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Cependant Uithyie, comme une enfant docile, suit toujours sa mère, qui accorde ou refuse les secours de sa fille, et souvent l'associe à ses imj)lacables rancunes. C'est ainsi que dans l'hymne homérique à Apollon, Uithyie, obéissant cà l'ordre de sa mère, se tient pendant neuf jours et neuf nuits assise sur le mont Olympe, et empêche raccouchement de

LA REINE DU CIEL.

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Latone. Mais Iris l'ayant engagée à se rendre à Délos, Latone est aussitôt délivrée de son fardeau.

Diane a été souvent associée à Ilithyie et remplit quelquefois les mêmes fonctions, ce qui jette dans la fable une certaine confusion. Sous les Romains, Ilithyie prend le nom de Lucine, qui est même souvent associé

Fis-. 31.

Junon Luciiic (d'après une s:atue anliqut!)

a celui de sa mère. En effet, sous le nom de Lucine, Junon, dans la religion romaine, présidait aux. naissances et veillait sur la première enfance. La belle statue du Vatican que nous reproduisons est regardée par Visconti comme une Junon allaitant Mars. Junon était fort honorée à Rome comme déesse du mariage, et l'entrée de son temple était interdite aux femmes de mauvaise vie.

LA DESTINER

Jupilt'i et Thcaiis. — Los Heures. — Les Saisons. — Les Parques. — La naissance (le Méléagre. — Le sanglier de ('-alydon. — Le tison fatal. — La Fortune. — Plutus. — L'or du icii Midas.

Jupiter et Thémis. — La Justice personnifiée, Thémis, est l'épouse de Jupiter : la balance est son attribut. Thémis, assez fréquemment représentée dans l'art moderne, qui l'emploie à la décoration de nos tribunaux et de nos palais de justice, ne répond à auciui type particulier dans l'art antique, et on ne voit jamais ses statues. Aucune fable dans la mythologie ne se rattache à cette déesse, qui néanmoins occupe un rang éle\é dans l'Olympe, car, à la table des dieux, elle est assise à la droite de Jupiter. Mais Junon n'en montre aucune jalousie, et jamais les deux déesses n'ont eu de démêlé ensemble.

L<' Printemps.

L'AutoiiiiiP.

i;i-:tô.

Fi». .V2. — Les Saisons (d'après un bas-relief antique tiré do l'aïUol des douze dieux.

Musée du Louvre.)

Les Heures. — Thémis, ([ui représente l'ordre régulier de la nature, caractérisé par la l)alance, est mère des Heures et des Parques. Les Heures, que Théocrite ajipelle les plus lentes des divinités, se suc-

54 , JUPITER ET JUNON.

cèdent sans jamais empiéter runc sur l'autre et apportent toujours quelque chose de nouveau. Primitivement confondues avec les Saisons, elles étaient au nombre de trois. Sur l'Autel des douze dieux au Louvre, nous les voyons figurer sous leur forme archaïque. Le Printemps tient une fleur, l'Été une branche de feuillage, et l'Automne, qui est entre les deux autres, est caractérisé par la grappe de raisin. L'Hiver, qui lans l'origiue n'était pas considéré comme une saison, n'y figure pas

fit;. :;2:

Plus tard \e nomltre des Heures a augmenté, et une pensée morah'

Fig. 5i. — L'Hiver,statue de Legros fjardin des Tuileries).

vint s'ajouter à leur ancien caractère physique. En môme temps qu'elles président à la succession des temps^ elles mûrissent les actions des mortels et veillent à la marche régulière des lois, à la justice et aux bonnes mœurs. Elles sont aussi devenues peu à peu les véritables Heures, distinctes des Saisons, et sont alors représentées sous la forme de jeunes filles qui dansent en chœur sur un rhythme harmonieux et régulier : la mission spéciale des Heures est d'ouvrir les portes au Soleil, lorsqu'il va parcourir sa carrière.

Dans la période romaine, les Saisons sont quelquefois représentées

LA DESTINÉE.

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sur les sarcophages. Elles sont au nombre de quatre et personnifiéespar déjeunes garçons portant des attributs qui les caractérisent.

