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— Elle va… commença-t-elle.

Soudain Joe se redressa calmement. Il attrapa la fille par le devant de son sari, la fit lever et, d’une poussée violente, l’envoya dans la piscine. Puis, il se recoucha et reprit sa méditation.

« Darling » Jill éclata de rire. Sue émergea, trempée, ramassa son verre et le jeta de toutes ses forces à la figure de Joe Makenna. Celui-ci ne bougea pas, s’essuyant seulement les yeux. Un garçon arriva derrière Sue et la poussa dans la piscine, mais elle eut le temps de s’accrocher à lui et ils tombèrent ensemble.

Il y eut une mêlée confuse qui se transforma en étreinte, debout dans l’eau.

Enfin, Sue sortit de la piscine entièrement nue, s’étira et sans un regard pour Joe Makenna fila vers le buffet. Elle était maigre avec une toute petite poitrine et des cuisses fortes et musclées. Jill essaya d’attirer Malko dans l’eau, très émoustillée.

— Venez.

Elle hasarda une caresse si précise qu’il regarda autour de lui. Personne ne prêtait attention à eux. Par la porte du living, il voyait un homme danser à genoux devant une fille paraissant quinze ans, dont les ondulations se passaient de commentaires. Il commençait à ne plus savoir très bien où il se trouvait. Ni ce qu’il faisait. Comment croire à une histoire d’espionnage dans cette ambiance démentielle. Il n’avait pas eu le temps de fumer les cigarettes offertes par Albert Mann et la marijuana commençait à le plonger dans un état second.

Jill s’énervait.

— Venez !

Soudain, une cloche placée près du buffet, couvrit le bruit de la musique.

— Venez tous, les jeux vont commencer, criait Gene Shirak.

Docilement, les couples se rapprochèrent. Sauf le gros jeune homme à lunettes, qui s’allongea sur une chaise longue, à l’écart. Même « Darling » Jill sortit de l’eau et prit Malko par la main.

Gene Shirak ôta sa chemise et fit glisser la fermeture Éclair de son pantalon. En un clin d’œil, il fut nu. Les autres hommes l’imitèrent et les femmes qui avaient encore leur robe les plièrent soigneusement sur une table, gardant seulement leurs bijoux.

Malko avait fait comme tout le monde. Il était nu comme un ver. « Darling » Jill regarda ses cicatrices et ses yeux brillèrent.

— Vous vous êtes battu ?

— Accidents de voiture, dit-il laconiquement. Daphné finissait de se débarrasser de sa robe avec beaucoup de grâce. Il sembla à Malko que ses seins avaient encore grossi. Il vit le regard de Gene Shirak posé sur la jeune femme : les marchands du temple devant le Veau d’Or.

« Darling » Jill, qui ne dédaignait pas à l’occasion une excursion à Lesbos, se passa la langue sur les lèvres et remarqua :

— Ton amie est très belle.

Gene Shirak claqua des mains. Martha, la vieille bonne noire toute desséchée, sortit de la cuisine, portant à grand-peine une vasque pleine d’un liquide incolore sur lequel flottait une éponge. Ses yeux passèrent sur les corps dévêtus des hommes et des femmes avec une indifférence totale.

Gene Shirak annonça :

— Vous connaissez les règles du jeu. Les hommes vont aller au fond du jardin, près du bungalow. Ensuite, ils n’auront plus qu’à faire leur choix, s’ils arrivent à attraper nos gracieuses compagnes.

Il eut un geste large vers les femmes :

— Mesdames.

« Darling » Jill, avant de quitter Malko, lui glissa à l’oreille :

— Tâchez de m’attraper le premier.

Interdit, il contempla l’incroyable spectacle. Entièrement nues, les femmes faisaient sagement la queue devant la vieille bonne. Sue Scala se présenta la première. D’une main experte, la Noire lui enduisit le corps avec le liquide contenu dans la vasque. Aussitôt, sa peau se mit à luire d’un éclat agréable.

— C’est de la pure huile d’olive, cria Gene, très excité. Importée.

On est snob ou on ne l’est pas.

