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— Et ils ont raison. Je suis à peu près aussi utile qu’un rhume dans une combinaison spatiale.

Alai rit et d’autres camarades se rassemblèrent autour d’eux. Ender proposa un marché. Tous les jours, pendant le temps libre, dur travail dans la salle de bataille, sous la direction d’Ender. Ils apprendraient grâce aux armées, aux batailles qu’Ender verrait ; et il bénéficierait de l’entraînement qui lui était nécessaire pour devenir un bon soldat.

— Nous nous préparerons ensemble.

De nombreux garçons voulurent venir.

— Sûr, dit Ender. Si vous venez pour travailler. Si vous venez pour faire les cons, ce n’est pas la peine. Je n’ai pas de temps à perdre !

Ils ne perdirent pas de temps. Ender se montra maladroit, en essayant d’expliquer ce qu’il avait vu, et d’élaborer les moyens de le reproduire. Mais, à la fin du temps libre, ils avaient fait quelques progrès. Ils étaient fatigués, mais ils commençaient à comprendre quelques techniques.

— Où étais-tu ? demanda Bonzo.

Ender était figé devant la couchette du commandant.

— Je m’entraînais dans la salle de bataille.

— J’ai entendu dire que tu étais avec des Nouveaux de ton ancien groupe.

— Je ne pouvais pas m’entraîner seul.

— Je ne veux pas que les soldats de l’Armée de la Salamandre traînent avec des Nouveaux. Tu es un soldat, à présent.

Ender le considéra en silence.

— Tu as compris, Wiggin ?

— Oui, commandant.

— Plus d’entraînement avec ces petits connards.

— Puis-je te parler en privé ? demanda Ender.

C’était une requête à laquelle les commandants étaient obligés d’accéder. Le visage de Bonzo exprima la colère, et il entraîna Ender dans le couloir.

— Écoute, Wiggin, je ne veux pas de toi, je tente de me débarrasser de toi, mais ne me pose pas de problèmes, sinon je t’écrase contre le mur.

Un bon commandant, se dit Ender, n’est pas obligé de faire des menaces stupides.

Le silence d’Ender contraria Bonzo.

— Écoute, tu m’as demandé un entretien, alors parle.

— Commandant, tu as raison de ne pas me mettre dans une cohorte. Je ne sais rien faire.

— Je n’ai pas besoin de toi pour savoir que j’ai raison.

— Mais je deviendrai un bon soldat. Je ne désorganiserai pas tes exercices, mais je m’entraînerai, et je m’entraînerai avec les seules personnes qui veuillent bien le faire avec moi, c’est-à-dire mes anciens camarades.

— Tu feras ce que je te dirai, petit fumier !

— C’est exact, Commandant. J’exécuterai les ordres que tu es autorisé à donner. Mais le temps libre est libre. Les ordres ne l’affectent pas. Absolument pas. D’où qu’ils viennent.

Il constata que Bonzo perdait le contrôle de sa colère. La colère incontrôlée était mauvaise. La colère d’Ender était contrôlée, de sorte qu’il pouvait l’utiliser. Bonzo subissait la sienne.

— Commandant, je dois penser à ma carrière. Je ne me mêlerai pas de vos exercices ni de vos batailles, mais je dois apprendre. Je n’ai pas demandé à faire partie de ton armée, tu vas m’échanger dès que possible. Mais personne ne m’acceptera si je ne sais rien, pas vrai ? Permets-moi d’apprendre et tu pourras te débarrasser de moi d’autant plus rapidement et obtenir un bon soldat utilisable.

Bonzo n’était pas stupide au point de ne pas reconnaître le bon sens lorsqu’il était confronté à lui. Néanmoins, il ne pouvait renoncer immédiatement à sa colère.

— Aussi longtemps que tu seras dans l’Armée de la Salamandre, tu m’obéiras !

— Si tu tentes de contrôler le temps libre, je peux te faire geler.

Ce n’était probablement pas vrai. Mais c’était possible. Quoi qu’il en soit, si Ender se plaignait, l’intervention dans le temps libre pouvait coûter à Bonzo son poste de commandant. En outre, il y avait le fait que les officiers faisaient manifestement confiance à Ender, puisqu’ils l’avaient promu.

