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Quand Flor le sentit se retirer, elle tourna la tête, étonnée.

— Tu n’as pas…

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. Il appuyait déjà son sexe sur l’ouverture de ses reins, pesant de tout son poids. Il sentit une brève résistance, puis il s’enfonça d’un seul coup. Flor poussa un hurlement de bête blessée.

— Lagarto !

Décidément, c’était son mot favori… Elle se tortilla, essayant de se dégager mais la résistance ne faisait qu’enfoncer encore un peu plus le pal dans ses reins. Il grondait, comme un fauve en colère. Les mains solidement crochées dans ses hanches, Malko commença à bouger lentement, savourant ce viol exquis. À chaque mouvement, Flor poussait un cri rauque. Il abandonna ses hanches pour s’emparer à nouvau des seins qu’il tortura à plaisir. Progressivement, les hurlements firent place à une sorte de ronronnement continu et Flor se mit à lui rendre ses coups de reins. Quand il explosa, elle se caressait frénétiquement et jouit aussitôt avec des jappements de chiot.

Le clip porno qui avait déclenché Flor passait toujours. Celle-ci se retourna, les yeux au milieu de la figure.

— Je t’aurais tué ! Il y a très peu d’hommes qui m’ont prise ainsi.

Ils restèrent foudroyés, inondés de sueur.

Un sourire sensuel écarta ses belles lèvres.

— Tu as de la chance que tes yeux m’aient rendue folle, au Raffles, dit-elle. Quand je t’ai vu, j’ai eu envie que tu m’enfonces ta queue jusque dans la gorge…

Malko, dégrisé, repensait à sa mission. Il se rajusta et Flor en fit autant.

Cinq minutes plus tard, ils se glissaient dans le garage, soulevaient la porte métallique et sortaient.

La nuit était tiède, le ciel piqueté d’étoiles et le silence presque absolu.

Le bungalow voisin du leur était vide maintenant, lui aussi. Flor sortit de son sac un gros « 357 Magnun » nickelé et le garda à la main.

Ils remontèrent l’allée. Toutes les portes des garages étaient ouvertes, sauf une. Ils en firent le tour, tombant sur un carré de lumière : un vasistas dont le volet était resté ouvert. Malko se hissa sur la pointe des pieds et aperçut un moustachu ventripotent en train de s’agiter sur une mince pute à la robe retroussée qui regardait le plafond en poussant des grognements syncopés. Ils redescendirent la rangée suivante et passèrent devant la cabane du gérant. Il lisait, les pieds sur la table.

— Lui doit savoir, remarqua Malko.

— Il ne dira rien, dit Flor. Il aura peur. Le motel appartient au colonel.

Il restait deux bungalows occupés. Malko examina les vasistas : aucune lumière à l’intérieur. Les garages étaient impossibles à ouvrir de l’extérieur. Il hésitait sur la conduite à tenir, quand Flor remarqua à voix basse :

— Quelquefois, les gens qui viennent le soir restent dormir. On ne leur dit rien car il n’y a pas de clients la nuit. Il faut revenir demain matin. Celui qui restera fermé sera celui du señor Kramer.

Le défecteur de la CIA pouvait être armé, Malko ne tenait pas à engager une bataille dans l’obscurité… Il se rangea à l’avis de Flor Mochis.

Ils regagnèrent le bungalow et remontèrent dans la Colt.

— J’ai faim, dit Flor.

— Allons dîner, proposa Malko. Tu connais un endroit ?

— Oui, le Toledoy un restaurant espagnol, juste à côté du « Capitolio[19] ».

Pendant qu’il roulait sur l’avenida de Las Americas déserte, elle se remaquilla et se recoiffa. Lorsqu’ils arrivèrent au restaurant, dans le quartier résidentiel de l’ancienne clique de Trujillo, à part les yeux cernés, elle était impeccable, le feutre noir bien droit sur la tête.

