Выбрать главу

patère, et portant sur ses genoux la couronne que les triomphateurs venaient y dé[)Oser. Outre le temple de Jupiter, il y avait au Capitole un temple dédié à Junon et un autre à Minerve. Ces trois divinités sont souvent associées dans l'art romain, et elles étaient connues sous le nom

Fig. 37. — Jupiter Férétrien (d'après une médaille antique)

des trois divinités du Capitole (fig. 30). C'est ainsi qu'elles figureut sur lui médaillon anti([ue.

Les Romains consacraient à Ju[)iter les dépouilles opimes, c'est-à-dire celles qu'un général romain avait remportées sur le général ennemi, et le dieu prenait alors le nom de Férétrien (fig. 37). Romulus hàtit le premier un temple à Jupiter Férétrien, lorsqu'il eut tué lui-même Acron, roi des Cœniniens; ce temple tut agrandi par Ancus Martius et ensuite restauré sous Auguste.

Jupiter Ammon ou Sablonneux. — Ammon est une divinité égyptienne qne les Grecs ont assimilée à Jupiter, et ils ont trouvé une explication pour les cornes de bélier qui sont en Egypte Tattribut essentiel de ce dieu. Bacchus, égaré dans les déserts de la Libye, et mourant de soif, s'adressa à Ju[»iter qui vint à son secours sous la forme d'un bélier et lui découvrit une source. C'est pour cela que Jupiter apparaît dans les monuments avec des cornes de bélier : nous le voyons ainsi sur plusieurs médailles des rois Ptolémées. Lorsqu'Alexandre visita Toasis d'Ammon, il reçut du grand prêtre le titre de fils de Jupiter Ammon.

Fig. 38. — Alexandre, avec les cornes d'Ammon (d'après une monnaie de Lysimaque).

Nous devons à cela un grand nombre de pierres gravées et de fort belles médailles oii Alexandre et ses successeurs, les rois de Syrie et de Cy-rénaïque, sont représentés avec des cornes de bélier, symbole de leur domination sur la Libye.

Suivant Hérodote, la tradition qui prête des cornes à Jupiter Sablonneux, se rapporterait à Hercule et non à Bacchus. « Les habitants du nôme de Thèbes, en Egypte, s'abstiennent de brebis, et sacrifient des chèvres : ils disent que cette coutume a été établie de la manière suivante : Hercule voulut, bon gré, mal gré, voir Jupiter qui refusait de se montrer à lui ; à la fin, Hercule persistant, Juj)iter imagina d'écorcher un bélier, de lui couper la tète, et de la tenir devant son visage, après s'être revêtu de sa toison. En cet état, il se fit voir à Hercule ; pour ce motif, les Egyptiens font la statue de Jupiter avec une face de bélier. Les Thébains donc ne sacrifient pas de béliers, et à cause de cette tradition, ils les considèrent comme sacrés ; une seule fois par an, le jour de la fête de Jupiter, ils en immolent un; ils l'écorchent, et ils revêtent de sa toison la statue du dieu, devant laquelle ils traînent celle d'Hercule. Cette cérémonie accomplie, tous les prêtres du temple se portent à eux-mêmes des coups, en signe de deuil, à cause de la mort du bélier; enfin ils l'inhument dans une chambre sacrée. » (Hérodote.) L'oracle de Jupiter Ammon avait en Grèce une très-grande célébrité. Le temple du dieu, placé dans une oasis, à neuf jours de marche d'Alexandrie, était servi par cent prêtres dont les plus Agés avaient seuls mission de transmettre les oracles.

AO JUPITER ET JLINON.

