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— Pas la moindre. J’ai essayé de leur expliquer mais il n’y a pas eu moyen de leur faire comprendre. Ou bien, ils refusaient de comprendre. Depuis, je n’arrête pas de retourner le problème et il n’y a aucun moyen qui puisse me permettre de connaître le prix. Cela dépend entièrement de ce qu’une équipe comme celle-ci peut désirer. Je n’en ai vraiment aucune idée.

— Et bien, dit Oop, ils ont bien choisi leur point de vente. Comment comptes-tu mener l’affaire ?

— Je vais aller voir Arnold.

— Tu ne t’en fais pas.

— Écoute, je dois parler à Arnold et à personne d’autre. Il ne doit pas y avoir de fuites. Je ne peux pas suivre la filière normale. À première vue, cela a l’air idiot. Si le média des communications ou les rapporteurs de potins en avaient écho, l’Université n’oserait pas se lancer. Si l’affaire était ébruitée, que l’Université s’y intéresse et que l’affaire tombe à l’eau – et tu peux me croire, il y a beaucoup de chances pour que cela se produise – on entendrait un énorme éclat de rire d’ici jusqu’au Rebord. Ma tête et celle d’Arnold…

Oop le coupa :

— Pete, Arnold n’est qu’un prétentieux. Tu le sais aussi bien que moi. C’est un administrateur. Il s’occupe de la gestion de l’Université. Qu’il ait le titre de Président ou non, m’importe peu, il n’est jamais qu’un patron. Il ne s’intéresse pas à l’enseignement. Il ne lèverait pas le petit doigt sur trois planètes remplies de science.

— Il faut que le Président d’une Université soit un administrateur…

— Si cela avait pu se passer à n’importe quel autre moment, soupira Oop, tu avais peut-être une chance. Mais en ce moment, Arnold est dans ses petits souliers. Vouloir muter l’administration depuis New York à ce campus remuant…

— Un campus, ajouta Maxwell, dont les traditions libérales…

— La politique universitaire, déclara Oop, ne tient pas compte des traditions libérales, ni d’aucune autre sorte de tradition.

— Tu as sans doute raison, dit Maxwell, mais c’est Arnold que je dois voir. Je préférerais que ce soit quelqu’un d’autre. Je n’ai aucune admiration pour lui mais c’est avec lui que je dois traiter.

— Tu aurais pu refuser.

— Cette mission d’intermédiaire ? Non, Oop, je ne le pouvais pas. Personne n’aurait pu refuser. Il leur aurait fallu trouver quelqu’un d’autre et peut-être que celui sur lequel ils seraient tombés aurait tout gâché. Moi-même, je ne sais pas ce que j’arriverai à faire, mais au moins je vais essayer. Et pas seulement pour nous mais aussi pour eux.

— Tu t’es pris d’amitié pour ces gens ?

— Je ne sais pas dans quelle mesure. J’éprouve pour eux de l’admiration et aussi de la pitié. Ils font leur possible. Ils cherchent depuis si longtemps à qui transmettre leur science.

— La transmettre ? Tu avais parlé de la vendre.

— C’est simplement parce qu’il y a quelque chose qu’ils désirent, dont ils ont besoin. J’aimerais savoir quoi, tout serait plus facile pour tout le monde.

— Une petite question. Tu leur as parlé ; mais comment ?

— Les tablettes, je t’en ai parlé. Ce sont ces feuilles de métal couvertes de renseignements. Ils me parlaient par leur intermédiaire et je leur répondais de la même façon.

— Mais, comment pouvais-tu les déchiffrer ?

— Ils m’avaient donné une espèce d’appareil, comme de très grosses lunettes, quelque chose d’assez volumineux. Je suppose que c’était une mécanique savante. Il me suffisait de les mettre pour pouvoir lire les tablettes. Elles ne comportaient pas d’inscriptions, rien que des petits signes dans le métal. C’est difficile à expliquer mais en regardant les signes avec les lunettes, je les comprenais. J’ai découvert plus tard qu’elles étaient réglables pour pouvoir lire les différentes couches d’atomes. Mais, au début, ils ne faisaient que m’écrire des messages – je ne sais pas si le mot écrire convient très bien – comme des enfants qui s’amusent avec une ardoise. Je leur répondais en pensant dans une autre machine accrochée aux lunettes.

