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— Vous croyez qu’ils n’ont pas d’autres moyens ?

— Je ne sais pas, fit le gorille. Pour un type comme lui, le problème, ce sont les communications. Il faut qu’il puisse évacuer sa « production », mais il n’a pratiquement pas de contacts avec sa Centrale… Si le KGB s’est aperçu que la tombe de son fils était surveillée, ils n’ont peut-être trouvé que ce moyen pour lui faire savoir rapidement qu’il était grillé…

Cela rejoignait ce que pensait Malko. Et si cette hypothèse se vérifiait, on ne saurait jamais de façon certaine si William Nolan avait trahi. Il lui suffisait de ne plus rien fournir aux Soviétiques. Sauf si Harry Feinstein mangeait le morceau… Mais ce dernier était un professionnel et ne se laisserait pas avoir facilement.

Malko se leva. Les longues visites fatiguaient Chris Jones et il avait hâte d’aller interroger Jessica Hayes.

— Je vous tiens au courant, Chris, dit-il.

Du hall de l’hôpital, il appela le numéro de l’analyste : toujours pas de réponse. Elle n’était donc pas encore rentrée et il n’y avait plus qu’à aller rejoindre Milton. À deux le temps passerait plus vite.

Il allait quitter l’hôpital quand une silhouette se dressa brusquement devant lui.

— Mister Linge ?

C’était l’ex-strip-teaseuse, Kareen Norwood, qui émergeait du bureau des admissions ! Les cheveux réunis en queue de cheval, vêtue d’un pull et d’un pantalon de lastex collant, pas maquillée, elle faisait très jeune. Elle avait une petite valise à ses pieds.

— Vous m’avez reconnu ? dit Malko, amusé et un peu surpris, bien qu’il connaisse la présence de Kareen Norwood au Georgetown Hospital.

— Bien sûr ! Vous étiez venu me voir ?

— Non, mais je vois que vous allez mieux.

— Heureusement ! fît-elle en riant. C’était surtout les saloperies de drogues que m’avaient fait prendre ces ordures de « latinos ». Déjà, je ne les aimais pas avant… Je ne suis pas près de retourner dans les Caraïbes.

— Je peux vous aider ? demanda Malko en lui prenant sa valise.

— Oh, je vais chez moi. Vous pourriez me déposer ?

— Si vous voulez, fit-il avec galanterie.

Milton veillait et il n’était pas à cinq minutes près.

— Tant mieux, j’économiserai un taxi… Il va falloir que je me remette au boulot… Je n’ai plus un dollar.

Elle s’installa dans la Pontiac toute neuve avec volupté, et soupira :

— Pauvre Paul, cela me fait un drôle d’effet de me dire qu’il est mort. Et que c’est un peu à cause de moi.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il avait besoin d’argent pour m’en donner, dit-elle avec simplicité. Et il n’en gagnait pas beaucoup. Mais jamais je n’aurais imaginé qu’il fasse un truc pareil. Il était devenu cinglé ou quoi…

Ils remontaient la 15e Rue à une allure d’escargot. À cette heure-là, la circulation dans Georgetown était une horreur, à cause des multiples « Stop » où les conducteurs semblaient s’endormir. Kareen Norwood lui glissa un coup d’oeil aguicheur.

— Vous restez encore à Washington longtemps ? Si vous avez un soir de libre, on pourrait dîner ensemble…

— Peut-être, dit Malko.

Dix minutes plus tard, ils stoppaient devant son perron dans la 31e Rue. Il lui monta sa valise et ils se retrouvèrent dans le petit hall qui sentait le renfermé. Kareen Norwood lui fit face avec un sourire désarmant.

— Je ne vous ai jamais remercié. Sans vous, ces salauds auraient fini par me tuer à force de baiser… Et vous avez fait cela en plus de votre boulot. C’est chouette…

— Je n’ai rien fait d’extraordinaire, dit Malko.

— Je n’ai pas grand-chose, fit-elle, mutine, je suis fauchée, il n’y a plus rien à boire ici et je sors de l’hôpital. Mais…

— Mais quoi ?

Elle fit un pas en avant, passa brusquement ses bras autour de Malko et se colla contre lui, de tout son corps.