Le culte de Jupiter ne s'est elîacé que devaut le clu'istianisme : mais la philosophie avait déjà ébranlé lo crédit du roi des dieux, et, en raillant ses fonctions multiples, Lucien nous montre l'époque où sa puissance fut méconnue et ses temples abandonnés : « 0 Juj)itcr, protecteur de l'amitié, dieu des hôtes, des amis, du foyer, des éclairs, des serments, des nuées, (hi tonnerre, ou sous quelque autre nom que t'invoque le cerveau brûlé des poètes, surtout ({uand ils sont embarrassés pour la mesure (car alors ils te donnent toutes sortes de noms, afin de soutenir la chute du sens et de remplir le vide du rhythme), qu'est devenu le fracas de tes éclaire, le long murmure de ton tonnerre, la flamme blanche et redoutable de ta foudre? L'homme prêt à se parjurer craindrait plutôt la mèche d'une lampe de la veille que la tlamme de cette foudre qui dompte l'univers... Tu dors comme assoupi par delà mandragore, si bien que tu n'entends plus ceux qui se parjurent, que tu ne vois plus ceux qui commettent des injustices, et tes oreilles sont dures comme celles des vieillards... Aussi as-tu recueilli le prix de ton insouciance : on ne t'offre plus de sacrifices, on ne couronne plus tes statues, si ce n'est quelquefois par hasard; encore celui qui le fait, ne croit-il p:is remplir un devoir rigoureux, mais sim}dement payer tribut à un antique usage... Je ne dis pas combien de fois les voleurs ont pillé tes temples; ils ont été jusqu'à porter les mains sur toi à Olympie ; et toi, qui fais là-haut tant de tapage, tune t'es pas donné la peine d'éveiller les chiens, ni d'appeler les voisins, qui, en accourant à tes cris, eussent arrêté les voleurs faisant leurs paquets j^our la fuite ; mais en vrai brave, toi, l'exterminateur des Géants, toi le vainqueur des Titans, tu es demeuré assis, laissant tondre tes cheveux d'or par les brigands; et cela quand tu avais un foudre de dix coudées dans la main droite. Quand cesseras-tu, dieu étonnant, de surveiller le monde avec autant de négligence?... » (LuCIEiX.)

CHAPITRE m

LA REINE DU CIEL

Type et attributs de Junon. — Iris. — Junon de Lanuvium. — Le coucou de Junon. — La nymphe Chéloné. — Le châtiment de Junon. — La vache lo et Argus. — Hébé et Ilithvc.

Junon (en grec Héra). — Le type féminin qui répond à Jupiter, comme dieu du ciel, est Junon, sa sœur et son épouse. Junon est avant tout la déesse tutélaire du mariage, la protectrice des unions chastes, le lien de la famille, de même que Jupiter est le lien de la cité.

Pour bien comprendre le rôle de Junon et sa physionomie dans l'art, il faut se rappeler que le mariage grec, c'est-à-dire la monogamie,

Flg. 39. — Junon tenant son voile (d'après iino monnaie antique).

était opposé à toutes les habitudes des âges primitifs, où la polygamie était universelle. Junon prit donc dans l'esprit public le caractère d'une protestation ; la poésie lui prêta une humeur fîère et difficile

Fig. 40. — Junon diadcmée (d'après une monnaie antique).

que l'art a remplacée par une majesté grave, comme il convenait à une déesse qui représente l'épouse.

Depuis les plus anciens temps, Junon a pour attribut le voile que prenait la jeune fille, en signe de séparation d'avec lereste du monde. Primitivement le voile enveloppait entièrement la déesse; Phidias lui-

JUPITER ET Jl NON.

môme a caractérisé Jiinon dans la frise du Paithénon, par le voile en arrièie. Junon est toujours enveloppée de la tète aux pieds dans ses vêtements; mais elle a le cou et les bras nus. Ses attril)uts sont le voile (fig. 39): le diadème (fig-. 40), le paon et le eoncou. On la représentait comme une f(Mnme de haute stature et d'une beauté sévère, avec des traits majestueux et une tournure imposante et dij^ne. « La physionomie de Junon, dit 0. Muller, telle ([u'elle lut très-probablement tixée par Polyc'ète. montre h^s lonnes de la beauté dans toute son éclatantes

Fig. il.— Junon (d";ii)i-ès une statue antique).

et inaltérable fraîcheur, c'est-à-dire doucement arrondies, sans être tro[> pleines, commandant le res|)ect, mais sans dureté. Le front, entouré de cheveux qui tombent en lignes onduleuses, forme un triangle légèrement voûté ; les yeux ouverts et ronds regardent droit devant eux. Un air de jeunesse et de fraîcheur est répandu sur le corps entier de la déesse qui nous représente une matrone se baignant sans cesse dans la source de la virginité, ainsi qu'on le raconte de Junon. »

LA REINE DU CIEL. W