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Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas partir ? Travailler avec Skerry ? Vivre hors des limites étroites du monde mutant ? Il allait dire oui, puis il songea à Kelly. Le contact satiné de sa peau, le pétillement de ses yeux lorsqu’elle souriait, la chaleur que son rire instillait en lui, dans toute sa personne. Laisser Kelly ? Impossible.

Skerry fronça les sourcils, le coin de sa bouche se tordit.

— Pas la peine de m’expliquer. Je sais, tu es embêté à cause de cette petite normale pour qui tu te consumes. Bon Dieu, Mike, cesse de penser avec tes hormones !

— Elle me manquerait, avoua Michael en rougissant.

— Dans six mois, tu l’auras oubliée, assura Skerry. Et tu rencontreras de vraies femmes. Exotiques, excitantes, et expérimentées…

— Laisse tomber, Skerry. Ce n’est pas mon truc. Du moins, pas maintenant.

Un numéro brilla dans le cerveau de Michael, des chiffres verts qui clignotaient derrière ses paupières.

— Si tu changes d’avis, tu peux me laisser un message ici. Réfléchis, cousin. Adios.

L’air s’agita autour de la table. Michael cilla. Il était tout seul dans le box. Il poussa un soupir, termina son kimmer et paya à la caisse automatique.

Une fois arrivé chez lui, il vit un glisseur bleu au nez recourbé stationné sur l’avenue ; la porte d’entrée n’était plus verrouillée. Quelque peu inquiet, il entra prudemment dans la maison.

Les haut-parleurs du salon diffusaient une chanson inconnue, sur une musique vibrante quasiment inaudible. Michael fit la grimace. Ça sentait l’odeur âcre du joint. Les lumières étaient tellement basses qu’il eut du mal à distinguer la silhouette féminine assise sur le canapé.

— Mel ?

Il n’y eut pour toute réponse qu’un petit rire argentin.

— Kelly ?

— Mais non, idiot. C’est moi, Jena.

Elle se leva et s’approcha de lui. Elle portait une combinaison collante de plastique bleu qui moulait ses longues jambes et son corps élancé. Ses cheveux blonds dénoués flottaient sur ses épaules et ses yeux dorés brillaient comme des écus.

— Prends un joint, proposa-t-elle.

— Comment es-tu entrée ?

— Tes parents ont appelé et m’ont donné le code d’entrée. Ils m’ont demandé de passer pour voir comment tu allais.

Elle se rassit et croisa les jambes. Elle avait mis des bottes noires à talons hauts. La fumée du joint emplissait le salon. La tête lourde, Michael se laissa tomber lentement sur le canapé. Les kimmers qu’il avait pris avec Skerry lui brouillaient les idées et la musique exerçait sur lui un effet hypnotique, irrésistible. Il nota que le vêtement de Jena passait de l’opaque au transparent juste au-dessus des mamelons. Une petite voix dans sa tête s’interrogeait sur les sensations qu’éprouverait sa langue à partir en exploration sous la combinaison qui cachait cette peau fauve…

— Tes parents reviennent quand ?

— Mardi.

Décroisant les jambes, Jena glissa sur le canapé pour se rapprocher du jeune homme et lui tendre un joint. Il en mordit l’extrémité et sentit le vertige familier. Au bout de quelques secondes, il se laissa aller contre les coussins tandis que sa vision se brouillait. Jena se rapprocha encore et se colla à lui.

— Alors, comment ça va ? demanda-t-elle d’une voix rauque.

Un instant, Michael hésita, pensant à Kelly. Puis, le rythme vibrant de la musique s’empara de ses sens. Au diable. Kelly était à des kilomètres et Jena tout à côté, consentante, déjà prête. Kelly ne le saurait jamais, songea-t-il en passant le bras autour de Jena.

Douce. Dieu, qu’elle était douce ! Ce vêtement était comme de la soie. Comme la peau. Il laissa sa main descendre le long du bras, jusqu’à la taille, puis remonta, cherchant une douceur encore plus élastique. Il tira sur le cordon qui maintenait la combinaison fermée autour du cou, elle s’ouvrit et il y glissa un doigt fureteur. Les mamelons étaient durs. Jena émit un soupir et se pressa contre la main du garçon.