— Un transposeur ?

— Je pense que c’est cela. Un transposeur à double sens.

— Nous avons essayé d’en fabriquer un. Par nous, j’entends non seulement la Terre mais ce que nous appelons Galaxie explorée, ce qui est plutôt comique.

— Je suis au courant, dit Maxwell.

— Et ces types-là, tes fantômes, ils en ont un !

— Et encore beaucoup plus. Je ne sais pas exactement ce qu’ils possèdent. Je n’ai fait que me documenter au hasard pour vérifier qu’ils possédaient bien ce qu’ils disaient.

— Une chose encore me préoccupe. Tu as parlé d’une planète. Mais son étoile ?

— La planète était recouverte d’un dôme. Je pense qu’il y avait une étoile mais depuis la surface de la planète, elle était invisible. En fait, l’existence de cette étoile n’est pas obligatoire et c’est cela qui est important. Tu connais le concept de l’Univers oscillant.

— L’Univers yo-yo ? Celui qui va et vient ?

— Oui. Eh bien maintenant, c’est une chose certaine. La planète de cristal provient de l’Univers qui existait avant celui-ci. Vois-tu, les habitants de la planète avaient tout imaginé. Ils savaient que le temps viendrait où toute énergie aurait disparu de l’Univers et où la matière morte se retirerait lentement pour former un autre œuf cosmique dont l’explosion donnerait naissance à un nouvel Univers. Ils savaient que la fin de leur univers approchait et, qu’à moins d’agir, ce serait aussi leur fin à eux. Aussi décidèrent-ils d’un projet planétaire. Ils stockèrent de l’énergie, je ne sais comment, ni où ils la trouvèrent. Ils la gardèrent grâce à un système quelconque dans la matière même de leur planète pour que le jour où tout le reste de l’Univers mourrait, ils ne soient pas privés d’énergie. Ils recouvrirent la planète d’un dôme et la transformèrent ainsi en maison. Ils trouvèrent un moyen de propulsion pour pouvoir mouvoir la planète d’une façon autonome dans l’espace. Ils abandonnèrent leur étoile, cendre morte et brûlée, avant que l’attraction interne de l’Univers mort n’intervienne et ils se lancèrent, seuls dans l’espace. Et c’est ainsi qu’ils vivent, habitants en survie d’un vaisseau planétaire. Ils ont été les témoins de la disparition de l’Univers précédent, et ils se sont retrouvés seuls dans un espace mort, sans la moindre étincelle de lumière, le moindre frémissement d’énergie. Peut-être ont-ils vu la formation du nouvel œuf cosmique, je n’en sais rien. Ils auraient pu y assister de très loin. Et s’ils l’ont vu, ils ont aussi été les témoins de l’explosion qui a marqué le début de notre Univers, de l’éclair fulgurant qui a rendu de l’énergie à l’espace. Ils ont connu la première lueur rouge des nouvelles étoiles, la formation des galaxies, qui, une fois achevées, sont allées rejoindre le nouvel Univers. Ils avaient la possibilité de choisir leur galaxie, de fixer leur orbite autour de n’importe quelle étoile, de se déplacer à leur gré. Ils sont les vagabonds de l’espace, mais leur fin approche. La planète, elle, pourrait continuer à voguer éternellement car leur système énergétique est toujours en activité. Même l’existence d’une planète doit avoir une limite dans le temps mais ils en sont encore loin, c’est leur race qui se meurt. Et ils possèdent une science amassée par deux univers.

— Le fruit de cinquante billions d’années ! dit Oop.

— Au moins. Il est possible que cela soit encore davantage.

Ils demeurèrent silencieux, pensant à ces cinquante billions d’années. Le feu ronflait dans la cheminée. Dans le lointain, résonnait le carillon du Hall de la Musique qui égrenait les heures.