Bacchus est alors considéré comme dieu des Saisons, et il apparaît fréquemment sous cet aspect dans les sarcophages; la figure 53 nous le montre assis sur sa panthère au milieu des génies des quatre Saisons : le Printemps, couronné de fleurs, tient un chevreau et une corne d'abondance; l'Eté, couronné d'épis, tient des épis en faisceau; l'Automne, couronné d'oliviers, porte des figues sèches enfilées et un panier contenant également des figues; l'Hiver, couronné de roseaux, tient des oies.

L'art décoratif des temps modernes a fréquemment employé des figures allégoriques représentant les Saisons, et ce sont presque toujours des femmes qui les personnifient. Cependant, dans les statues en hermès qui sont au jardin des Tuileries, Legros a montré l'Hiver sous les traits d'un vieillard barbu qui se chauffe les mains sur un brasier (fig. 54).

Les Parques. — Les Parques (ou les Moires) sont, aux yeux des anciens, la personnification delà destinée inévitable de chaque homme,

Fig. 55. — Lo pèscmcnt des destinées (d'après un miroir étrusque).

pouvoir très-vaguement défini, qui quelquefois semble soumis à celui de la divinité, et plus souvent encore paraît supérieur à ses arrêts. « Aujourd'hui, disent les dieux, nous sommes tous descendus de l'Olympe pour prendre part à ce combat et empêcher qu'Achille n'ait rien à souffrir de la part des Troyens. Cependant il doit subir le sort que les Parques lui ont filé à sa naissance lorsque sa mère le mit au monde. » (Homère.)

Virgile, aussi bien qu'Homère, a l'air de croire que Jupiter fait les fonctions d'un magistrat qui applique les lois de la Destinée, plutôt que celles d'un législateur qui les fixe. Sur une peinture de vase où nous voyons le combat d'Achille contre Memnon, Mercure montre du doigt

JLPITEII ET JUNOX.

la Ijalaiicc qui dcscoiid du côté de Momnoii, destiné à mourir, tandis <[u'olle se relève du côté d'Achille. Une. scène analogue se voit sur un miroir étrusque (fig. 55),

Lucien, dans son Jupiter confondu, cherche à mettre en contradiction la puissance qu'on prête aux dieux de l'Olympe avec celle qu'on attrihue aux Parques :

« Cyniscus. — Réponds-moi, Jupiter, à uiu^ question foi't siiu|ile.

JiPiTER.— Fais-moi toutes les questions qu'il te plaira.

CvNisr.rs. — Voici ce dont il s'agit, Jupiter. Tu as lu prohahleuKMit

Fifi. ô(). — Los trois Parques (d'après uno peinture de Micljel-Ange, musée de Florence).

les poèmes d'Homère et ceux d'Hésiode; dis-moi si l'on doit regarder comme vrai ce qu'ils chantent dans leurs rhapsodies au sujet de la Destinée et des Parques, (pi'il est impossihle d'éviter le sort qu'elles ont file à chacun au moment de sa naissance.

Jupiter. — C'est très-vrai. Il n'est rien qui ne soit ordonné par les Parques: tout ce qui arrive est l'œuvre de leur fuseau, et l'événement est toujours tel qu'elles l'ont filé dès l'origine.

CvMscrs. — ... Si les choses sont comme cela, si les Parques sont

LA DESTIiNÉE.

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tellement nos souveraines qu'on ne puisse rien changer à ce (fu'elles ont une fois résolu, pourquoi donc, nous autres hommes, vous offrons-nous des hécatombes, vous demandant en échange toutes sortes de biens? Je ne vois pas quel profit nous pouvons retirer de ce culte, si nos prières ne peuvent obtenir Teloignement des maux, ni aucune des faveurs dont les dieux disposent. JrPFTER. — Je sais où tu vas chercher toutes ces questions : c'est à l'école

l''ig. ô7. — Les Parques (d'après le tableau de Rubeiis, musée du Louvre).

de ces maudits philosophes, qui nient notre providence sur les hommes. C'est leur impiété qui leur inspire de pareilles demandes... etc. »