* * *

Le rouge du Chili tapait fort et Malko se sentait la tête lourde. Il en savait un peu plus sur Flor. Elle gagnait huit cents pesos par mois, était divorcée et espérait un jour émigrer aux États-Unis. En attendant, elle arrivait à mener une vie décente grâce aux primes de Jim Harley. Parfois au risque de sa vie, car les narcotraficantes ne plaisantaient pas. C’est la raison pour laquelle il y avait le « 357 Magnum » dans son sac. Malko la ramena à sa voiture.

Elle lui fit face, les yeux brillants et dit de sa voix rauque :

— J’espère que tu auras encore besoin de moi… Quand je pense à tout à l’heure, cela me brûle là.

Sa main était posée entre ses cuisses. Pour la première fois, ils s’embrassèrent. Violemment, entrechoquant leurs dents. Quand elle eut repris son souffle, elle lui dit soudain :

— Demain matin, je préfère que tu ailles seul. Il ne faut pas qu’on me voie.

Il comprit soudain pourquoi elle l’avait dissuadé de parler au gardien.

— Nous pouvons dîner ensemble demain soir, proposa Malko. Viens me chercher au Sheraton.

— D’accord, après nous irons danser, dit-elle.

Elle sauta de la voiture et se dirigea vers son tas de boue, pendant que Malko faisait demi-tour. Il y eut une pétarade bruyante, un nuage de fumée puis le couinement désespéré d’un démarreur tournant dans le vide. Malko revint en marche arrière. Flor le héla.

— Raccompagne-moi, elle ne veut pas partir, je m’en occuperai demain matin.

Cinq minutes plus tard, il la déposait devant une masure en bois de la calle Las Damas. Elle lui adressa un dernier soupir sensuel et carnassier.

— Hasta luego.

* * *

Malko traversa le hall désert du Sheraton. Les clefs de Chris et de Milton se trouvaient dans la case, donc les deux gorilles étaient sortis. Il prit la sienne, se demandant ce qu’il allait faire de Paul Kramer, après l’avoir retrouvé.

Aucun moyen légal de l’entraîner hors du pays. Il fallait le convaincre ou le kidnapper. Deux possibilités également délicates… Un vacarme incroyable montait du Malecon fermé à la circulation pour une sorte de kermesse populaire.

À peine était-il dans sa chambre que son téléphone sonna.

— Mister Linge ? Malko Linge ?

C’était une voix un peu tendue incontestablement américaine.

— Oui, dit Malko.

— Je suis Paul Kramer. Il faut que je vous voie tout de suite, je suis en danger.

Chapitre VIII

Malko demeura muet de stupéfaction quelques instants. Il s’attendait à tout, sauf à cela. D’abord, il fallait être certain qu’il s’agissait bien de l’Américain.

— Donnez-moi votre numéro d’immatriculation de la CIA, dit-il.

Paul Kramer récita les huit chiffres sans hésiter. Malko prit le dossier et les vérifia. C’étaient les bons. Paul Kramer enchaîna, d’une voix pressante :

— Je n’ai pas le temps de répondre à vos questions. On m’a enfermé, j’ai pu me libérer. Mais ils me cherchent.

— Qui ?

— Ceux qui me gardent. Des Cubains et des gens d’ici.

— Où êtes-vous ?

— Je me cache… dans l’ancienne Feria Ganaderia désaffectée en bordure de l’autopista 30 de Mayo. Vers le kilomètre onze. Juste en face, il y a un monument à la mémoire de Raphaël Trujillo. Arrêtez-vous à côté et donnez trois coups de phare. Je vous rejoindrai.

— Pourquoi vous êtes-vous enfui ?

— Je vous expliquerai plus tard. Venez vite.

Il raccrocha, laissant Malko perplexe. Que signifiait ce nouveau développement ? Apparemment, le tuyau de Flor Mochis était crevé. L’endroit où il avait rendez-vous était à l’opposé du motel Cabanas por el Mar. Ce coup de fil était plus que suspect. Mais il ne pouvait pas ne pas aller au rendez-vous. Il appela sans succès les chambres de Chris et Milton. Et il n’avait même pas une arme !

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19

Le palais présidentiel.