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— Jacobsen voyait plus loin.

— Eh bien, si tu veux mon avis, Jacobsen était moins influencée par certains groupes particuliers, et surtout pas par celui auquel elle appartenait.

Andie s’arrêta net.

— Es-tu en train d’insinuer que Stephen serait un pion entre les mains des mutants ?

— Non. Je ne crois pas. Note, ce n’est pas impossible. Mais peut-être que, simplement, il se sent beaucoup plus investi de la mission de défendre les droits et les intérêts des mutants. Pourquoi ne prendrait-il pas des mutants dans son équipe ? Qui en a au Congrès, à part lui ?

— Davis.

— C’est le seul.

Karim regarda la jeune femme, attentif à sa réponse. Andie se mordit la lèvre.

— C’est exact, reconnut-elle.

— Écoute, Andie, je crois que tu t’exagères l’importance de cette histoire. Si j’étais un mutant, et que je me retrouve seul au Congrès, j’aurais sans doute envie que certains de mes congénères travaillent avec moi. Pour ton boulot, tu t’inquiètes vraiment ?

Elle haussa les épaules.

— Je ne sais pas. Je n’ai pas aimé ce que j’ai entendu ce matin.

— En ce cas, demande des explications. Mais je n’ai pas à te dire ça. Ça te pose des problèmes de travailler avec tes nouveaux coéquipiers ?

— Pas pour le moment.

— Alors, je pense que tu t’inventes des problèmes là où il n’y en a pas.

Karim consulta sa montre.

— Écoute, j’ai rendez-vous pour déjeuner…

— Merci, Karim.

Il lui effleura la joue.

— Quand tu veux.

Andie le regarda se sauver, puis elle retourna au Capitole, seule.

Un message de Jeffers l’attendait sur son écran : IMPOSSIBLE TE VOIR À UNE HEURE.

Il était probablement allé déjeuner avec Canay. Et zut ! Andie tapa le bulletin fax de décembre. Autant prendre un peu d’avance.

Une heure plus tard, Jeffers franchissait la porte d’un air dégagé.

— Andie ! Désolé pour le retard. Là, tu es prête ?

— Prête, le mot est faible.

Elle le suivit dans son bureau, le bloc-écran à la main, et referma la porte derrière elle.

— Est-ce que Ben peut assister à notre réunion ?

— Je pense que non.

Jeffers eut un froncement de sourcils.

— Ça a l’air grave.

Elle attaqua sans détours :

— Stephen, qu’as-tu voulu dire en me présentant comme ton attachée de presse ?

— C’est ton boulot, non ?

— C’est une partie de mon boulot, répliqua-t-elle sèchement. En plus de la documentation, de l’administratif et de la comptabilité.

Jeffers eut un geste comme pour écarter ces arguments.

— Ça l’était jusqu’ici. Mais tu n’as plus besoin de te tracasser pour la compta et la gestion des fichiers. C’est Ben qui va s’en occuper.

— Quoi ?

— Andie, tes dons de communication sont bien trop précieux pour être gaspillés à remuer des papiers et à mâchouiller des chiffres. J’ai besoin de toi dans un domaine relevant davantage des relations humaines. (Il se pencha en avant.) J’aimerais que tu assures à plein temps la liaison avec les médias.

— Tu plaisantes, j’espère, dit Andie en se laissant tomber dans le fauteuil. Je suis juriste, pas relations publiques.

— Ton bagage juridique te rendra d’autant plus apte à jouer ce rôle.

— Stephen, je ne suis pas venue à Washington pour aller papoter avec les journalistes de la télé.

— Je sais, riposta-t-il d’un ton cassant. Mais dans tout ce que tu fais, tu me représentes. Je ne vois rien de plus important que ça.

— Moi si.

Jeffers se renfrogna.

— Franchement, je suis surpris, dit-il. Je pensais que tu serais ravie de tenir un rôle plus représentatif.

