Fawn lui prit la main.
— Il n’y a rien à faire, fit-elle. Tu le sais. C’était la volonté de Dieu.
Il hocha la tête, sans répondre. Elle se leva et dit avec une gaieté un peu forcée :
— Allez, viens, la vente commence à trois heures.
Ils se rendaient à une vente d’art baroque, le dada de William Nolan. Fawn McKenzie disparut dans sa chambre et revint avec son manteau et une grosse enveloppe jaune.
— Tiens, voilà pour tes amis du Sénat.
Il mit l’enveloppe dans son attaché-case et ils sortirent. Fawn se mit au volant de sa Dodge Lancer grise un peu écornée et mit une cassette de musique classique. Si seulement William avait eu envie de lui faire un enfant… Elle n’avait jamais osé aborder le sujet.
On se serait cru en Éthiopie dans la partie nord de la 18e Rue, un quartier plutôt pouilleux tranchant avec l’élégant Georgetown. Des masures de bois, de vieux buildings en brique décrépits, des boutiques poussiéreuses. Peu de Blancs. Tous les trois immeubles, il y avait un restaurant éthiopien offrant la même nourriture immangeable. Jessica paraissait ravie, pendue au bras de Malko, remontant le trottoir sous une bise glaciale. Ils avaient dîné dans un restaurant de cuisine créole, mal et lentement, dans un bruit infernal, mais la jeune analyste semblait de meilleure humeur.
— Si on allait danser ? proposa-t-elle.
— Pourquoi pas ? fit Malko.
Ils se retrouvèrent dans une disco de la 23e Rue, près de M Street, le Papermoon. Un grand hangar avec des parachutes au plafond, une sono démente et un immense bar où étaient accrochés quelques dizaines d’ivrognes. Beaucoup d’iraniens.
À peine Jessica eut-elle entendu le « beat » de Michael Jackson, qu’elle arracha son manteau. Dessous, elle portait un tailleur orange hyper sexy, avec une veste très longue boutonnée jusqu’au cou, collant comme un gant assorti à une mini-mini, arrivant tout juste à mi-cuisse… Elle se mit à onduler comme une folle sur la piste à deux mètres de Malko.
La chaleur aidant, elle ne tarda pas à ouvrir sa carapace, découvrant un body de dentelle noire sous lequel ses seins somptueux étaient parfaitement visibles. Les bas noirs avec une couture de strass soulignant la ligne des jambes ajoutaient une note encore plus érotique. Jessica, tout le temps de la séquence rock, ne s’arrêta que le temps de prendre un Cointreau au bar.
Malko ne put la calmer qu’au premier slow où elle se laissa aller contre lui avec un abandon nouveau.
— J’ai chaud, fit-elle.
Elle se colla à Malko, comme une collégienne qui décide d’exciter à fond sa première conquête… Seulement, c’était une femme et ses formes épanouies avaient un effet dévastateur. D’autant que, le pubis en avant, elle mimait parfaitement l’amour… Il croisa son regard et ne vit qu’une lueur trouble dans ses prunelles noires. S’amusait-elle ou avait-elle vraiment envie de lui ?
La bouche entrouverte, le bassin en avant, les seins écrasés contre lui, Jessica Hayes avait changé de personnage. Ondulant avec un art consommé, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus ignorer l’état de son cavalier.
Chauffé à blanc par ce manège, Malko lui releva le visage et l’embrassa. Elle lui rendit aussitôt son baiser, un baiser sucré, parfumé au Cointreau, avec violence et se serra encore plus de tout son corps, ne semblant pas s’apercevoir que les doigts de Malko jouaient sur la dentelle noire. Il trouva la pointe d’un sein érigée, la fit rouler doucement entre ses doigts. Jessica poussa un bref gémissement et, brutalement, s’immobilisa. Sa langue dansait une sarabande effrénée dans sa bouche, son ventre palpitait contre lui, ses doigts lui brisaient la nuque.
Si la musique ne s’était pas arrêtée, elle aurait probablement joui… Elle se contenta de foncer au bar pour son second Cointreau, auquel elle fit goûter Malko.
