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« Qu’allons-nous faire ? Ne pouvons-nous pas l’arrêter ? » se lamenta Jock.

Ivan resta calme. « Cela ne changerait rien et vous ne pourriez le faire. Ce Marine là-bas n’est pas un de nos guerriers, mais il est armé et sa main est posée sur son arme. Il nous craint.

— Mais…

— Écoutez. »

« Convocation de conférence, dit Fowler à l’opératrice du palais. Je veux le prince Merrill et Armstrong, le ministre de la Guerre, en personne, peu m’importe où ils se trouvent. Je les veux tout de suite.

— Oui, sénateur. » La fille était jeune et effrayée par le ton du sénateur. Elle tapota sur son clavier. Tout le monde retint sa respiration.

Le ministre Armstrong se trouvait dans son bureau, sans tunique et la chemise ouverte. Des papiers encombraient sa table. Il regarda d’un air irrité qui l’appelait et marmonna. « Oui ?

— Un instant, dit Fowler avec brusquerie. J’attends d’avoir le vice-roi sur un des circuits de conférence. » Il y eut une autre longue attente.

Son Altesse apparut. L’écran ne montrait que son visage. Il paraissait essoufflé. « Oui, sénateur ?

— Sire, vous avez vu mon ordre de mission signé par l’Empereur ?

— Oui.

— Acceptez-vous mon autorité en toute matière relative aux extra-terrestres ?

— Bien sûr.

— En tant que représentant de Sa Majesté Impériale, je vous ordonne de rassembler la flotte de combat du Secteur dans les plus brefs délais. Vous placerez l’amiral Kutuzov à sa tête et le ferez attendre mes instructions. »

Les écrans restèrent silencieux. Des murmures irritants envahirent la salle de réunion. Ben fit un geste d’impatience pour obtenir le silence, et cela cessa.

« Pour la forme, sénateur, dit Merrill prudemment, j’aurais besoin d’une confirmation de cet ordre par un autre membre de la commission.

— Oui. Rod. »

Et voilà, pensa Rod. Il n’osait pas regarder Sally. Une race de guerriers ? Des maîtres indépendants ? Nous ne pouvons pas leur laisser l’accès à l’espace humain : nous ne durerions pas un siècle.

Les Granéens sont absolument figés. Ils savent ce que nous trouverons : une reproduction illimitée et les démons. Tous les cauchemars que tous les enfants ont toujours eus… mais j’aime bien les Granéens. Non, j’aime les médiatrices. Je n’ai rien connu d’autre. Les médiatrices ne contrôlent pas la civilisation de Grana. Il regarda prudemment Sally. Elle était immobile, comme les Granéens. Rod prit une profonde inspiration.

« Votre Altesse, j’approuve. »

56. Dernier espoir

Leurs appartements semblaient petits à présent, malgré les hauts plafonds. Rien n’avait changé. Il y avait dans leur cuisine tous les mets fins que l’Empire avait pu trouver. Une seule pression sur un bouton faisait venir une douzaine, une centaine de domestiques. Les Marines, dehors dans le couloir, étaient polis et respectueux.

Les Granéens étaient piégés. Quelque part, aux frontières du système néo-calédonien, sur une base appelée Dagda, les vaisseaux de guerre de l’Empire étaient convoqués ; et quand ils seraient arrivés

« Ils ne les tueront pas tous, bégaya Charlie.

— Mais si. » La voix de Jock était une plainte, elle tremblait.

« Les guerriers se battront. La Flotte perdra des vaisseaux. Et Kutuzov sera au commandement. Risquera-t-il ses vaisseaux pour épargner quiconque d’entre nous ? Ou réduira-t-il notre planète en un tas de cendres iridescentes ?

— Les astéroïdes aussi ? gémit Charlie. Oui. Il n’y a jamais eu de Cycle dans lequel les deux aient disparu. Maître, nous devons faire quelque chose ! Nous ne pouvons pas permettre cela ! Si nous avions été francs envers eux…

— Leur flotte serait déjà en route au lieu d’être seulement en train de se rassembler, dit Jock avec mépris. C’était si près ! Je les avais ! » Trois doigts de la taille de saucisses de Francfort se refermèrent, vides. « Ils étaient prêts à consentir, et puiset puis… » Elle gémit, au bord de la folie, mais elle se ressaisit. « Il y a sûrement quelque chose à faire.

— Tout leur dire, dit Charlie. En quoi cela pourrait-il nuire ? Maintenant, ils voient en nous le mal Nous pouvons au moins leur expliquer pourquoi nous leur avons menti.

— Réfléchissez à ce que nous pouvons leur offrir, ordonna Ivan. Étudiez leurs intérêts et pensez à des moyens de les protéger sans détruire la Race.

— Les aider ? demanda Jock.

— Bien sûr. Les aider à se protéger contre nous.

— Ce sont les guerriers qu’ils craignent. Les maîtres consentiraient-ils à tuer tous les guerriers ? Pourrions-nous alors être admis dans l’Empire ?

— Eddie le Fou ! hurla Charlie. Combien de maîtres garderaient alors en réserve des élevages secrets de guerriers ?

— On a déjà tenté cela auparavant, dit Ivan. Pensez à autre chose.

— Pouvons-nous leur faire croire qu’il nous est impossible de construire les champs Langston ? demanda Charlie.

— À quelle fin ? Ils nous démasqueraient. Non. Ils ne repénétreront pas dans notre système tant que leur flotte ne sera pas prête et alors ils emmèneront leurs forces au complet. Une douzaine de vaisseaux de guerre. Si cette flotte entre dans notre système, les guerriers se battront et la race mourra. Ils ne doivent pas l’envoyer, ILS NE LE DOIVENT PAS ! »

Jock utilisa une langue à demi oubliée, inconnue des maîtres. « Il est presque fou.

— Comme nous. » Charlie se trémoussa en un rire granéen amer et silencieux. « Je plains le maître. Il a les mêmes craintes que nous, plus celle que nous devenions folles. Sans nous, il serait muet, regarderait la flotte se rassembler, incapable d’émettre la moindre protestation.

— Réfléchissez ! ordonna Ivan. Ils envoient Kutuzov. Il a détruit une planète humaine… quel pitié aura-t-il pour des extra-terrestres ? Réfléchissez ! Réfléchissez sinon notre race est perdue ! »

Alors que Sally entrait dans le bureau de Rod, elle l’entendit parler au téléphone. Il ne l’avait pas vue. Elle hésita un instant, puis elle resta immobile et écouta.

« Je suis d’accord, Lavrenti. La civilisation des astéroïdes doit être anéantie au premier passage. Il pourrait même s’agir de leur base militaire principale.

— Je n’aime pas diviser la Flotte, dit la voix au téléphone, avec un lourd accent. Vous me confiez deux missions, Sire Blaine. Elles ne sont pas compatibles. Tomber sur les Granéens et les mettre hors de combat sans avertissement… oui, c’est possible. Inciter leur attaque avant de réagir… cela nous coûtera des vies et des vaisseaux que nous ne pouvons nous permettre de perdre.