Il me restait peut-être soixante ans à vivre; plus de vingt mille journées qui seraient identiques. J'éviterais la pensée comme j'éviterais la souffrance. Les écueils de la vie étaient loin derrière moi; j'étais maintenant entré dans un espace paisible dont seul m'écarterait le processus létal.
Je me baignais longtemps, sous le soleil comme sous la lumière des étoiles, et je ne ressentais rien d'autre qu'une légère sensation obscure et nutritive. Le bonheur n'était pas un horizon possible. Le monde avait trahi. Mon corps m'appartenait pour un bref laps de temps; je n'atteindrais jamais l'objectif assigné. Le futur était vide; il était la montagne. Mes rêves étaient peuplés de présences émotives. J'étais, je n'étais plus. La vie était réelle.
[1] Le lecteur curieux les trouvera cependant en annexe au commentaire de Daniel17, à la même adresse IP.