophétie, il avancera les mains pour se saisir de l’Ombre et le monde criera dans les souffrances qui seront le prix du salut. Gloire éternelle au Créateur et à la Lumière, gloire éternelle à celui qui va renaître. Puisse la Lumière nous garder de lui.

Extrait des :
Commentaires sur le Cycle de Karaethon
Sereine dar Shamelle Motara
Sœur-Conseillère de Comaelle,
Haute et Puissante Reine de Jaramide
(environ 325 AD, la Troisième Ère)

Résumé des volumes précédents

On raconte qu’en des temps reculés certains avaient le don d’obtenir de la Lumière un pouvoir surhumain, le Saidin pour les hommes ou la Saidar pour les femmes. À ces élus était donné le nom d’Aes Sedai.

En ces temps-là, le Seigneur de l’Ombre voulant imposer sa suprématie au monde entier, les Aes Sedai s’unirent pour le combattre sous la conduite d’un des leurs, surnommé le Dragon. Ils parvinrent à sceller sur le Ténébreux la porte d’un cachot, aux confins des terres du nord dans le Shayol Ghul.

Alors ses amis et alliés prirent leur revanche en provoquant chez leurs vainqueurs une folie meurtrière qui ravagea le monde. Les siècles s’écoulèrent ; les ruines furent en partie relevées. Seules restèrent des femmes élues capables de posséder le don, mais à la puissance limitée car le Saidin leur manquait. Ainsi, famines, guerres ou cataclysmes apparaissaient aux peuples comme l’œuvre des Amis de l’Ombre, des jalons préparant une nouvelle offensive destinée à assurer le triomphe final du Ténébreux.

La légende disait que le Dragon renaîtrait pour délivrer de l’Ombre la terre des hommes. Au fil des ans, de faux Dragons se levèrent, avides de conquêtes, semeurs de mort et de misère. Ainsi devait en aller le monde tant que durerait la rivalité entre l’Ombre et la Lumière.

L’ŒIL DU MONDE

Au pays des Deux Rivières, on est sceptique devant ce passé tumultueux qui s’estompe en une histoire plus légendaire que véridique. Les ménestrels en colportent toujours les épisodes de cité en village ; encore se montrent-ils bien rares dans cette région fort isolée, qui vit au rythme des traditions.

L’hiver n’a pas tout à fait battu en retraite, et les loups rôdent encore, que déjà s’annonce Bel Tine, la fête du premier jour du printemps. Le cœur léger, Rand al’Thor accompagne son père, Tam, qui part livrer au bourg du Champ d’Emond cidre et eau-de-vie promis pour les festivités à l’aubergiste et maire, Maître al’Vere.

Rand, âgé de-dix-huit ans, osera-t-il demander une danse à Egwene, fille cadette de Bran al’Vere, sa camarade d’enfance tout comme l’espiègle Mat Cauthon et le sérieux apprenti forgeron Perrin Aybara ? Un sentiment de malaise interrompt ses réflexions lorsqu’il aperçoit dans la forêt un cavalier en manteau noir qui les suit. Tam regarde à son tour, mais la route est déserte.

S’agit-il d’une illusion ? Pourtant Mat, Perrin, d’autres encore, ont entrevu le cavalier mais, malheureusement, aucun de leurs aînés. Ce souci s’efface à l’arrivée de deux étrangers, la Dame Moiraine accompagnée du guerrier Lan, et du ménestrel Thom Merrilin.

On attend encore Padan Fain le colporteur, avec son arsenal de feux d’artifice, et cette fête de Bel Tine sera la plus belle de mémoire d’homme. Mais Fain apporte aussi la nouvelle d’une guerre dans le Ghealdan, causée par l’apparition d’un Dragon réincarné. Le bourg entre en effervescence, et Tam et Rand décident de s’en retourner à la ferme, abrégeant les réjouissances de circonstance en cette dernière Nuit de l’Hiver.

