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Il était important qu’il remplisse la mission dont on l’avait chargé. Il y avait de grandes chances qu’en cas d’échec de sa part, la planète de cristal s’adresse ailleurs pour proposer sa bibliothèque. Elle la proposerait peut-être à une autre partie de la galaxie, peut-être même en dehors.

Il était possible que l’Artifact soit le prix demandé. Qu’une proposition en ait été faite et que Churchill y soit mêlé, rendait la chose assez plausible, mais pour l’instant, on ne pouvait rien affirmer. Il se pouvait que l’Artifact soit convoité par quelqu’un qui avait enfin découvert quel en était le secret. Il essaya d’imaginer ce qu’on pouvait avoir trouvé mais il dut abandonner.

Un vol de merles passa au-dessus de la cabane, en direction de la chaussée. Maxwell les vit qui se posèrent parmi la végétation mourante d’un marais. Leurs corps se balançaient délicatement sur des touffes d’herbe. Ils étaient là pour une heure environ, prenant des forces pour voler jusqu’à la prochaine étape vers le sud.

Maxwell se leva. Il aurait bien fait une sieste. La tranquillité et le calme de l’après-midi s’étaient emparés de son corps. Il se dit qu’Oop renterait bientôt ; il le réveillerait et ils discuteraient en mangeant quelque chose avant d’aller chez Nancy.

Il ouvrit la porte et pénétra dans la cabane. Il se dirigea vers le lit puis il pensa qu’il ferait mieux de vérifier s’il lui restait une chemise propre et une paire de chaussures pour la soirée. Il souleva son sac et le posa sur le lit.

Il l’ouvrit et en sortit un pantalon pour atteindre les chemises qui étaient dans le fond. Les chemises étaient bien à leur place, mais il y avait autre chose : un boitier avec une sangle et des sortes d’œillères.

Il savait bien ce que c’était. Le transposeur dont il s’était servi sur la planète de cristal. Il le balança, le tenant par la courroie. Il était complet : la sangle, le générateur de puissance et les deux œillères à mettre en position une fois l’engin placé sur la tête.

Il avait dû l’emporter par mégarde, mais il ne s’en souvenait absolument pas. De toute façon, il était trop tard et peut-être que cela n’avait pas d’importance. Cela pourrait même lui servir un jour ou l’autre à prouver qu’il avait bien été sur la planète de cristal. D’ailleurs, le transposeur n’était pas une bonne preuve, ce n’était qu’un gadget à l’aspect banal… Mais quand le mécanisme était en train, il n’était plus si banal que cela.

Maxwell perçut un léger tapotement. Surpris, il se redressa et tendit l’oreille. Sans doute une branche qui battait contre le toit. Pourtant, le bruit était un peu différent.

Le tapotement cessa puis reprit, cette fois-ci d’une façon rythmée, trois coups rapides – une pause – deux coups rapides – une pause et de nouveau la même chose. On aurait dit un code.

Il y avait quelqu’un à la porte.

Maxwell quitta le lit et demeura un instant indécis. Peut-être était-ce un journaliste et alors il valait mieux ne pas ouvrir. Mais le tapotement n’était pas assez impatient pour provenir d’un ou de plusieurs journalistes qui auraient découvert sa retraite. C’était des coups légers, timides, comme si la personne ne voulait pas dévoiler sa présence, n’étant pas très sûre de ses intentions. Et de toute façon, s’il s’agissait de journalistes, il ne servait à rien de ne pas ouvrir car ils essaieraient d’eux-mêmes, et trouvant la porte ouverte, ils entreraient dans la cabane.

Le tapotement, qui avait cessé, reprit. Maxwell ouvrit la porte en grand. Sur le seuil se détachait la silhouette blanche et fantomatique de la Crevette. Un de ses membres, qui lui servait plus de bras que de jambe, tenait un paquet enveloppé de papier.

— Entrez, dit sèchement Maxwell, avant que quelqu’un ne vous voie.

La Crevette entra et Maxwell se demanda ce qui l’avait poussée à la faire se hâter ainsi.

