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— Pourquoi s’appelle-t-il Docteur Machin ?

— Lorsqu’il a été conçu, il s’appelait : Machine de Dispersion. M.D., médecin, docteur.

Ender ne comprit pas.

— M.D., sigle américain signifiant : Médical Doctor. M.D… D’où Docteur Machin. C’était un jeu de mots.

Ender ne vit pas davantage ce qu’il y avait de drôle.

Ils avaient changé de simulateur. Il pouvait toujours contrôler la perspective et le degré de détail, mais il ne disposait plus de commandes de vaisseau. Elles étaient remplacées par un ensemble de leviers, ainsi qu’un casque avec des écouteurs et un micro.

Le technicien qui attendait lui expliqua rapidement comment mettre le casque.

— Mais comment vais-je contrôler les vaisseaux ? demanda Ender.

Mazer expliqua. Il ne contrôlerait plus les vaisseaux.

— Tu entres dans une nouvelle étape de ton entraînement. Tu connais tous les niveaux de la stratégie mais, à présent, tu dois te concentrer sur le commandement de l’ensemble d’une flotte. Tout comme, dans la salle de bataille, tu travaillais avec des chefs de cohorte, tu vas désormais travailler avec des chefs d’escadrille. Tu dois en former trente-six. Tu dois leur enseigner des tactiques intelligentes ; tu dois leur enseigner leurs qualités et leurs limites ; tu dois les intégrer dans un ensemble.

— Quand arriveront-ils ?

— Ils sont déjà installés devant leurs simulateurs. Tu communiqueras avec eux grâce au casque. Les nouvelles commandes te permettent de voir la situation du point de vue de chacun de tes chefs d’escadrille. Cela reproduit plus précisément les situations que tu es susceptible de rencontrer dans une bataille réelle, où tu ne sauras que ce que tes vaisseaux pourront percevoir.

— Et comment puis-je travailler avec un chef d’escadrille que je ne vois jamais ?

— Pourquoi aurais-tu besoin de le voir ?

— Pour savoir qui ils sont, comment ils réfléchissent…

— La façon dont ils travailleront avec le simulateur te fournira toutes les informations nécessaires. Mais je crois que cela ne sera pas indispensable. Ils t’écoutent, en ce moment même. Mets le casque et tu les entendras.

Ender mit le casque.

— Salaam, dit un murmure dans ses oreilles.

— Alai ! s’écria Ender.

— Et moi, le nain.

— Bean !

Et Petra et Dink, Crazy Tom, Shen, Hot Soup, Fly Molo, les meilleurs élèves avec qui ou contre qui Ender s’était battu, tous ceux à qui Ender avait fait confiance pendant son séjour à l’École de Guerre.

— Je ne savais pas que vous étiez ici, dit-il. Je ne savais pas que vous viendriez.

— Ils nous font travailler sur le simulateur depuis trois mois, indiqua Dink.

— Tu verras que je suis la meilleure en tactique, dit Petra. Dink fait des efforts, mais il réfléchit comme un enfant.

Ainsi, ils commencèrent à travailler ensemble, les chefs d’escadrille commandant les pilotes, et Ender commandant les chefs d’escadrille. Ils découvrirent de nombreux moyens de travailler ensemble, le simulateur les contraignant à affronter des situations différentes. Parfois, le simulateur leur donnait de grandes flottes ; Ender les répartissait alors en trois ou quatre escadrilles. Parfois, le simulateur ne leur donnait qu’un vaisseau interstellaire, avec ses douze chasseurs et il choisissait trois chefs d’escadrille avec trois chasseurs chacun.