Dans la nuit, des Trollocs, géants mi-hommes mi-bêtes, attaquent la ferme. Rand en tue un avec l’épée de Tam, qui porte la marque du héron, celle d’un maître ès armes. Rand emporte son père, blessé, à travers la forêt où ils évitent un Myrddraal à la tête d’une colonne de Trollocs. Arrivé au bourg, Rand tente de faire soigner Tam par Nynaeve, la « Sagesse » du village, mais la blessure dépasse sa science et Moiraine devra s’en charger.

Moiraine est une Aes Sedai. Elle guérit Tam et convainc Rand que c’est lui, ainsi que ses amis d’enfance Mat Cauthon et l’apprenti forgeron Perrin Aybara, que cherche le cavalier sans visage au manteau noir. L’unique moyen de sauver leur bourg natal de la destruction est de fuir à Tar Valon, la cité forte des Aes Sedai, seules capables de s’opposer aux séides du Ténébreux.

Grâce à Moiraine et à ses pouvoirs, le groupe surmonte danger après danger, franchit en bac la rivière Taren, sort indemne de la ville de Baerlon, patrouillée par les fanatiques Enfants de la Lumière, puis se réfugie pour une nuit dans la cité maudite de Shadar Logoth où la moindre pierre renferme les germes du Mal. Malgré les recommandations de Moiraine, Mat y subtilise un poignard orné de rubis. Alors surviennent des Trollocs.

Poursuivis par ces géants cruels, harcelés par les maléfices de Mashadar, le Mal incarné, les compagnons se dispersent à la hâte. Thom, Rand et Mat parviennent à fuir en bateau sur l’Arinelle. Moiraine et Lan sont rejoints par Nynaeve, décidée à ramener au Champ d’Emond les trois jeunes dont elle estime, en tant que « Sagesse », avoir la garde. Egwene et Perrin, eux, traversent l’Arinelle à la nage, puis errent dans ce qu’ils pensent être la direction de Caemlyn, capitale du Royaume d’Andor et étape sur la route de Tar Valon. Ils croisent heureusement le chemin d’Elyas Machera, l’Homme aux Loups, qui offre de leur servir de guide avec sa meute. Tous savent qu’ils ont une chance de se retrouver à Caemlyn.

Au port fluvial de Pont-Blanc survient un Myrddraal, toujours sur la piste de ses proies. Thom Merrilin se sacrifie pour que Rand et Mat puissent lui échapper et continuer vers Caemlyn. Pendant ce temps, Perrin et Egwene ont fait la connaissance des Thuatha’ans, qu’on appelle le Peuple Voyageur. Et Moiraine tente toujours de les rattraper.

À Pont-Blanc, Moiraine et ses compagnons découvrent des traces du Ténébreux : incendies et rixes font peser une atmosphère lourde sur la ville. De leur côté, Élyas, Perrin et Egwene sont pourchassés par une nuée de corbeaux, noirs serviteurs du Ténébreux. Ils leur échappent en se réfugiant dans un stedding, village d’Ogiers, géants bâtisseurs et planteurs de forêts. Perrin se découvre la faculté de communiquer avec les loups. Les Enfants de la Lumière capturent Perrin et Egwene, qu’ils prennent pour des Amis de l’Ombre et veulent emmener à Amador, place forte des Blancs Manteaux, pour les juger.

Sur la route de Caemlyn, Rand et Mat vont de ferme en village, gagnant leur pain en jouant de la musique dans les auberges. À trois reprises, les serviteurs de l’Ombre tentent de s’emparer d’eux mais échouent. Ba’alzamon le Ténébreux apparaît dans leurs cauchemars et tente de les soumettre à sa volonté. L’épée ornée du héron que porte Rand attire convoitises et curiosité, et ce n’est qu’arrivés à Caemlyn, cité grandiose bâtie par les Ogiers, qu’ils peuvent trouver un répit en se fondant dans la foule nombreuse qui vient voir le « faux Dragon », un nommé Logain.