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2)      Le second groupe de mécontents est composé de ces chefs politiques qui ont vu le 30 janvier mettre fin à leurs perspectives d'avenir et qui n'ont pas pu se résigner à admettre que ce fait était irrévocable. Plus le temps passe leur apportant la grâce de l'oubli, plus ils se croient en droit de se rappeler peu à peu au souvenir de la nation. Mais comme leur incapacité n'était pas due seulement aux circonstances, qu'elle était innée chez eux, ils sont incapables aujourd'hui encore, de démontrer leur valeur en effectuant un travail utile ; ils croient leur tâche remplie quand ils se sont livrés à une critique aussi perfide que mensongère. L'Etat national-socialiste ne peut vraiment être ni menacé ni gêné, en quelque manière, par ces gens-là.

3) Un troisième groupe d'élements destructeurs est constitué par cette espèce de révolutionnaires qui, en 1918, ont perdu leur situation et n'ont trouvé d'autre situation que d'être révolutionnaires. Installés dans la révolution, ils voudraient en faire un état permanent. Nous avons tous souffert de ces heures tragiques pendant lesquelles nous autres soldats disciplinés et fidèles à leur devoir, nous sommes trouvés en présence de mutins qui prétendaient être devenus l'Etat. Tous nous avions été élevés dans le respect des lois et habitués à obéir aux représentants de l'Etat... Mais nous ne pouvions tenir compte de ces usurpateurs. Notre honneur nous commanda de leur refuser l'obéissance et ainsi nous sommes devenus des révolutionnaires mais, même comme révolutionnaires, nous ne nous considérions pas comme libérés de l'obligation de respecter les lois naturelles imposées par la puissance souveraine de notre peuple. Et lorsque, enfin, nous avons été légitimés par la confiance de ce peuple et que nous avons tiré les conséquences de nos quatorze années de lutte, il ne s'agissait pour nous que de créer un ordre nouveau, meilleur que l'ancien... Pour nous la révolution n'était pas un état permanent.

Parmi les innombrables documents que j'ai dû lire la semaine passée, j'ai trouvé le journal d'un homme qui, en 1918, a été amené à résister à des lois et qui, depuis lors, vivait dans un monde où c'était la loi, quelle qu'elle fût, qui semblait l'objectif à détruire. C'est là un document troublant qui révèle un état d'esprit de conspirateur éternel et qui ouvre des aperçus sur la mentalité des gens, qui, sans se l'avouer, étaient devenus des nihilistes.

Incapables de collaborer, décidés à prendre position contre tout ordre établi, haineux à l'égard des autorités quelles qu'elles fussent, beaucoup parmi ces aventuriers, conspirateurs-nés, furent avec nous jadis, dans notre lutte contre les gouvernements passés, la plupart d'entre eux avaient, d'ailleurs, bien avant le 30 janvier, été écartés d'un mouvement dont la discipline était la caractéristique. Ces indisciplinés n'avaient qu'un trait commun : ils ne pensaient jamais au peuple allemand, mais uniquement à lutter contre les institutions et contre l'ordre...

L'enquête a montré que dans les rangs de quelques chefs supérieurs de la S.A. s'étaient fait jour des tendances qui ne pouvaient que provoquer les plus graves inquiétudes.

On fit d'autres constatations sans déceler encore clairement leur connexion entre elles :

1)      Contrairement à mon ordre exprès et aux déclarations que m'avait faites l'ancien chef d’Etat-major Rœhm, les Sections d'Assaut s'étaient remplies d'éléments qui risquaient de détruire l'homogénéité de cette organisation.

2)      L'instruction de nouveaux miliciens dans les principes du national-socialisme passait de plus en plus à l'arrière-plan des préoccupations de certaines autorités supérieures.

3)      Les relations naturelles entre le Parti et les milices se relâchaient lentement. On a pu établir qu'il y avait une tendance systématique à détourner de plus en plus les Sections d'Assaut de la mission que je leur avais assignée pour les employer à d'autres tâches ou les mettre au service d'autres intérêts.

4)      Les promotions des chefs de la S.A. ont été trop souvent dictées par la prise en considération de qualités purement extérieures. La grande masse des vétérans fidèles était de plus en plus négligée dans ces promotions tandis que la classe 1933, qui n'avait jamais été particulièrement estimée dans le Parti, était avantagée d'une manière incompréhensible. Souvent, il a suffi d'appartenir depuis quelques mois seulement à la S.A. pour obtenir des postes importants qu'un vieux chef de S.A. ne pouvait atteindre après des années...

La décision de la direction du Parti de mettre fin aux excès dont je viens de parler a provoqué une réaction très vive de la part du chef d'Etat-major. Des vétérans de nos luttes dont certains combattaient depuis quinze ans avec nous et dont certains représentaient le Parti dans de hautes fonctions de l'Etat furent déférés devant les tribunaux d'honneur composés partiellement de membres très jeunes du Parti ou même de gens n'y appartenant pas du tout.

Il en est résulté de graves discussions entre Rœhm et moi. C'est alors que, pour la première fois, j'ai conçu des doutes sur la loyauté de cet homme...

A partir du mois de mai, il était hors de doute que le chef d'Etat-major Rœhm s'occupait de plans ambitieux qui, s'ils étaient réalisés, ne pouvaient qu'amener les changements les plus graves.

Si j'ai hésité, pendant ces mois, à prendre une décision, ce fut pour deux raisons :

1)      Je ne pouvais pas, sans nouveaux indices, m'habituer à l'idée que des relations que j'avais édifiées sur la confiance mutuelle reposaient sur un mensonge.

2)      J'avais toujours le secret espoir d'épargner au mouvement et à mes Sections d'Assaut la honte d'une telle explication et de limiter les dégâts sans avoir à combattre...

Peu à peu, trois groupes se sont formés au sein de la direction de la S.A. D'abord un petit groupe d'éléments que rapprochaient leurs dispositions ou leurs vices et qui, prêts à tout, étaient complètement entre les mains de Rœhm. C'était en premier lieu les chefs de S.A. Ernst à Berlin, Heines en Silésie, Hayn en Saxe, Heydrebreck en Poméranie. A côté d'eux se trouvait un second groupe de chefs qui, en réalité, n'appartenaient pas à cette secte, mais qui se considéraient comme obligés d'obéir à Rœhm par sentiment de discipline. Opposé à ces deux groupes en existait un troisième ; les chefs qui en faisaient partie ne cachaient pas leur aversion pour ce qui se passait : pour cette raison, ils se trouvaient écartés des postes à responsabilité et, dans bien des cas, complètement laissés de côté. A la tête de ce groupe se trouvaient Lutze, le chef d'Etat-major actuel, et le chef de la S.S. Himmler.

Sans me mettre jamais au courant, sans que j'en aie eu jamais la moindre idée, le chef d'Etat-major Rœhm était entré en relations avec le général von Schleicher par l'entremise d'un aventurier totalement corrompu, M. von Alvenleben Schleicher fut l'homme qui donna une forme concrète aux intentions de Rœhm. II décida que :

1)      Le régime allemand actuel ne pouvait plus durer.

2)      L'armée et les organisations nationales devaient être placées sous les ordres d'un même chef.