C’était un plaisir ; c’était un jeu. L’ennemi contrôlé par l’ordinateur n’était pas très malin et ils gagnaient toujours malgré les erreurs, les malentendus. Mais, en trois semaines d’entraînement commun, Ender finit par très bien connaître Dink, qui exécutait adroitement les instructions mais improvisait lentement ; Bean, qui ne pouvait contrôler efficacement des groupes importants mais pouvait utiliser quelques vaisseaux comme un scalpel et réagissait magnifiquement à ce que l’ordinateur lui imposait ; Alai, qui était presque aussi bon stratège qu’Ender et à qui l’on pouvait confier la moitié de la flotte, avec des instructions vagues.

À mesure qu’Ender les connut mieux, il fut en mesure de les déployer plus rapidement et de les utiliser plus efficacement. Le simulateur présentait les situations sur l’écran. Ender voyait alors de quoi était constituée sa flotte et comment la flotte de l’ennemi était déployée. Il ne lui fallait ensuite que quelques minutes pour appeler les chefs d’escadrille dont il avait besoin, les affecter à des vaisseaux ou groupes de vaisseaux, puis leur donner leurs instructions. Puis, pendant la bataille, il passait du point de vue d’un chef d’escadrille à celui d’un autre, faisant des suggestions et donnant des ordres quand cela s’avérait nécessaire. Comme les autres ne voyaient qu’un aspect de la bataille, il lui arrivait de leur donner des ordres qui, de leur point de vue, n’avaient pas de sens ; mais ils apprirent à faire confiance à Ender. S’il leur disait de se retirer, ils se retiraient sachant que leur position était exposée ou que leur retraite pouvait affaiblir la position de l’ennemi. Ils comprirent également qu’Ender était convaincu qu’ils prendraient les bonnes décisions, lorsqu’il ne leur donnait pas d’ordres. Si la façon dont ils combattaient ne convenait pas à la situation dans laquelle ils se trouvaient, Ender ne les aurait pas choisis.

La confiance était totale, le fonctionnement de la flotte rapide et efficace. Au bout de trois semaines, Mazer lui montra leur dernière bataille, mais du point de vue de l’ennemi.

— C’est ce qu’il a vu quand vous avez attaqué. Qu’est-ce que cela te rappelle ? La rapidité de réaction, par exemple ?

— Nous ressemblons à une flotte doryphore.

— Tu es à leur niveau, Ender. Tu es aussi rapide qu’eux. Et ici… regarde.

Ender regarda toutes ses escadrilles bouger en même temps, chacune réagissant en fonction de la situation qui lui était propre, toutes guidées par le commandement général d’Ender, mais audacieuses, capables d’improviser, feintant, attaquant avec une indépendance dont les flottes des doryphores ne faisaient jamais preuve.

— L’esprit de la ruche de doryphores ne peut se concentrer simultanément que sur quelques problèmes. Toutes tes escadrilles peuvent appliquer une intelligence pénétrante à ce qu’elles font, et les tâches qui leur ont été confiées ont également été conçues par un esprit intelligent. Ainsi, comme tu peux le constater, tu as effectivement quelques avantages. Un armement supérieur, mais pas irrésistible ; une rapidité comparable et davantage d’intelligence à ta disposition. Ce sont tes avantages. Ton désavantage est que tu seras absolument toujours inférieur en nombre et que, après chaque bataille, l’ennemi te connaîtra mieux, trouvera des moyens nouveaux de te mettre en échec, et que ces changements seront appliqués immédiatement.

Ender attendit sa conclusion.

— Ainsi, Ender, nous allons à présent commencer ta formation. Nous avons programmé l’ordinateur en fonction de situations qui, à notre avis, risquent de se produire face à l’ennemi. Nous utilisons les structures de déplacement que nous avons vues au cours de la Deuxième Invasion. Mais, au lieu d’appliquer bêtement ces structures, je contrôlerai la simulation de l’ennemi. Au début, tu seras confronté à des situations faciles que tu dois résoudre rapidement. Sois très attentif, parce que je serai toujours là, avec un pas d’avance sur toi, programmant des structures plus difficiles et complexes, afin que la bataille suivante soit plus difficile et que tu sois poussé jusqu’aux limites de tes capacités.