— Tu sais très bien que ce qui m’intéresse, c’est le mécanisme juridique, bien plus que la représentation médiatique.

— Eh bien là aussi, tu auras toutes sortes d’occasions de t’impliquer.

— Ah oui, quand j’aurai fini les interviews avec Washington en direct ou Bonsoir le Japon ? Tu voudras aussi, sans doute, ajouta la jeune femme en croisant les bras, que je mette sur pied une émission sur la Vie des Mutants.

— Tiens, ça n’est pas une mauvaise idée.

— Stephen ! s’écria Andie furieuse. Je plaisantais.

— Écoute, Andie. Ma décision est prise. Je veux que tu t’occupes des relations avec les médias. Tu marches avec moi ? demanda-t-il d’un ton incisif.

Elle le regarda droit dans les yeux. Le souvenir, bien involontaire, de leur dernière nuit lui traversa l’esprit et, si fâchée fût-elle en ce moment, elle éprouva un picotement de désir. Voulait-elle vraiment démissionner ? Pouvait-elle le quitter ? Non. Sûrement pas.

— Je marche.

— À la bonne heure, dit-il en souriant. Ça va te plaire, tu verras. J’ai laissé une liste de journalistes sur ton écran. On va essayer de donner une couverture exceptionnelle au débat sur l’abrogation du Principe d’Équité.

— Très bien, dit-elle en se levant pour prendre congé.

Jeffers lui mit la main sur l’épaule. Elle sentit son cœur battre plus fort lorsqu’il l’attira doucement contre lui.

— Je te vois ce soir ? chuchota-t-il.

— Bien sûr.

Il glissa les mains sous son chemisier et lui prit les seins.

— Partons quelque part, rien que toi et moi, dit-il. Je connais un charmant hôtel dans l’île de Santorin. On pourrait s’offrir un merveilleux long week-end autour de Noël.

Andie se laissa aller contre lui, abandonnant toute résistance.

— Ça me paraît une excellente idée, dit-elle.

— Parfait.

Jeffers l’embrassa dans le cou puis il la libéra.

— Je vais demander à Aten de s’en occuper. Andie acquiesça d’un signe de tête.

Comme hébétée, elle franchit la porte au moment où Ben Canay arrivait. Il la gratifia d’un sourire forcé et entra dans le bureau de Jeffers dont il referma la porte.

19

— Tu dis que Mélanie est vivante et qu’elle se cache quelque part près de Washington ?

Ils étaient assis sur le canapé vert du salon chez les McLeod. Kelly se blottit contre Michael.

— Pour autant que je sache, répondit celui-ci.

— Pourquoi ne rentre-t-elle pas ?

— Ou bien elle n’en a pas envie, ou bien elle a peur. Peut-être les deux.

Michael prit une pomme dans la coupe en verre posée sur la tablette en résine.

— Tu vas en parler à la prochaine réunion du Conseil des Mutants ?

— Je ne crois pas, répondit-il en mordant dans le fruit mûr avant de le passer à Kelly. Ça ne peut que gêner mes parents.

— La réunion a lieu quand ?

— Le quinze décembre.

— C’est bientôt. Dans deux semaines et demie seulement.

— Oui, et jusqu’à cette date, je suis coincé par le boulot. Des heures supplémentaires tous les soirs. Si je vois encore un schéma de cellule photovoltaïque, je vais finir par avoir moi aussi des crises mentales. Ce projet de réflecteur solaire me prend beaucoup plus de temps que prévu.

— Ce ne serait pas ce contrat que mon père a négocié ?

— Oui. Mais ne lui dis rien. Je crois qu’on va le terminer dans les temps.

— Entendu.

Comme elle évitait son regard, il s’étonna.

— Il y a quelque chose qui ne va pas ?

Elle secoua la tête d’un geste nerveux. Puis elle finit par lever les yeux, et d’un ton hésitant :

— Cette école de l’Air dont je t’ai parlé. Qu’est-ce que tu en penses ?