Le philosophe va si loin que Jupiter finit par le menacer de sa foiiihe. mais Cyniscus reprend qu'il n'en arrivera jamais que ce que les Pai-ques auront décidé.
Les Parques sont habituellement au nombre de trois : elles tiguient quelquefois sur les miroirs étrusques. Ilabituellement Clotho est repre-
JUPITER ET JUNON.
senti'c filaiil. Laclu'sis niar([iinnt la dcstiiu'o fiiiiire, et Atropos coupant le (il. (Jiic'lquol'ois aussi ou \oit Lacliésis ('•cri\ant ou portant un l'ou-Icau, et Atropos tenant la balance ou indiquant les heures sur une horloge solaire.
Michel-Ange a fait un célèbre tableau qui fait partie de la galerie de Florence et qui représente les Parques sous les traits de trois vieilles femmes qui filent la destinée des mortels (fig. 56). Rubens, dans la série de ses taldiMux du Louvre sur Marie de ^lédicis. commence par montrer
Fig. 58. — Les trois Parques (d'après un groupe de Debay).
les trois Parques sous la forme déjeunes femmes très-dodues, qui, assises sur les nuages, sont -occupées à filer la destinée de la reine. Jupiter et Junon témoignent par leur présence de l'intérêt qu'ils prennent cà la jeune princesse qui va naître (fig. 57).
Le statuaire Dehay a représenté les Parques sous les traits de trois jeunes filles, dans un grou|ie dont le modèle a figuré au salon de 1827. Clotho, couronnée de fruits, pour indi([uer l'aliondance (jue Ihomme sait se procurer par le travail pendant la durée de sa vie, occupe le milieu du groupe. Elle tient dans ses mains le fil de l'existence d'un mortel que linexorable Atropos, couronnée de cyprès, s'apprête déjà à couper. A gauche est Lachésis qui préside à la naissance : elle vient de
LA DESTINÉE.
59
puiser dans l'urne de la Destinée la boule indicative de l'être qui doit passer sur la terre quelques instants, dont elle va tracer le cours sur la sphère {fig. 58).
Dans un bas-relief du musée Pio-Clémentin, nous voyons le rôle que jouent les Parques dans la formation de l'espèce humaine. Prométhée, assis sur un rocher, près d'une colonne cannelée, tient un ébauchoir et est occupé à modeler une femme avec du limon de la terre. Divers ani-
Les Parques
Prométhée.
Fig. b"^. — La destinée humaine.
mau.vqui paraissent au-dessus rappellent une tradition d'après laquelle il aurait emprunté à quelques-uns d'entre eux divers éléments pour former les hommes. Mercure, le messager des dieux, conduit par la main Psyché^ personnification de l'âme humaine, caractérisée par ses ailes de papillon : Mercure lui montre le corps qu'elle va habiter. Dans la destinée humaine, la vie est inséparable de la mort : c'est pour cela qu'une figure inanimée est couchée aux pieds de Prométhée. et que les Parques qui président à la destinée humaine suivent l'âme que Mercure conduit par la main. La première, Atropos, montre un gnomon (cadran solaire), symbole de la durée de sa vie ; Lachésis tire son horoscope sur le globe qu'elle tient à la main, et Clotho tient dans chaque main un volume ou rouleau, sur lequel sont inscrites les destinées (fig. 59).
Si les Parques sont toutes-puissantes pour décider des événements qui doivent nous arriver, il paraît qu'elles ne fixent pas toujours exactement l'époque précise oîi leurs décisions doivent s'accomplir. Althée, femme d'OEiiée. roi de Calydon, avait un (ils nommé Méléagre. Sept
<>()
.irpiTKii i:t jl'.non.
jours après lu naissance de lonlant. les l*ar([uos vinrent prévenir sa mère qu'il ne vivrait pas plus longtemps qu'un tison qui à ce moment t'tait dans le l'eu. Altliéc aussitôt retira le tison cUi feu et le serra soi-,tineusenienl dans un coffre.
Chasse de Galydon. — Quand Méléa<^re fut arrivé à l'âge d'homme, Diane, que le roi de Calydon avait oubliée dans un sacrifice, envoya dans la contrée un sanglier formidable, qui ravagea la contrée. Les blés sont saccagés, les vignes détruites, les oliviers abattus avec leur fruit : les troupeaux, les bergers, les chiens, les taureaux même les plus furieux, ne pouvaient se garantir de sa rage. Tout le monde fuyait; les campagnes étaient désertes et les villes seules otl'raient un asile assuré contre .sa fureur. (Ovide).
