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Cil sur le panil sa main met, Sel senti creü et barbé. Et qu’est ce ci, por amor Dé ? Par foi, feit ele, c’est un bos* Dont li mur sont très bien enclos De ma fonteine tôt entour N’i a autre mur n’autre tour.

Dans ce texte le mot panil est du reste employé au sens général de « con », lequel, un peu plus haut dans le récit, a le sens restreint de sphincter vaginal que la demoiselle appelle sa « fontaine. »

Le « panil » a-t-il pu donner le « panier » ? Ce n’est pas du tout invraisemblable ; d’autant que la substitution a pu être aidée par l’image parallèle du cabas, « panier de jonc », courante dès le XVe siècle. En effet le cas est un des désignatifs les plus courants du sexe à l’époque :

Son petit cas tout bellement Le mieux que je peux, j’entretiens.
(XVe, Théâtre.)

(Ce mot qui signifie « trou » est le même que le chas d’une aiguille et c’est l’évolution de cette image qui a donné le chat, puis la « chatte. ») Le cabas procède donc d’un jeu de mots traditionnel entre le « cas bas », le « trou bas », et le « cabas », panier.

Mettre la main au panil, au cabas, au panier ?… Il est tentant d’y voir un seul et même héritage, mais la difficulté des dates demeure sérieuse pour une expression d’apparition aussi récente, dont l’usage n’a réellement fleuri que dans la première moitié de ce siècle : « Elle portait des robes si courtes aussi ! Et pas pudique du tout quand elle faisait sissite ! Elle est pinocumettable, prétendait Pactot. Si j’habitais la maison meublée comme toi, y a longtemps que je me la serais envoyée, concluait Cambrésis. Tu lui as mis la main au panier, au moins ? Monsieur Hermès rougissait, gêné. Pourquoi les hommes respectaient-ils aussi peu les femmes ? » (R. Guérin, L’Apprenti, 1946.)

Jouer à touche-pipi

C’est là une transposition gentillette de jeux enfantins dans un domaine adulte plus salace, faire pipi que relève Littré, est attesté d’abord par Delvau en 1866 — « dans l’argot des enfants. » Jouer à touche-pipi semble n’avoir été inventé qu’au cours des années 1920, avec une signification variable et extensible qui permet de ne pas préciser où le jeu s’arrête, de l’attouchement au coït : « Palisseau prétendait qu’il existait passage du Havre une boutique où l’on vendait de la lingerie spéciale et toutes sortes d’accessoires pour jouer à touche-pipi. En acheter et s’en servir. Mais comment affronter la vendeuse et lui demander ce genre d’articles ? » (R. Guérin, L’Apprenti, 1946.)

Faire des langues (fourrées)

Les amoureux se font des langues depuis toujours — du moins c’est vraisemblable — et l’expression courait les portes cochères au siècle dernier. C’est ce que les gourmets appellent le « baiser lingual », et les Anglais : French kiss. Delvau présente ainsi la performance en 1864 : « Faire une ou des langues. Introduire plus ou moins profondément sa langue dans la bouche d’une femme lorsqu’on est homme, d’un homme lorsqu’on est femme, ce qui donne un avant-goût du plaisir que l’on va goûter tout à l’heure en foutant. »

Delvau ajoute, attestant l’expression : « On dit aussi faire langue fourrée. » Une apparition du mot aussi précoce dans le XIXe siècle, alors que les termes d’escrime étaient encore vivants, indique qu’il est vraisemblablement calqué sur le fameux « coup fourré » des duellistes. Un coup fourré, c’est, dit Littré, « un coup que l’on donne en même temps que l’on en reçoit un ; locution qui vient de ce que le coup donné et reçu est considéré comme ayant sa fourrure, ce qui en fait un coup double. » Cette notion de réciprocité convient à merveille à l’exécution d’une langue fourrée, laquelle est généralement payée de retour. Il faut ajouter que le terme, qui existait déjà en cuisine, devait être ressenti comme un jeu de mots facile : « langue fourrée, langue de bœuf, de cochon, de mouton, recouverte d’une peau et que l’on fait cuire d’une certaine manière. » (Littré.)

Faire une langue paraît être tombé en désuétude ; mais l’expression est restée dans l’usage pendant toute la première moitié de ce siècle. « Dans la nuit ils avaient été se promener. Le long de la route. Puis ils s’étaient assis sur un mur bas, cachés sous les arbres. Elle lui avait donné sa bouche. Longuement. La première fois qu’une fille lui avait fait une langue. Alors il l’avait enlacée, lui-même surpris de son audace, et lui avait caressé les jambes. » (R. Guérin, L’Apprenti, 1946.)

Faire une langue fourrée fut l’expression la plus courante de toute la jeunesse des générations actuelles — la banalisation de la chose ayant un peu écartée le mot, semble-t-il, des adolescents d’aujourd’hui. « Marthe, une grosse voix garçonnière et un peu rauque. Il se demandait encore si elle n’avait pas été un peu amoureuse de lui, malgré ses airs, et si ce n’était pas pour ça qu’elle avait refusé de coucher. Ces langues fourrées qu’elle lui faisait ! » (R. Guérin, L’Apprenti, 1946.)

Quelques variantes sont à signaler pour mémoire dans une foultitude d’autres qui n’ont pas manqué de fleurir dans l’usage d’une création continue, et spontanée.

Se passer des langues :

C'est pas euss qui front v’nir l’Époque Où qu’les z’Homm’s y s’ront tous frangins, Où qu’les Nations s’pass’ront des langues, Comme des cbarlott’s en amiquié.
(Jehan Rictus, Les Soliloques du pauvre, 1897.)

Se passer des saucisses :

Mossieu l’Commissair’ de Police, y s’lichaient, s’passaient des saucisses, t’en-veux-t’y-t’ en-veux-en-voilà.