Le badigeonnage dura une dizaine de minutes. Malko s’était écarté avec les autres hommes. Joyce, la femme de Gene Shirak, faisait sagement la queue comme au supermarché.

Seuls, Joe Makenna et le gros jeune homme joufflu étaient restés habillés. Ce dernier attrapa Malko par le bras lorsqu’il passa près de lui.

— Stranger, dit-il, votre amie est magnifique. J’organise une petite partie en avion dans quelques jours, j’espère que vous serez des nôtres…

Malko n’osa pas lui demander pourquoi il n’en profitait pas sur-le-champ.

Le badigeonnage était terminé. Les femmes attendaient en bavardant comme chez le coiffeur. Soudain, Gene, velu comme un chimpanzé, mit sur l’électrophone la bande sonore de « Hair » et hurla :

— Maintenant le jeu commence.

Aussitôt, il se précipita sur Daphné, qui était la plus proche de lui. D’ailleurs, il était le seul mâle a être resté près de la piscine. Discrètement, la vieille Noire se retira dans sa cuisine, en emportant ce qui restait d’huile d’olive.

Gene Shirak enserra les hanches de Daphné. Mais le badigeonnage avait été trop bien fait. Elle lui glissa littéralement entre les mains et s’enfuit en riant aux éclats.

Jouant le jeu, Malko s’avança à son tour. Si ses ancêtres l’avaient vu ! La sécurité des USA passait par d’étranges méandres. Il aperçut « Darling » Jill poursuivie par un petit homme bedonnant qui la saisit à bras-le-corps et voulut la renverser sur une balancelle.

Elle lui échappa, aperçut Malko, et fonça sur lui. Ce dernier se heurta presque à Daphné. Ainsi ointe, elle était somptueusement belle. On aurait dit une statue de bronze. Au même moment, « Darling » Jill atterrit dans ses bras. Soudain un objet brillant sur le corps de Daphné, accrocha l’œil de Malko.

Enfoncé dans le nombril, elle portait le bijou que lui avait confié Albert Mann. La pierre de lune trouvée sur le corps du Navajo assassiné ! Elle avait dû fouiller ses affaires et le lui « emprunter ».

Malko en oublia la sangsue huileuse qui se frottait contre lui. Si l’assassin du Navajo se trouvait là et apercevait le bijou, il saurait immédiatement que Malko n’était pas un simple prince en goguette. Il fallait faire disparaître le bijou compromettant coûte que coûte.

Il repoussa Jill et se lança à la poursuite de Daphné, talonné par Gene Shirak.

— Hé ! hurla Jill, furieuse d’être laissée en plan.

Mais Malko courait déjà comme un fou derrière la somptueuse chute de reins de Daphné. Gene Shirak lui cria :

— Vous n’avez pas envie de changer pour une fois ? Son état physique aurait fait honte à un chimpanzé très mal élevé.

La jeune femme faisait le tour de la piscine, s’accrochant aux colonnades de stuc.

Pendant quelques instants, les deux hommes coururent côte à côte sur le marbre glissant. Tout à coup, Gene poussa vicieusement Malko qui tomba dans l’eau tiède de la piscine.

Lorsqu’il fit surface, Gene ceinturait Daphné, l’appuyant à une des colonnes. Malko jaillit de la piscine comme un poisson volant et empoigna Daphné par la seule partie qui restait libre : ses hanches. Il rencontra le regard furieux de Gene Shirak. Collé contre Daphné, sa main droite partit vers le ventre de la jeune femme, à la recherche du bijou. Gene Shirak se méprit sur son geste.

— Il y a place pour deux, murmura-t-il.

Daphné tourna un visage effaré vers Malko. Elle ne comprenait plus. Philosophiquement, elle se dit que décidément les hommes étaient tous des cochons.

Avant que Malko ait pu atteindre le bijou, une tornade atterrit sur son dos et l’enserra dans deux bras huileux.

— Tu n’en as pas assez de ta vache à lait, siffla la voix furieuse de Jill.

À la seconde bouteille de Champagne, elle devenait grossière.

La jeune femme empoigna Malko et Gene et poussa les deux hommes dans la piscine, entraînant du même coup Daphné, prise en sandwich.