Cependant le lils du roi de Calydon, Méléagre, brûlant du désir de se signaler dans une occasion aussi périlleuse, résolut d'exterminer le san-
Fig. GO. — Atalamc ot Méléagre (mosaïque aiuique, à Lyon).
glier ; c'est pour cela que la hure d'un sanglier est devenue l'attribut du héros et figure toujours à côté de ses statues. Méléagre fut accompagné <lans cette chasse célèbre par les héros les plus fameux. Castor et PoUux, Jason, Thésée, Pirithoûs, Laerte, et les oncles de Méléagre, Toxée et Plexippe. Parmi les chasseurs était une jeune fille d'une admirable iteauté et d'un courage plus admirable encore, Atalante. Méléagre conçut pour elle une passion aidente.
Le sanglier, tracjué de tous côtés, s'élance aux travers des chasseurs, et en renverse i»lusieurs. Atalante eut la gloire de le blesser avec son javelot; Méléagre, s'élancant alors sur l'animal furieux, le tua. Après sa victoire, il dépouille le monstre, se tourne vers Atalante, lui offre la peau et la hure du sanglier.
Les autres chasseurs ne l'entendent |ias ainsi et ne peuvent supporter rid(''(' ([ii'une femme ait conquis une gloii'c plus grande (pie la leur. Les
Fig. 01. — Méléagre (statue antiqvio, à Rome]
LA DESTINEE,
63
deux oncles de Méléagre notamment se jettent sur Atalante pour lui arracher la dépouille qu'elle vient de recevoir. Mais, au même moment, Méléagre, ne se contenant plus, saisit son épée et la passe au travers du corps de ses deux oncles, en délivrant Atalante injustement attaquée. (Ovide).
Fig. 62., — Le sanglier de Galydon (d'après un bas-relief antique).
La chasse du sanglier de Calydon était représentée sur le fronton du temple de Minerve Aléa à Tégée : les sculptures étaient de Scopas. Rubens a fait sur le même sujet un tableau dont Suyders a peint les animaux.
Le tison fatal. —Althée, mère de Méléagre, était allée remercier les dieux de la victoire que son fils venait de remporter : en route, elle rencontre le corps de ses deux frères qu'on rapportait à Calydon. A ce spectacle, elle quitte ses habits de cérémonie, se couvre de deuil, et fait retentir la ville de ses cris et de ses gémissements. Mais quand elle apprit que le meurtrier était son fils, elle ne songea plus qu'à la vengeance. Elle prit le tison fatal qu'elle avait autrefois enfermé si soigneusement, et, dans sa colère irréfléchie, le jeta au feu.
Méléagre, qui ignorait cela, se sent pris tout à coup d'un mal inconnu ; sa douleur devient plus vive à mesure que le tison brûle. Bientôt il tombe dans une sorte de langueur, et quand le tison est entièrement consumé, il rend le dernier soupir. Althée, ne pouvant survivre au désespoir où l'avait jeté son crime, se donna elle-même la mort. Un bas-relief nous montre la mort de Méléagre en trois épisodes. Au milieu, Méléagre expire entouré d'amis désolés ; d'un côté il tue ses oncles, et de l'autre, sa mère, Althée, jette au feu le tison fatal, tandis que la Parque marque
u
.iri>iTi':n v/v junon.
LA DESTINÉE.
65
sur ses tablettes le moment exact où le héros doit rendre le dernier sonpir (fig. 63).
Les traditions relatives à Atalante et au tison d'Althée sont postérieures à Homère, qui dit simplement qu'après la mort du sangrlier de Calydon, une querelle s'engagea entre les Etoliens et les Curetés pour avoir sa dépouille. Méléagre, qui commandait les Etoliens de Calydon, vainquit d'abord les Curetés, et dans la lutte, il tua ses oncles, qui avaient pris parti pour eux. Plus tard, irrité des imprécations de sa mère, qui avait invoqué contre lui la vengeance des divinités infernales, il s'enferma dans les murs de Calydon et ne voulut plus combattre. Les Curetés vinrent alors assiéger la ville et les supplications de son père, de sa mère et de tout le peuple ne purent décider le héros h la défendre, en sorte que les murailles furent escaladées. Cédant enfin aux sollicitations de sa femme, Méléagre sortit de son inertie, et repoussa les Curetés qui allaient embraser la ville ; mais il ne revint pas du champ de bataille, car les malédictions d'Althée avaient produit leur effet. Cette version est figurée sur un bas-relief antique où l'on voit le héros qui vient de trouver la mort en combattant, et dont on rapporte le corps (fig. 64).