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Fig. 27. — Enlèvement de Ganymède [tableau de Rembrandt, musée de Dresde].
sion d'une vérité indescriptible. Malgré sa terreur, l'enfant ne lâche pas la grappe de raisin que le peintre lui a mis dans la main pour montrer sans doute que Ganymède était destiné à servir d'échanson (fig. 27). Mais s'il avait été tel que l'a peint Rembrandt, il est prol)able que Ju]Mter. qui ne se piquait pas de réalisme, l'aurait laissé bien tranquille sur la terre et aurait choisi un autre échanson.
Sur une pierre gravée du musée de Florence, on voit Vénus caressant Ganymède qu'elle informe sans doute des fonctions qu'il aura à rem-
JUPITER ET JUNON.
plir : un vase placé au pied du bel adolescent en indique la nature. Au lieu du honiu^t phivfrion, Ganymède porte celte fois le casque des chasseurs, et Jupiter, (pii veut le contempler à son aise sans être aperçu de lui, est presque entirrenienf caché par Taigle aux ailes déployées.
Nous ne connaissons pas de uioiuinients célèbres rej)résentant Ganymède remplissant auprès du roi des dieux, ses fonctiojis d'échanson.
Fif;;. 28. — Ganymède tenant la coupe (d'après une statue antique du musée Pio-Clémentin}.
Mais une jolie statue du musée Pio-Clémentin le montre tenant dans sa main une coupe d'ambroisie qu'il va juésenter à l'aigle de Jupiter, j)lacé près de lui (fig. 28).
Jupiter hospitalier. — Jupiter est le protecteur des hùtes, et il parcourt sans cesse la terre pour savoir comment les hommes pratiquent l'hospitalité. Il était un jour en Phrygie, accompagné de son fidèle Mercure, qui avait eu soin de quitter ses ailes pour n'être pas reconnu. Après avoir été dans un grand nombre de maisons pour demander l'hospitalité, qui leur tut refusée partout, ils arrivèrent à une petite cabane couverte de chaume et de roseaux, oii ils lurent reçus avec cordialité par Philémon et Baucis. Ces deux époux étaient du nuMue âge, ils s'étaient mariés fort jeunes, et avaient vieilli dans cette chaumière. Pauvres et sans bien, ils avaient su par leur vertu diminuer les rigueurs de. l'indigence. Seuls dans cette cabane, ils n'avaient qu'eux-mêmes pour domestiques et composaient seuls toute leur famille.
Lorsque Jupiter et Mercure furent entrés en se baissant, parce que la porte était très-basse, Phibîmon leur présenta des sièges en les priant de se reposer, et Baucis y mil un peu de chaume pour les faire asseoir plus à leur aise. Ensuite elle se mit en devoir de faire du feu en ranimant quelques élincelles qui étaient sous la cendre : pour Tentretenir et faire bouillir la marmite, elle ramassa des copeaux et arracha quelques branches qui soutenaient la cabane. Pendant qu'elle épluchait les herbes que son mari avait été cueillir dans le jardin, Philémon prit du vieux lard qui était pendu au plancher et, en ayant coupé un morceau, il le mit dans le pot. En attendant que le dîner fut prêt, il entretint ses hôtes pour les empêcher de s'ennuyer.
Dans un coin de la chambre était suspendu un vase de hêtre que Philémon remplit d'eau chaude pour leur laver les pieds. Au milieu de la chambre était un lit de bois de saule dont quelques feuilles d'arbre faisaient toute la garniture; pour le décorer, ils étendirent dessus un tapis dont ils ne se servaient que dans les grandes fêtes, et ce tapis, digne ornement d'un tel lit, était un vieil habit fort usé : ce fut la quils firent placer pour dîner Jupiter et Mercure (fîg. 29).
Cependant Baucis préparait le couvert : comme la table avait un pied plus court que les autres, elle y remédia en mettant une brique dessous. Après l'avoir bien essuyée, elle y plaça des olives, de la chicorée, des raves et du fromage blanc ; un rayon de miel formait le plat du milieu. Le repas était frugal, mais il avait bonne mine et il était donne de bon cœur. Cependant ces braves gens craignirent que le dîner ne fût pas suffisant; ils avaient pour tout bien une oie qui gardait la cabane. Ils voulurent le prendre pour le tuer et se mirent l'un et l'autre à courir, d'un pas chancelant, après le pauvre animal qui, voulant leur échapper, les mit tout hors d'haleine et finit par se réfugier entre les jambes de Jupiter qui les pria de ne pas le tuer : car l'oie était devenue son hôte.