— Si j’ai rendu fou Paul Kramer, c’est que je dois avoir quand même quelque chose, murmura-t-elle.

Effectivement, elle avait quelque chose… Le corps souple de Kareen l’embrasa d’un coup. Elle s’en rendit compte, et, presque sans bouger, à petits coups de langue savamment répartis dans les oreilles, sur la bouche, avec des mains qui semblaient être partout à la fois, et surtout grâce à son ventre qui semblait un animal doué d’une vie autonome, elle lui fit une brillante démonstration de séduction-express. Malko en avait le vertige et sentait tout son sang se précipiter vers son sexe. En venant voir Chris Jones, il ne s’était pas attendu à cela…

D’un geste précis, Kareen écarta les pans de sa chemise préalablement déboutonnée pour continuer avec ses dents et sa langue, tandis que ses mains s’activaient à libérer Malko.

Puis, d’un lent mouvement coulé, elle glissa à terre et le sexe de Malko se retrouva tout naturellement au fond de son gosier. Elle faisait preuve d’une technique digne de « Deep throat », l’engloutissant entièrement tout en utilisant sa langue d’une façon exquise. Et ses mains ne demeuraient pas inactives. À genoux devant lui sur la moquette élimée, sa tête montait et descendait à toute vitesse, ralentissant lorsqu’elle le sentait au bord de l’explosion, parfois les deux bras tendus vers le haut, afin d’agacer sa poitrine, frottant la sienne contre ses cuisses.

Un vrai cobra d’amour.

Malko sentit la sève monter de ses reins. Aussitôt, d’un coup de langue précis, Kareen lui bloqua son orgasme, en vraie professionnelle… Ce qui lui fit gagner quelques minutes de volupté… Quand enfin, il explosa, dans un tourbillon de coups de langue, il eut l’impression que Kareen allait chercher sa sève au fond de ses reins.

Elle s’écarta ensuite, le laissant cuver son plaisir et se redressa, avec un sourire innocent sur son visage lisse.

— Voilà, fît-elle fièrement, je vous ai donné ce que j’ai de meilleur ! J’ai toujours aimé ça. Quand j’avais dix ans, je m'entraînais avec mes copains en leur demandant un dollar. Bien sûr, il n’y avait pas grand-chose à en sortir, mais ils étaient vachement contents.

Malko avait repris une tenue décente. Elle se serra contre lui chastement cette fois.

— Vous pouvez revenir quand vous voulez, dit-elle. Avec moi, vous avez un sacré crédit. Vous êtes à quel hôtel ?

— Au Jefferson, fit Malko.

Kareen eut un gentil sourire.

— N’ayez pas peur, je ne vais pas débarquer. Je connais, ils sont pas gais… Il y avait un Sénateur qui me sautait de temps en temps. Il me déguisait en secrétaire, avec machine et tout, pour me faire entrer…

Il se retrouva dans la 31e Rue. Étourdi, rassasié et amer. Pauvre Paul Kramer… Mais sans Kareen Norwood, la CIA n’aurait jamais découvert la Taupe.

À quoi tiennent les choses. Il consulta sa Seiko-quartz : sept heures et demie. Jessica était sûrement rentrée et devait l’attendre avec Milton.

* * *

Dès que ses phares éclairèrent Milton Brabeck debout à côté de sa voiture, Malko sut qu’il y avait quelque chose d’anormal. La maison de Jessica Hayes était toujours plongée dans l’obscurité, contrairement à celles du voisinage.

Milton s’approcha :

— Toujours personne, annonça-t-il.

Malko sentit son estomac se nouer. Cela commençait à devenir bizarre. À cause de sa fille, Jessica menait une vie très régulière. Son regard se porta sur la porte du garage. Il fallait envisager toutes les hypothèses.

— Vous pouvez ouvrir le garage ? demanda-t-il.

— Sûr, fit Milton avec un sourire malin.

Il s’approcha du battant de bois, sortit de sa poche un petit outil, trafiqua quelques instants dans la serrure. Il y eut un claquement sec et la porte s’ouvrit. Par-dessus l’épaule du gorille Malko aperçut immédiatement la Volvo verte de Jessica Hayes. Un flot d’adrénaline se rua dans ses artères. Milton poussa une sorte de grognement :