— Pas besoin avoir peur, dit la Crevette. Aucun glaneur de potins ne m’a suivi. Mon aspect tellement bizarre, personne ne me suit jamais, personne ne fait attention à moi.

— Vous avez de la chance. C’est sans doute ce qu’on appelle la protection par la couleur.

— Me revoilà, dit la Crevette, pour miss Clayton. Elle sait vous avez emporté peu de vêtements dans voyage. Pas eu temps faire des courses ou aller à teinturerie. Ne veut pas vous vexer, mais vous envoie vêtements. M’a demandé dire cela avec enthousiasme.

La Crevette tendit à Maxwell le paquet qu’elle tenait sous son bras.

— C’est très gentil de la part de Nancy.

— Elle très attentionnée. M’a demandé de vous dire autre chose.

— Je vous écoute.

— Un véhicule à roues vous emmènera à la maison.

— Je n’en ai pas besoin, la chaussée roulante passe juste en bas de chez elle.

— Encore une fois, excusez, dit la Crevette fermement, mais elle pense c’est mieux. Il y a beaucoup de remue-ménage parmi toutes sortes de créatures pour savoir où vous êtes.

— Pouvez-vous me dire comment miss Clayton le sait ?

— Je ne sais vraiment pas.

— Bon, ça va. Vous remercierez Miss Clayton de ma part.

— Avec plaisir.

XIV

— Je vais vous faire passer par-derrière, dit le chauffeur. Il y a une nuée de journalistes de l’autre côté. Miss Clayton a pensé que vous ne voudriez peut-être pas les rencontrer.

— Merci, dit Maxwell, c’est très aimable à vous.

Nancy, se dit-il, avait, selon son habitude, tout organisé. Elle considérait comme une de ses prérogatives de décider de la vie des autres.

Sa maison était située sur la falaise basse qui longeait le lac à l’ouest. L’eau brillait à la lumière de la lune. La façade était inondée de lumière mais l’arrière était dans l’obscurité.

La voiture quitta l’autoroute et grimpa lentement la route bordée de grands chênes. Un oiseau effrayé s’envola, les phares de la voiture éclairèrent un moment ses battements d’ailes désespérés. Deux chiens se précipitèrent dans l’allée, aboyant furieusement de chaque côté de la voiture.

Le chauffeur ricana :

— Si vous étiez à pied, ils vous dévoreraient vivant.

— Mais pourquoi miss Clayton a-t-elle subitement besoin d’une meute pour la garder ?

— Il ne s’agit pas d’elle mais de quelqu’un d’autre.

Maxwell réprima la question qui lui venait aux lèvres.

Le chauffeur s’engagea dans un petit chemin qui passait sous un portique et il s’arrêta.

— C’est la porte de derrière, dit-il. Vous n’avez pas besoin de frapper. Ensuite, vous traversez le hall et vous passez devant un escalier en colimaçon. Vous verrez, la réception est au fond du corridor.

Maxwell posa la main sur la poignée de la porte et hésita.

— Ne vous occupez pas des chiens, dit le chauffeur, ils connaissent la voiture, ils ne vous feront rien.

En effet, aucun des chiens n’était en vue et Maxwell monta rapidement les trois marches du perron. Il ouvrit la porte de derrière et pénétra dans le hall.

Il y faisait sombre. Une faible lueur provenait du haut de l’escalier. Sans doute quelqu’un qui avait laissé allumé. Des éclats de voix et de rires résonnaient quelque part.

Il demeura un moment immobile puis il s’habitua à l’obscurité et il vit que le hall s’avançait vers le centre de la maison, plus loin que l’escalier. Ensuite, il devait y avoir une porte, ou bien un brusque tournant dans le corridor, et il tomberait sûrement sur la soirée.

Il se dit que tout cela était curieux. Si Nancy avait donné des ordres au chauffeur pour qu’il le dépose derrière la maison, elle aurait dû demander à quelqu’un de l’accueillir ou tout au moins s’assurer qu’il trouverait facilement son chemin.