Cependant les deux époux s'aperçurent que la coupe se remplissait d'elle-même à mesure qu'elle se vidait et que le vin augmentait au lieu de diminuer. Saisis d'étonnement à la vue de ce prodige, ils levèrent l'un et l'autre leurs mains tremblantes vers le ciel, en demandant pardon à leurs hôtes de leur avoir donné un repas si pauvre et si mal apprêté. Jupiter alors se fit connaître et leur dit de le suivre sur la montagne voisine, ce qu'ils firent à grand peine, à l'aide de leur bâton. Le roi des dieux leur demanda ensuite ce qu'ils désiraient, et leur promit de les exaucer. Après s'être consultés, les deux époux demandèrent à ne pas se survivre l'un à l'autre.
Quand ils furent arrivés sur la montagne, Philémon et Baucis se retournèrent et virent que tout le pays était couvert d'eau, à l'exception de leur cabane. Et comme ils s'étonnaient que dans ce désastre leur
JUPITER ET JUNON.
demeure fût seule épargnée, ils virent qu'elle prenait un aspect dilîé-rent. Des colonnes inaLrnifKjnes s'élevaient à la place des fourches de bois qui la soutenaient auparavant, le chaume (jui la couvrait s'était converti en or; la terre cpii lui servait de plancher était pavée de marbre, la porte ornée de sculptures et de bas-reliefs ; l'humltle luaison s'était transformé(^ en un tem|>le éblouissant. Jupiter institua les deux époiix prêtres du nouveau temple; ils vécurent unis dans la prospérité, comme ils l'avaient été dans l'indigence, et arrivèrent exempts d'intir-mités à la plus extrême vieillesse. Quand vint l'heure marquée par la destinée, Philémon et Baucis étaient assis devant les marches du temple : Baucis s'aperçut tout à coup que le corps de Philémon se couvrait de feuilles et celui-ci remarqua de son côté que la même chose arrivait à sa femme. Voyant ensuite l'un et l'autre que l'écorce commençait à gagner jusqu'à la tête, ils se parlèrent ainsi : «Adieu, ma chère épouse,» lui dit tendrement Philémon; « Adieu, mon cher mari », lui répliqua Baucis. A peine avaient-ils prononcé ce peu de paroles, que leur bouche se ferma pour jamais. Les deux arbres placés l'un à côté de l'autre ombragèrent l'entrée du temple, et la piété des peuples couvrit leurs rameaux de bouquets et de guirlandes. (Ovide.)
Jupiter Olympien. — C'est près du temple d'Olympie, en Elide,
Fig. 30. — Jupiter (d'après une médaillo anticiue}.
que les Grecs se réunissaient pour célébrer les jeux Olympiques institués par Hercule, le plus grand des héros, en l'honneur de Jupiter, son père, le plus puissant des dieux. Une médaille antique (de Prusias)nous montre Jupiter tenant la couronne destinée aux vainqueurs (fig. 30). Jupiter Olympien était considéré comme dieu national hejléniquc. Le temple d'Olympie renfermait la fameuse statue de Phidias ([ui passait pour le chef-d'œuvre de la statuaire dans l'antiquité. Elle était en ivoire et en or. Ouoique assise, la statue s'élevait jusqu'au plafond : de la main droite le dieu tenait une Victoire et de la gauche un sceptre enrichi de métaux précieux et surmonté d'un aigle. Le trône était orné de bas-reliefs. Cette statue n'existe plus, mais on croit en avoir des imitations,
LA VOUTE CELESTE.
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sur une médaille des Séleucides. Un très-beau camée du musée de Florence^ connu sous le nom de Jupiter Olympien, montre le dieu tenant
Fig. 31. — Jupiter Olympien ^d'après un camée antique du musée de Florence;.
le foudre avec un aigle à ses pieds (fîg. 31). Parmi les bustes de Jupiter, le plus fameux est celui qui est connu sous le nom de masque d'Otricoli.