Il l’embrassa ; les lèvres s’écartèrent et une langue vint jouer avec la sienne. Le baiser parut devoir durer l’éternité, tandis que Jena se frottait contre Michael au rythme vibrant de la musique. Sa conscience, telles des rides à la surface d’une mare, s’ouvrit en vagues de sensations concentriques et Michael perçut la pulsation de son sang dans ses veines. Quand il rouvrit les yeux, il était étendu sur Jena, leurs vêtements en tas sur le sol.

Le lapement insistant de langues invisibles lui courait sur la peau, explorant le moindre endroit secret, la moindre terminaison nerveuse, lui arrachant des gémissements de plaisir. Appuyée sur son coude, Jena le regardait, languide, les yeux mi-clos.

— Tu aimes ça ? murmura-t-elle avec un sourire félin.

Mille visions érotiques dansaient dans la tête de Michael ; un mandala de voluptés lui enflammait les sens. Il enfouit ses mains sous les coussins, tandis que son cœur commençait à cogner.

— Jena… Mon Dieu…

— En fait, tes parents ne m’ont pas du tout appelée, jubila-t-elle. C’est moi qui les ai appelés chez Halden et je leur ai dit que je m’inquiétais de te savoir seul.

— Tu as fait ça ?

— Bien sûr. Et puis, je savais que Kelly était partie.

— Tu savais ?

Michael essaya de se concentrer sur ce qu’elle était en train de lui dire. Mais ce n’était pas facile. Il l’entendit glousser.

— Évidemment. Je me suis dit que tu devais te sentir seul.

Elle glissa une main entre ses jambes, le caressant lentement. À chaque caresse, il soulevait son corps, sollicité par le désir.

— Je constate que je ne m’étais pas trompée, dit-elle.

Elle retira sa main, mais la sensation de caresse persista. Michael aurait bien voulu lui dire qu’elle n’était pas celle pour qui son cœur battait. Et il dut se mordre la lèvre pour se retenir de lui dire de ne pas arrêter.

— Est-ce que ta normale sait faire ça ? Pénétrer l’intérieur de ton esprit et y lire ce dont tu as le plus envie, et comment tu veux qu’on te le fasse, et à quel moment ? Puis te donner ce que tu attends, multiplié par mille, sans même te toucher ?

Sous les caresses ensorcelantes, invisibles, Michael commença à transpirer, chauffé à blanc, le corps en fusion.

— J’ignorais que tu avais un double pouv…, haleta-t-il.

Le sourire se fit plus félin encore.

— Oui. Télépathique et télékinésique. Tes parents ont raison. Nous ferions un beau couple. Du matériel génétique d’excellente qualité, dit-elle en riant. Nous pourrions peut-être même engendrer ce fameux supermutant qui excite tout le monde.

— Mais pénétrer la pensée est interdit…

— Uniquement si ça se sait… Tu vas aller leur raconter à la prochaine réunion comment j’ai pénétré ton esprit et t’ai donné plus de plaisir que tu n’en as jamais eu de toute ta vie ?

C’était comme un ronronnement. Les mains invisibles s’affairaient entre les cuisses de Michael, le tourmentant à le rendre fou de désir, l’amenant peu à peu jusqu’au délire des sens.

Le mandala se mit à tournoyer dans toutes les directions, tandis qu’un kaléidoscope d’images scintillantes se mêlait aux halètements de la passion, fresque vivante échappée d’un temple indien bâti de lumière. Tantôt il était sur elle, tantôt derrière. Là, elle s’agenouillait devant lui, et là, l’enlaçait tel un serpent.

— Je sais que tu ne t’intéresses pas à moi. Pas encore, dit Jena d’une voix suave.

Elle se coula entre ses jambes et, lentement, se mit à le lécher. Michael exhala son plaisir et ferma les yeux.

— Mais n’oublie pas ceci. Chaque fois que tu seras avec elle, tu te rappelleras comment c’est avec moi. Et tu auras envie de moi. Tu verras.