Peut-être Ender avait-il assez d’influence sur les professeurs pour faire geler quelqu’un.

— Fumier ! dit Bonzo.

— Ce n’est pas ma faute si tu m’as donné cet ordre devant tout le monde, répondit Ender. Mais, si tu veux, je ferai croire que tu as eu le dernier mot. Ensuite, demain matin, tu pourras me dire que tu as changé d’avis.

— Je n’ai pas besoin de toi pour savoir ce que j’ai à faire !

— Je ne veux pas que les autres croient que tu as reculé. Ton autorité s’en trouverait diminuée.

Bonzo le haïssait, à cause de cette gentillesse. C’était comme si Ender lui accordait son commandement comme une faveur. Furieux, il n’avait cependant pas le choix. Aucun choix. Bonzo n’imagina pas un instant que c’était sa faute, du fait qu’il avait donné à Ender un ordre déraisonnable. Il savait seulement qu’Ender l’avait battu et retournait le couteau dans la plaie en se montrant magnanime.

— Un jour, je te péterai la gueule, menaça Bonzo.

— Probablement, admit Ender.

La sonnerie annonçant l’extinction des feux retentit. Ender regagna le dortoir, l’air désespéré. Battu. Furieux. Les autres tirèrent la conclusion qui s’imposait.

Et, le matin, alors qu’Ender allait prendre son petit déjeuner, Bonzo l’arrêta et dit d’une voix forte :

— J’ai changé d’avis, connard ! Tu apprendras peut-être quelques trucs, en t’entraînant avec les Nouveaux, et je pourrai peut-être t’échanger plus facilement. N’importe quoi pour être rapidement débarrassé de toi.

— Merci, Commandant, répondit Ender.

— N’importe quoi, souffla Bonzo. J’espère que tu seras gelé.

Ender eut un sourire reconnaissant et sortit de la pièce. Après le petit déjeuner, il s’entraîna à nouveau avec Petra. Pendant l’après-midi, il regarda Bonzo faire ses exercices et imagina des moyens de détruire son armée. Pendant le temps libre, Alai, lui et d’autres travaillèrent jusqu’à l’épuisement. Je peux réussir, se dit Ender, allongé sur son lit, tandis que ses muscles contractés se dénouaient. Je peux y arriver.

L’Armée de la Salamandre eut une bataille quatre jours plus tard. Ender resta derrière les vrais soldats, qui suivirent au pas de course les couloirs conduisant à la salle de bataille. Il y avait deux rubans, le long des parois : le vert-vert-marron des Salamandres et le noir-blanc-noir, des Condors. Lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit où se trouvait habituellement la salle de bataille, le couloir se divisa, le vert-vert-marron conduisant à gauche et le noir-blanc-noir à droite. Puis, après une nouvelle courbe à droite, l’armée s’immobilisa devant un mur vide.

Les cohortes se formèrent en silence. Ender resta derrière. Bonzo donna ses instructions.

— La A utilise les poignées pour monter. B à gauche, C à droite, D en bas.

Il s’assura que les cohortes étaient correctement placées pour suivre les instructions, puis ajouta :

— Et toi, petit connard, attends quatre minutes avant de franchir la porte. Ne dégaine pas ton pistolet.

Ender acquiesça. Soudain, le mur qui se trouvait derrière Bonzo devint transparent. Pas un mur, dans ce cas, mais un champ de force. La salle de bataille était différente. De grosses caisses marron flottaient ça et là, bloquant partiellement la vision. Ainsi, c’étaient les obstacles que les soldats appelaient : étoiles. Ils étaient apparemment distribués au hasard. Bonzo ne parut pas tenir compte de leur disposition. Apparemment, les soldats savaient déjà comment utiliser les étoiles.

Mais Ender comprit rapidement, assis dans le couloir et regardant la bataille, qu’ils ne savaient pas les utiliser. Ils savaient se poser en douceur sur elles et se servir d’elles pour se protéger, connaissaient la tactique permettant d’attaquer une étoile tenue par l’ennemi. Mais ils paraissaient ignorer quelles étoiles comptaient. Ils s’acharnèrent à attaquer une étoile qui aurait pu être contournée en glissant contre la paroi, ce qui aurait permis d’avancer davantage.