Jessica dansa encore plus d’une heure, avec un slow trop bref où elle montra les mêmes excellentes dispositions.
Ils remontaient M Street sous un vent glacial qui ne refroidit pas Malko. À peine dans la Pontiac, il aventura une main sous la minijupe orange, découvrant que Jessica portait des bas sans jarretelles, en raison de la longueur de sa jupe. Très vite, il trouva la peau et, plus haut, ce qu’il avait espéré. Jessica sursauta et se recula :
— Laissez-moi ! supplia-t-elle, essayant d’écarter les doigts qui se faufilaient entre le nylon et la peau.
Malko atteignit ce qu’il cherchait et elle eut une secousse de tout son corps, avec un gémissement aigu. Il fut certain qu’elle venait de jouir, en quelques secondes. Tandis qu’ils remontaient Foxhall, il garda une main activement enfouie entre les cuisses charnues de Jessica. Celle-ci, la tête rejetée en arrière, se défendait mollement. Arrivé derrière sa maison, il stoppa et attaqua de plus belle. Jessica Hayes eut un sursaut.
— Vous êtes fou ! On va nous voir !
Elle tituba jusqu’au living où elle s’écroula sur le canapé après avoir mis un laser-disc sur la chaîne Akaï. Malko se jeta sur elle et Jessica le repoussa.
— Il faut que je dorme, rentrez ! On se verra demain.
Un cyclone ne l’aurait pas fait partir… Mais Jessica se leva, les yeux brillants et lui tendit la main, voulant l’entraîner vers la porte.
— Venez !
Elle était fabuleusement excitante avec sa mini à quinze centimètres de son sexe, le body noir moulant sa poitrine pleine, la bouche rouge et gonflée. Malko se sentait des envies de viol. Il l’appuya contre le mur, l’embrassant violemment et comme un soudard, glissa une main sous la mini et continua ce qu’il avait commencé dans la voiture. Jessica en avait les jambes qui tremblaient… Elle roulait, se débattait contre lui. Il la décolla ensuite du mur et la jeta sur le canapé. La mini était remontée sur ses hanches, découvrant un slip de dentelle blanche. Jessica avait les yeux fous.
— Non, non, je ne veux pas ! supplia-t-elle.
Sans l’écouter, Malko venait de libérer son sexe tendu. D’abord, elle le repoussa, puis, il se coucha sur elle, et par surprise, parvint à effleurer le satin trempé du slip. Jessica eut un violent sursaut, prit son sexe à pleine main pour l’écarter de son objectif. Fou de rage, Malko, des deux mains, fit descendre le triangle de dentelle sur les cuisses pleines, jusqu’aux pieds, le laissant accroché à une cheville. Puis, glissant son genou entre ses longues cuisses charnues, il pesa, les ouvrant peu à peu et s’installa sur elle !
— Non !
La sage analyste, les yeux fous, le cheveu en bataille, les joues cramoisies, ressemblait à une cavale en furie. Le sexe de Malko toucha le sien et elle poussa un grognement désespéré. Une fois de plus, elle réussit à le repousser, mais sa résistance faiblissait. Alors, d’un coup, sa bouche s’abattit sur lui, l’avalant, le mordant, le léchant, faisant monter et descendre sa tête dans une fellation sublime, désordonnée et totalement inattendue.
Malko n’en revenait pas. Un peu calmé, il avait quand même une furieuse envie de s’enfoncer dans ce ventre qu’il sentait prêt à le recevoir. Il attendit qu’elle s’interrompe pour la renverser en arrière, l’écrasant sous lui. De nouveau, son sexe tendu à craquer effleura Jessica. Celle-ci murmura d’une voix suppliante :
— Non, non, je vous en prie, il y a ma fille !
Pendant une fraction de seconde, Malko resta médusé. Quels que soient les replis de l’âme baptiste de Jessica, il ne voyait pas la différence pour sa fille qui dormait en haut, entre une fellation enragée et un coït tout aussi violent.