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Une peinture d'Herculanum nous montre Hercule ramenant Alceste à son mari (fig. 71), et, sur un bas-relief antique, on voit se dérouler en trois scènes dilî'érentes toute l'histoire d'Alceste, telle qu'elle est rapportée

Fig. 72. — Histoire d'Admète (d'après un bas-i'clief antique).

par Eurij)ide. Au milieu Alceste mourante dicte ses dernières volontés ; près d'elle sont ses enfants en pleurs. A droite, Admète se tourne vers un personnage qui n'existe })lus sur le monument, mais qui est probablement Hercule, et à gauche, il reproche à son vieux père de n'avoir pas voulu, dans un âge aussi avancé que le sien, mourir à sa place (fig. 72).

Lorsque Coypel fut chargé par le dauphin de décorer les appartements du château de Meudon, il imagina de représenter entre autres choses

JUPITER ET JUNON.

Hercule ramenant Alceste des enfers pour la remettre i\ Admète. Les compositions de Coypcl nous paraissent aujourd'hui bien peu conformes au véi'itahle style grec, mais il paraît (pi'il n'en était pas ainsi de son temps. Coypel avait une grande importance dans le monde lettré, et M""" Dacier crut devoir faire exprès [)0ur lui une traduction de la jtièce d'Euripide, oi^i la scène d'Hercule est racontée. Jean-Baptiste Regnault a traité le même sujet : l'artiste a montré le

Fiji'. 7:j. — Alceste ravie à la mort pai- Hercule. (Tableau de Jean-Baptiste Regnault.)

héros emportant dans ses bras l'épouse d'Admète qu'il vient d'arracher à la Mort (fig. 73). Regnault était un homme de talent, contemporain de David. On peut voir ici combien les artistes de cette époque avaient souvent une fausse idée de l'antiquité. Quel est donc le })eintre ancien qui aurait commis l'inconvenance de montrer Alceste nue dans les bras d'Hercule? Alceste doit être vêtue de son linceul, comme nous la voyons dans la figure 71. Mais au commencement de ce siècle les sujets mythologi(iues n'étaient pour la plupart des peintres qu'une occasion pour montrer di-s académies i)ien peintes.

Cérémonies funèbres. — Dès que la mort était connue, les cris et les sanglots retentissaient dans la maison et chacun frappait les mains

au-dessus de sa tête eu signe de douleur. Da^^^VAiceste d'Euripide, le chœur, ignorant ce qui arrive, s'écrie : « Quelqu'un entend-il dans l'intérieur les gémissements et les sanglots? Entend-on résonner le bruit des mains qui annonce que tout est fini ? Aucun même des serviteurs ne se tient debout aux portes... »

Et un peu plus loin, le chœur ajoute : « Je ne vois point devant les portes le bassin d'eau lustrale qu'on place selon l'usage à la porte des morts; au vestibule ne sont pas suspendues les chevelures coupées jjour le deuil des morts, et Ton n'entend pas retentir les mains des jeunes filles qui se frappent. » (Euripide.) Ce bassin d'eau lustrale était un vase rempli d'eau dans lequel on trempait un tison pris sur l'autel et avec lequel on arrosait les assistants. Le but de cette cérémonie était de purifier ceux qui avaient touché un cadavre.

Une urne funéraire de Clusium (Chiusi), sculptée en pierre, nous montre les lamentations des parents autour du défunt, qui est couché sur un lit au milieu de la salle. Tous lèvent les mains au-dessus de leurs têtes et poussent des gémissements. Une joueuse de flûte les accompagne^ car la musique était partout dans l'antiquité, et il semble que la douleur même ne pouvait se passer du rhythme et de la cadence (fig.74).

Fig. 74. — Lamentations autour du défunt (d'après une urne funéraire).

Dans les cérémonies funèbres les anciens se coupaient les cheveux pour les déposer sur la tombe de leurs parents ou de leurs amis. Les cérémonies consistaient surtout en banquets et en danses en f honneur des morts. Des peintures murales, découvertes dans les tombeaux de la nécropole de Tarquinies, près Corneto, nous donnent de précieux renseignements sur les usages funèbres des Etrusques, qui étaient à peu près les mêmes que ceux des Grecs.

Dans un de ces tombeaux on voit la procession funèbre conduite par l'héritier du défunt. On apporte des vases et d'autres ustensiles pour les placer dans la tombe oi^i une grande quantité d'objets ont déjà été réunis. Ce sont les présents que chacun fait au mort. Un joueur do flûte se retourne pour accompagner le chœur des danseurs qui suit. Puis vient le banquet solennel en l'honneur du défunt (fig. 75).

L'autre tombeau n'a pas la procession, mais la danse et le banquet

sont représentés avec j)liis de détails et montrent des accessoires extrêmement cnricux. Les hommes et les femmes sont à demi couchés l'un près de l'autre sur leurs lits de table, selon l'usage étrusque, car chez les Grecs les hommes étaient couchés, mais les femmes s'asseyaient seulement au pied du lit. De jeunes garçons servent les plats sur les petites tables dressées devant chaque lit. Sous les lits on remarque divers nimaux, une panthère, un coq et un autre oiseau (fig. 76). Dans d'autres

Fig. lô. - - Procession funèbre et présents faits au défunt (d'après une peinture antique,

près Corneto.)

peintures, ce sont des chiens qui sont attachés sous le lit, sans doute pour être plus à portée de manger les débris du repas que les convives jetaient par terre. La danse est aussi accompagnée d'une foule d'objets accessoires, des plantes de luxe, des quadrupèdes, des oiseaux. Tout ce cérémonial, emprunté aux usages de l'Orient, montre la haute antiquité de ces tombeaux, qui sont antérieurs à la grande civilisation gréco-romaine et marquent probablement la fin de l'âge héroïque.

Des jeux solennels étaient quelquefois donnés pour honorer la mémoire des morts. Le vase dit d'Archémore nous montre une composition relative aux Jeux Néméens, institués après la mort d'Archémore qui avait été tué par un serpent. On voit en haut le vestibule d'un palais, où se trouvent le roi de Némée, la reine et la nourrice qui raconte l'événement. A droite et à gauche sont des divinités qui assis-

LE SOMMEIL ET LA MORT.

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tcnt à la scène ; mais le Las de la composition est particulièrement intéressant au point de vue des cérémonies funèbres. L'enfant roval est couché sur le lit funèbre ; une femme en pleurs pose une couronne de myrte sur la tête du mort par-dessus lequel une autre tient un parasol

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Fig. 7G. — Banquet et danses funèbres (d'après une peinture antique de Corneto).

ouvert. Sous le lit on voit le vase long destiné aux purifications. Le pédagogue, tenant une lyre et un bâton, emblèmes de ses fonctions, regarde le mort : enfin on apporte des présents, consistant principalement en vases et destinés à être placés dans le tombeau (fig. 77).

Les monuments funèbres. — Les anciens ne trouvaient pas que le souvenir des morts eût rien de pénible ; aussi les tombeaux, toujours placés dans un endroit visible, contribuaient à l'ornement des villes. En Grèce comme en Italie, les monuments funéraires s'échelonnaient le long des routes aux abords de la cité. On en trouve dans les rochers taillés de Syracuse, comme sur la voie des tombeaux à Pompéi, ou sur la voie Appienne à Rome.